Irma LeVasseur, 1877-1964
Généalogie, biographie et références

Plusieurs références externes sont disponibles en cliquant sur les textes en couleur.
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« Ce site Web est dédié aux infatigables généalogistes de notre association, Vincent Levasseur, fondateur de l’Association des Levasseur d’Amérique inc., et Joceline Levasseur (assistée de Gilles Carmel) qui a repris le travail entrepris par Vincent et qui continue ses recherches afin de valider et compléter nos bases de données. »


Depuis plus de deux décennies, l’Association des Levasseur d’Amérique inc. a entrepris plusieurs initiatives afin de faire reconnaître l’apport de la Dre Irma LeVasseur pour ses nombreuses contributions à la médecine au Canada français. Non seulement elle fut la première femme médecin canadienne-française, mais elle fut aussi l’instigatrice de la fondation des hôpitaux Sainte-Justine à Montréal et l’Enfant-Jésus à Québec; de plus, elle consacra plusieurs années au service des soldats canadiens durant la première guerre mondiale.

Anecdote : Irma LeVasseur a fait partie du comité organisateur d’un grand rassemblement des Levasseur à Sainte-Anne-de-Beaupré en 1957. À cette époque, elle demeurait au 85 rue de l’Artillerie, à Québec. Deux décennies plus tard, tout ce secteur sera anéanti pour permettre le réaménagement de la colline Parlementaire.

Illustration : Dre Irma LeVasseur – Acrylique sur toile (24″/61cm  x 36″/91cm ) – Copyright © 2011-2024 – Myrtha Pelletier- https://myrtha.ca – Reproduit avec permission.


L’Association des Levasseur d’Amérique inc est un organisme à but non-lucratif fondée en 1988. Pour maintenir nos opérations et poursuivre notre mission, votre support sera grandement apprécié. 

L’accès à notre site Web et à nos archives n’est pas payant, mais cela ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin du soutien de nos supporteurs. Merci de devenir membre ou contribuer au maintien de nos activités par un don.

Parmi nos principales actions que nous avons entreprises pour la reconnaissance de la Dre LeVasseur, notons : 

  • Eté 2005 : L’Association fait inscrire le nom de Irma LeVasseur sur le monument familial. Extrait d’un article de Mme Madeleine des Rivières adressé au journal « Le Soleil » de Québec. « Je tiens à signaler qu’au cours de l’été, à l’occasion d’un rassemblement amical, quelques membres de l’Association des Levasseur d’Amérique ont pris l’initiative de réparer une omission. Ils ont fait graver le nom du docteur Irma LeVasseur sur le monument familial, au cimetière Saint-Charles, à Québec. Merci à ces gens de coeur qui ont brisé l’anonymat de cette grande dame à qui nous avons un devoir de reconnaissance
  • Lors du grand rassemblement des familles Levasseur à Québec en août 2008, un des thèmes principaux de cette grande rencontre a été la conférence de madame Pauline Gill, auteure de romans historiques. Cette dernière a raconté la vie de la Docteure Irma LeVasseur. Madame Gill est alors nommée membre à vie de notre association.
  • Le 5 novembre 2009, les représentants de notre association, accompagnés de madame Pauline Gill, assistent à l’inauguration d’une œuvre d’art en l’honneur de la Docteure Irma LeVasseur par la Ville de Québec. Cette œuvre est intégrée dans une place sise à l’intersection du chemin de la Canardière et de l’entrée sud du site du CLSC et du Centre d’hébergement de Limoilou, tout près de l’actuel Hôpital l’Enfant-Jésus. Cet événement est relaté dans notre publication, Le Journal des Levasseur.
  • Mars 2009, un site Web est créé et dédié à la Dre Irma LeVasseur et une mise à jour majeure est faite en janvier 2024. Un nom de domaine spécifique est réservé spécifiquement pour ce site Web, soit https://irma.levasseur.org
  • Le 19 octobre 2011, notre président de l’époque, Roger Levasseur, fait une demande officielle à Postes-Canada pour l’émission d’un timbre à l’effigie de la Dre LeVasseur. Une pétition d’une cinquantaine de noms accompagne cette demande, en appui à cette requête.
  • Automne 2018 : Le monument funéraire de la famille de la docteure Irma LeVasseur commençait à se détériorer. Ce monument, situé dans le Cimetière Saint-Charles à Québec, avait besoin d’un bon nettoyage; les pots à fleurs devaient être recollés au bon endroit. L’Association des Levasseur d’Amérique a payé une entreprise spécialisée en monuments funéraires pour que ce monument puisse être réparé. Afin de parfaire la cure de rajeunissement, le nom de Paul, le frère de la docteure Irma, a été ajouté. Les inscriptions du monument ont aussi été repeintes.
  • Le 9 avril 2021, le président de notre association, Jean-Pierre Levasseur, adresse une lettre à la Direction des communications et du rayonnement CHU de Québec afin de nommer l’un des pavillons de nouveau Centre hospitalier de Québec au nom de la docteur Irma Levasseur. Extrait : « Nous croyons qu’il ne faudrait pas oublier qu’une grande femme originaire de Québec a milité dès les débuts pour mettre en place ce qui s’appelle encore aujourd’hui l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Nous croyons humblement qu’il serait opportun et juste de lui rendre hommage en choisissant de donner son nom à l’un des pavillons de ce bel ensemble hospitalier. ». Un accusé-réception a été fait et nous sommes en attente d’une décision à ce sujet.
  • Automne 2023 : Suite à l’heureuse initiative de monsieur Alex Levasseur, un monument est installé dans le Parc du Domaine-Etchemin à Lévis, afin de rendre hommage à Laurent LeVasseur, l’ancêtre de la Dre Irma.
  • Décembre 2023 : Nous informons nos membres de la publication d’un ouvrage majeur sous forme d’un roman historique sur une géante mal connue de notre société : Irma LeVasseur. Karine Gagnon, journaliste, auteure,  raconte cette épopée extraordinaire et méconnue dans son nouveau roman, « Irma s’en va-t-en guerre » . Un excellent roman historique sur une géante mal connue de notre société : Irma LeVasseur,
  • Hiver 2024 : Des recherches sont entreprises quant aux lieux toponymiques nommés en l’honneur de Irma LeVasseur. Ce document est diffusé et est disponible pour consultation.

Irma LeVasseur – Généalogie et extraits de registres


Ligne temporelle d’Irma LeVasseur, à travers différents registres


Nous retrouvons les documents suivants dans les archives (plusieurs sources proviennent de ancestry.ca) :

20 janvier 1877 : Extrait de naissance et de baptême – Paroisse St-Roch, Québec. Le parrain de Irma était William Venner, bourgeois de Québec et grand-père d’Irma, et la marraine, Philomène Langevin, son épouse.

1881 Recensement du Canada, district Jacques-Cartier (page 30). Dans la maison familiale : Zéphirin Levasseur (son grand-père) et sa famille, Nazaire (son père, 33 ans, employé), Paul (5 ans) et Irma (4 ans). Fédora Venner n’apparaît pas dans ce recensement, ni aux suivants.  

21 avril 1891 Recensement du Canada, district Jacques-Cartier (page 39). Maison familiale : On y recense ses grands-parents Zéphirin LeVasseur, 71 ans et Madeleine Langevin, son épouse, son père Nazaire LeVasseur, 43 ans, Paul, 15 ans et Irma, 13 ans. Dans ce recensement, Nazaire exerce le métier d’inspecteur de gaz. Paul est à l’époque étudiant au Séminaire de Québec.

Février 1896 : Liste nominative et liste de paie de la Milice volontaire canadienne – Irma Levasseur, alors employée des Forces Armées, salaire inscrit : 36,60 $, soit 12 heures @ 3,05$/hre (Paymaster Major – 9th Regiment, Voltigeurs de Québec)

1900 : Recensement de Minneapolis (Minneapolis Ward 2 (Minneapolis), Hennepin, Minnesota) : On y retrouve Irma, alors pensionnaire, tout près de l’Université de Minneapolis. Elle loge chez la famille Bowen, sur la Beacon St (transcription, documents. cartes 1, 2 et 3)

1901 Recensement du Canada, district Saint-Roch (page 5) Maison familiale : Son père, Nazaire (53 ans, employé, salaire annuel de 1 000$), Paul (26 ans, menuisier, revenu annuel de 600 $), et Irma (24 ans, médecin, revenu annuel de 800 $). La famille demeurait dans la résidence de son beau-frère, Zéphirin Giasson (43 ans, docteur), indiqué comme « Chef de famille ». Zéphirin est marié à Eugénie Antonia LeVasseur (43 ans), la tante de Paul. 

17 juin 1917 – Liste des passagers sur bateau arrivant à New-York en provenance de Bordeaux, France.

18 août 1957 – Irma LeVasseur, avec 15 autres personnes, participe à l’organisation de la « Réunion des Levasseur » à Sainte-Anne de Beaupré, le deuxième dimanche d’août 1957.


Ascendance d’Irma sur 8 générations
et autres références sur sa généalogie

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Irma LeVasseur est née le 20 janvier 1877 à Québec, Paroisse de St-Roch, QC. Elle était le quatrième enfant de Nazaire LeVasseur, né le 6 février 1848 et de Fédora Venner, née le 18 avril 1851. Elle avait quatre frères : William Paul Émile LeVasseur, né le 13 mars 1873, Henri Gustave LeVasseur, né le 8 avril 1874, Paul Eugène LeVasseur, né le 18 septembre 1875, Fernand Calixa LeVasseur, né le 2 avril 1879. Elle était âgée de 50 ans lorsque, le 8 novembre 1927, son père Nazaire LeVasseur est décédé. Elle était âgée de 65 ans lorsque, le environ 1942, sa mère Fédora Venner est décédée.

Le 18 janvier 1964, elle décède à Québec, QC alors qu’elle était âgée de 86 ans. Elle a été inhumée à Québec, au Cimetière Saint-Charles le 21 janvier 1964.

Nazaire LeVasseur (père de Irma) est né le 6 février 1848 à Québec, St-Roch, QC. Il était le troisième enfant de Zéphirin Levasseur, né le 12 mai 1820 et de Marie-Madeleine Langevin, née vers 1823. Il avait deux frères (Charles Narcisse Levasseur, né le 22 mars 1847, Théophile Levasseur, né le 14 octobre 1853) et trois sœurs (Marie-Adéline Levasseur, née le 3 mai 1845, Marie Arzilie Césarie Levasseur, née le 27 juin 1850, Eugénie Antonia Levasseur, née le 31 mars 1858). Il était âgé de 45 ans lorsque, le 28 octobre 1893, sa mère Marie-Madeleine Langevin est décédée.

Il était âgé de 52 ans lorsque son père Zéphirin Levasseur est décédé. Le 5 juin 1872, il s’est marié avec Fédora Venner 18 avril 1851 à Québec, St-Roch, QC. Il était âgé de 24 ans lorsqu’il se maria avec Fédora Venner qui était, elle, âgée de 21 ans à cette date. Il a eu cinq enfants avec Fédora Venner : William Paul Émile LeVasseur, né le 13 mars 1873,  Henri Gustave LeVasseur, né le 8 avril 1874, Paul Eugène LeVasseur, né le 18 septembre 1875, Irma LeVasseur, née le 20 janvier 1877, Fernand Calixa Levasseur, né le 2 avril 1879

Le 8 novembre 1927, il décède à Québec, QC alors qu’il était âgé de 79 ans. Il a été inhumé à Québec, Cimetière St-Charles, QC le 11 novembre 1927. Son épouse Fédora Venner est décédée le environ 1942, 15 ans après lui.

Zéphirin Levasseur (grand-père de Irma) est né le 12 mai 1820 à St-André, Kamouraska, QC. Il était le sixième enfant de Jean Levasseur 2 mai 1786 et de Charlotte Smith 29 décembre 1794. Il avait six frères (Narcisse Levasseur, né le 29 septembre 1813, Théophile Levasseur, né le 20 mars 1815, Louis Levasseur, né le 30 octobre 1818, Marcel Levasseur, né le 16 janvier 1822, Jean-Baptiste Levasseur, né le 14 août 1825, Jean Elie Levasseur, né le 27 mai 1829) et huit sœurs (Léocadie Levasseur, née le 18 mars 1816, Marie-Mathilde Levasseur, née le 17 avril 1817, Marie-Louise Levasseur, née le 22 septembre 1823, Lucie Levasseur, née le 21 juin 1827, Lucie Levasseur, née le 26 septembre 1830, Mathilde Levasseur, née le 19 juin 1832, Olympe Levasseur, née le 22 juillet1834, Virginie Levasseur, née le 30 décembre 1836).

Il était âgé de 34 ans lorsque, le 28 juin 1854, sa mère Charlotte Smith est décédée. Il était âgé de 38 ans lorsque son père Jean Levasseur est décédé. Le 11 juin 1844, il s’est marié avec Marie-Madeleine Langevin environ 1823 à Québec, (Notre-Dame-de-Québec), QC. Il était âgé de 24 ans lorsqu’il se maria avec Marie-Madeleine Langevin qui était, elle, âgée de 20 ans à cette date. Il a eu six enfants avec Marie-Madeleine Langevin : Marie-Adéline Levasseur, née le 3 mai 1845, Charles Narcisse Levasseur, né le 22 mars 1847, Nazaire Levasseur 6 février 1848, Marie Arzilie Césarie Levasseur, née le 27 juin 1850, Théophile Levasseur, né le 14 octobre 1853, Eugénie Antonia Levasseur, née le 31 mars 1858.

Le 10 janvier 1901, il décède à Québec, St-Roch, QC alors qu’il était âgé de 80 ans. Il a été inhumé à Québec, Paroisse St-Roch, QC le 11 janvier 1901. Son épouse Marie-Madeleine Langevin est décédée le 28 octobre 1893, 7 ans avant lui.

Jean Levasseur est né le 2 mai 1786 à Kamouraska, QC. Ses parents étaient Jean Levasseur 7 avril 1762 et Judith Roy\Desjardins 31 juillet 1766. Il avait sept frères (Pierre Levasseur, Benjamin Levasseur, né vers 1787, Alexandre Levasseur, né le 18 janvier 1793, Fabien Levasseur, né le 6 juillet 1798, Abraham Levasseur, né le 19 janvier 1802, Étienne Levasseur, né le 27 novembre 1808, Hilaire Levasseur, né le 20 avril 1812) et huit sœurs (Rosalie Levasseur, née le 14 juillet 1789, Judith Levasseur, née le 1er mai 1791, Thècle Levasseur, née le 6 janvier 1795, Marie-Esther Levasseur, née le 8 décembre 1796, Judith Levasseur, née le 20 avril 1800, Adélaïde Levasseur, née le 28 août 1803, Félicité Levasseur, née le 21 avril 1805, Marie-Scholastique Levasseur, née le 19 novembre 1806).

Il était âgé de 44 ans lorsque, le 21 octobre 1830, sa mère Judith Roy\Desjardins est décédée. Il était âgé de 50 ans lorsque son père Jean Levasseur est décédé.

Le 24 novembre 1812, il s’est marié avec Charlotte Smith 29 décembre 1794 à Kamouraska, QC. Il était âgé de 26 ans lorsqu’il se maria avec Charlotte Smith qui était, elle, âgée de 17 ans à cette date. Il a eu 15 enfants avec Charlotte Smith : Narcisse Levasseur, né le 29 septembre 1813, Théophile Levasseur, né le 20 mars 1815, Léocadie Levasseur, née le 18 mars 1816, Marie-Mathilde Levasseur, née le 17 avril 1817, Louis Levasseur, né le 30 octobre 1818, Zéphirin Levasseur, né le 12 mai 1820, Marcel Levasseur, né le 16 janvier 1822, Marie-Louise Levasseur, née le 22 septembre 1823, Jean-Baptiste Levasseur, né le 14 août 1825, Lucie Levasseur, née le 21 juin 1827, Jean Elie Levasseur, né le 27 mai 1829, Lucie Levasseur, née le 26 septembre 1830, Mathilde Levasseur, née le 19 juin 1832, Olympe Levasseur, née le 22 juillet 1834, Virginie Levasseur, née le 30 décembre 1836.

Le 30 novembre 1858, il décède à St-André, Kamouraska, QC alors qu’il était âgé de 72 ans. Il a été inhumé à St-André, Kamouraska, QC le 2 décembre 1858. Son épouse Charlotte Smith est décédée le 28 juin 1854, 4 ans avant lui.

Jean Levasseur est né le 7 avril 1762 à Kamouraska, QC. Il était le septième enfant de Jean-Timothée Levasseur, né vers 1716 et de Marie-Claire Nadeau, née 15 février 1730. Il avait sept frères (Jean-Baptiste Levasseur, né le 15 avril 1752, Joseph Levasseur, né le 2 mai 1753, Alexandre Levasseur, né le 13 novembre 1754, Jean Levasseur, né le 27 mars 1757, Étienne Levasseur, né le 17 mars 1764, Benjamin Levasseur, né le 30 décembre 1765, Pierre Levasseur, né le 10 octobre 1770) et trois sœurs (Marie-Judith Levasseur, née le 1er octobre 1758, Marie-Anne Levasseur, née le 28 septembre 1760, Marie-Euphrosine Levasseur, née le 12 mars 1769).

Il était âgé de 51 ans lorsque, le 5 février 1814, sa mère Marie-Claire Nadeau est décédée. Il était âgé de 54 ans lorsque son père Jean-Timothée Levasseur est décédé.

Le 4 avril 1785, il s’est marié avec Judith Roy\Desjardins 31 juillet 1766 à Kamouraska, QC. Il était âgé de 22 ans lorsqu’il se maria avec Judith Roy\Desjardins qui était, elle, âgée de 18 ans à cette date. Il a eu 16 enfants avec Judith Roy\Desjardins : Pierre Levasseur, Jean Levasseur, né le 2 mai 1786, Benjamin Levasseur, né vers 1787, Rosalie Levasseur, née le 14 juillet 1789, Judith Levasseur, née le 1er mai 1791, Alexandre Levasseur, né le 18 janvier 1793, Thècle Levasseur, né le  6 janvier 1795, Marie-Esther Levasseur, née le 8 décembre 1796, Fabien Levasseur, né le  6 juillet 1798, Judith Levasseur, née le 20 avril 1800, Abraham Levasseur, né le 19 janvier 1802, Adélaïde Levasseur, née le 28 août 1803, Félicité Levasseur, née le 21 avril 1805, Marie-Scholastique Levasseur, née le 19 novembre 1806, Étienne Levasseur, né le 27 novembre 1808, Hilaire Levasseur, né le 20 avril 1812.

Le 5 juin 1836, il décède à St-André, Kamouraska, QC alors qu’il était âgé de 74 ans. Il a été inhumé à St-André, Kamouraska, QC le 8 juin 1836. Son épouse Judith Roy\Desjardins est décédée le 21 octobre 1830, 6 ans avant lui.

Jean-Timothée Levasseur est né vers 1716. Il était le septième enfant de Pierre Levasseur, né le 2 janvier 1679, et d’Élisabeth Michaud, née le 10 novembre 1685. Jean-Timothée avait deux frères : Pierre Levasseur, né vers 1710 et Joseph Levasseur, né vers 1719; ainsi que huit sœurs : Marie-Anne Levasseur, née le 26 août 1704; Marie-Josephte Levasseur, née le 16 mai 1706; Geneviève Levasseur, née le 12 mai 1708; Marie-Rose Levasseur, née vers 1712; Marguerite Levasseur, née vers 1714; Marie-Claude Levasseur, née vers 1721; Élisabeth Levasseur, née vers 1722; Marie-Louise Levasseur, née 13 novembre 1729.

Jean-Timothée était âgé de 22 ans lorsque son père Pierre Levasseur est décédé. Il était âgé de 50 ans, lors du décès de sa mère Élisabeth Michaud, le 29 juillet 1766.

Le 17 janvier 1750, Jean-Timothée Levasseur s’est marié avec Marie-Claire Nadeau, née le 15 février 1730. Le lieu de naissance de cette dernière est inconnu. Il était âgé de 33 ans lors de son mariage; Marie-Claire était âgée de 19 ans. Le couple a eu onze enfants : Jean-Baptiste Levasseur, né 15 avril 1752; Joseph Levasseur, né le 2 mai 1753; Alexandre Levasseur, né le 13 novembre 1754; Jean Levasseur, né le 27 mars 1757; Marie-Judith Levasseur, née le 1er octobre 1758; Marie-Anne Levasseur, née le 28 septembre 1760; Jean Levasseur, né le 7 avril 1762; Étienne Levasseur, né le 17 mars 1764; Benjamin Levasseur, né le 30 décembre 1765; Marie-Euphrosine Levasseur, née le 12 mars 1769; Pierre Levasseur, né le 10 octobre 1770.

Le 25 juillet 1816, Jean-Timothée Levasseur décède à Kamouraska, QC, alors qu’il était âgé de 100 ans. Il a été inhumé à Kamouraska, QC, le 27 juillet 1816. Son épouse Marie-Claire Nadeau est décédée le 5 février 1814, 2 ans avant lui.

Pierre Levasseur est né le 2 janvier 1679 à Lauzon, aujourd’hui faisant partie de la ville de Lévis, QC. Il était le septième enfant de Laurent Levasseur, né vers 1648 et de Marie Marchand, née vers 1651. Il avait sept frères : un frère mort à la naissance le 7 juin 1673; Laurent Levasseur, né le 29 mai 1674; Laurent Levasseur, né le 22 mai 1675; Geneviève Angélique Levasseur, née le 20 février 1681; Jean-Baptiste Levasseur, né le 10 juin 1682; Louis Levasseur, né le 4 septembre 1687; Jean-Baptiste Levasseur, né le 11 mai 1695; ainsi que six sœurs : Marie-Françoise Levasseur, née le 30 mars 1671; Marie-Claude Levasseur, née le 3 mars 1672; Geneviève Levasseur, née le 13 mars 1677; Marie Levasseur, née le 21 janvier 1686; Marie-Françoise Claire Levasseur, née le 26 novembre 1691; Marie-Renée Levasseur, née 21 février 1694.

Pierre Levasseur était âgé de 37 ans lorsque sa mère Marie Marchand est décédée avant le 4 mai 1716. Il était âgé de 47 ans, lors du décès de son père Laurent Levasseur survenu le 26 octobre 1738.

Le 8 mai 1703, Pierre Levasseur s’est marié avec Élisabeth Michaud le 10 novembre 1685 à Rivière-Ouelle, comté de Kamouraska, QC. Il était âgé de 24 ans et Élisabeth Michaud avait 17 ans. Le couple a eu onze enfants : Marie-Anne Levasseur, née le 26 août 1704; Marie-Josephte Levasseur, née le 16 mai 1706; Geneviève Levasseur, née 12 mai 1708; Pierre Levasseur, né vers 1710; Marie-Rose Levasseur, née vers 1712; Marguerite Levasseur, née vers 1714; Jean-Timothée Levasseur, né vers 1716; Joseph Levasseur, né vers 1719; Marie-Claude Levasseur, née vers 1721; Élisabeth Levasseur, née vers 1722; Marie-Louise Levasseur, née le 13 novembre 1729.

Le 26 octobre 1738, Pierre Levasseur décède à Kamouraska, QC alors qu’il était âgé de 59 ans. Il a été inhumé à Kamouraska, QC, le 27 octobre 1738. Son épouse Élisabeth Michaud est décédée le 29 juillet 1766, 28 ans après lui.

Laurent Levasseur est né vers 1648, en France. Il était le premier enfant de Jean Levasseur et de Marguerite (nom de famille omis).

Le 30 avril 1670, il s’est marié avec Marie Marchand vers 1651 à Québec, QC. Il était âgé de 21 ans, tandis que Marie Marchand était âgée de 18 ans. Le couple a eu 14 enfants : Marie-Françoise Levasseur, née le 30 mars 1671; Marie-Claude Levasseur, née le 3 mars 1672; un enfant mort à la naissance Levasseur, né le 7 juin 1673; Laurent Levasseur, né le 29 mai 1674; Laurent Levasseur, né le 22 mai 1675; Geneviève Levasseur, née le 13 mars 1677; Pierre Levasseur, né le 2 janvier 1679; Geneviève Angélique Levasseur, née le 20 février 1681; Jean-Baptiste Levasseur, né le 10 juin 1682; Marie Levasseur, née le 21 janvier 1686; Louis Levasseur, né le 4 septembre 1687; Marie-Françoise Claire Levasseur, née le 26 novembre 1691; Marie-Renée Levasseur, née le 21 février 1694; Jean-Baptiste Levasseur, né le 11 mai 1695.

Le 26 décembre 1726, Laurent Levasseur décède à Québec, QC alors qu’il était âgé de 78 ans. Il a été inhumé à Québec, QC, le 27 décembre 1726. Son épouse Marie Marchand est décédée avant le 4 mai 1716, 11 ans avant lui.


Le patrimoine génétique (ADN) de la branche paternelle de Irma LeVasseur


Qui étaient nos ancêtres ? D’où venons- nous ? La plupart des gens ne peuvent remonter qu’à trois ou quatre générations dans leur arbre généalogique. Grâce à l’analyse de l’hérédité, il est cependant possible de jeter un coup d’oeil plusieurs milliers d’années en arrière.

Les descendants de Laurent (dont Nazaire Levasseur, père de Irma) sont de l’haplogroupe R. Ils sont plus précisément R1B1B2a1b5 (L21).  Ce groupe est aussi commun en Allemagne (région de Saxe) et en Scandinavie, mais rare chez les Ibères et en Italie. Le plus ancien individu identifié comme porteur de l’haplogroupe R était un chasseur-cueilleur du Paléolithique qui vivait il y a environ 24 000 ans dans la région de l’Altaï en Sibérie1. Ce qui suggérerait que cet haplogroupe paternel serait originaire du sud de la Sibérie ou d’Asie centrale.

L’Anse Levasseur au Nunavut, en l’honneur de Paul LeVasseur,
frère de Irma LeVasseur


L’Anse Levasseur (Levasseur Inlet) a été nommée en l’honneur de l’un de ses officiers, Paul LeVasseur. Ce dernier était le frère de la Dre Irma LeVasseur. Aucun des enfants de Nazaire LeVasseur et Fédora Venner n’eurent de descendance.


Levasseur Inlet (72°35′N 085°35′W) est un plan d’eau dans la région de Qikiqtaaluk au Nunavut. Il se trouve du côté est de l’Amirauté dans la péninsule de Borden de l’île de Baffin. Cet endroit a été désigné par le capitaine Jules Bernier, du nom de l’un des officiers du capitaine Jules Bernier, Paul LeVasseur (fils de Nazaire et Fedora Venner et frère de Irma LeVasseur).

« En août 1906, le capitaine Bernier atteint l’île Melville, d’où il prend possession de l’archipel arctique. À l’occasion de ses relevés cartographiques, il baptise les lieux explorés du nom de ses officiers ou de ceux qui soutiennent ses projets. C’est ainsi que le Nord compte une péninsule Brodeur, une baie Vanasse, une anse Levasseur, une anse Moffet, une anse Prud’homme, etc… »(1)

Un peu d’histoire

Le capitaine Jules Bernier (2) était un explorateur québécois qui a navigué et exploré l’Arctique à plusieurs reprises. Ses voyages ont eu lieu entre 1899 et 1925, couvrant des régions allant de la côte russe aux îles Aléoutiennes en Alaska. Il a également étudié le brouillard arctique, les courants marins et les conditions météorologiques dans la région. Pendant ses voyages, il a observé des mammifères marins comme les phoques, les baleines grises et les orques blanches. Bernier était connu pour sa capacité à maintenir une discipline stricte à bord de son navire tout en veillant sur le moral de l’équipage. Sa curiosité scientifique débordante faisait qu’il se rendait souvent très loin au nord afin d’explorer des endroits où peu ou pas d’autres navigateurs avaient mis le pied précédemment. Son travail est considérablement apprécié par ceux qui explorent encore aujourd’hui l’Arctique car il est responsable de nombreuses cartes détaillées qui facilitent grandement la navigation dans cette partie du monde.

Biographie Paul LeVasseur (3)

Paul Eugène LeVasseur est né le 18 septembre 1875 à Québec, dans le quartier St-Roch. Il était le troisième enfant de Nazaire LeVasseur (né 6 février 1848) et de Fédora Venner (née le 18 avril 1851). Il avait une sœur (Irma Levasseur née 20 janvier 1877) et trois frères : William Paul Émile LeVasseur (13 mars 1873), Jules Henri Gustave LeVasseur (né 8 avril 1874), Fernand Calixa LeVasseur (né 2 avril 1879). Ses trois frères sont décédés en bas âge. En 1921, Paul LeVasseur est recensé à Halifax, Nouvelle-Écosse. Il loge chez Helen Wright, 67 ans. Celle-ci est veuve. Il était âgé de 52 ans lorsque son père Nazaire LeVasseur, décède. Le 23 mai 1956, Paul décède à Québec, alors qu’il était âgé de 80 ans. Il a été inhumé dans cette ville, au Cimetière Saint-Charles le 25 mai 1956.


Ligne temporelle de Paul LeVasseur (4)

Paul Eugène LeVasseur est né le 18 septembre 1875 à Québec, dans le quartier St-Roch. Il était était le troisième enfant de Nazaire LeVasseur (né 6 février 1848) et de Fédora Venner(5) (née le 18 avril 1851). Il avait une sœur (Irma Levasseur et trois frères : William Paul Émile LeVasseur (13 mars 1873), Jules Henri Gustave LeVasseur (né 8 avril 1874), Fernand Calixa LeVasseur (né 2 avril 1879). Ses trois frères sont décédés en bas âge. Il était âgé de 52 ans lorsque son père Nazaire LeVasseur est décédé. Le 23 mai 1956, Paul décède à Québec, alors qu’il était âgé de 80 ans. Il a été inhumé dans cette ville, au cimetière Saint-Charles, le 25 mai 1956.

Nous retrouvons les documents suivants dans les archives :

1881 Recensement du Canada, district Jacques-Cartier (page 30) (6)

Maison familiale : Zéphirin Levasseur (son grand-père) et sa famille, Nazaire (son père, 33 ans, employé), Paul (5 ans) et Irma (4 ans). Fédora Venner n’apparaît pas dans ce recensement, ni aux suivants.

21 avril 1891 Recensement du Canada, district Jacques-Cartier (page 39) (7)

Maison familiale : On y recense ses grands-parents Zéphirin LeVasseur, 71 ans et Madeleine Langevin, son épouse, son père Nazaire LeVasseur, 43 ans, Paul, 15 ans et Irma, 13 ans. Dans ce recensement, Nazaire exerce le métier d’inspecteur de gaz. Paul est à l’époque étudiant au Séminaire de Québec.

1901 Recensement du Canada, district Saint-Roch (page 5) (8)

Maison familiale : Son père, Nazaire (53 ans, employé, salaire annuel de 1 000$), Paul (26 ans. menuisier, revenu annuel de 600 $), et Irma (24 ans, médecin, revenu annuel de 800 $). La famille demeurait dans la résidence de son beau-frère, Zéphirin Giasson (43 ans, docteur), indiqué comme « Chef de famille ». Zéphirin est marié à Eugénie Antonia LeVasseur (43 ans), la tante de Paul.

De 1908 à 1911

Sous la recommandation de son père auprès du capitaine Bernier, Paul est engagé comme officier et participe aux  expéditions de ce dernier dans l’Arctique canadien.

22 décembre 1915 – Certificat d’engagement outre-mer (9)

Nous retrouvons un certificat d’engagement pour les Forces Armées et son dossier militaire. Ce document nous fournit plusieurs renseignements inédits. Paul demeure au Neptune Hill Hotel. Le père de Paul, le major Nazaire LeVasseur, demeure au 38 rue St-Louis dans la ville de Québec. Comme métier, Paul déclare être pianiste (ses parents sont à l’époque liés au domaine de la musique). Il indique avoir été capitaine auparavant dans les Forces Armées.

1921 Recensement du Canada, Halifax, Nouvelle-Écosse (page 3) (10)

Paul LeVasseur est recensé à Halifax, Nouvelle-Écosse (11). Il loge chez Helen Wright, veuve, 67 ans, au 1019 Barrington St., Halifax (12). Il est fort probablement employé de la Marine canadienne à cette époque.


Groupe de femmes inuites et deux membres de l’équipage du C.G.S. ARCTIC, Pond Inlet, T.N.-O. [(Mittimatalik/Tununiq), Nunavut],
26 avril 1907 Credit: Paul LeVasseur / Library and Archives Canada / PA-165743


Ont participé à cet article : Jean-Pierre Levasseur (recherches, textes et montage), Huguette Levasseur (revue des textes), Joceline Levasseur (revue du contenu généalogique) et Pierre LeVasseur (traduction).

  1. https://crc-canada.net/nationalisme-canadien-francais/capitaine-j-e-bernier.html
  2. Voir le site Web du Musée Maritime Bernier : https://www.mmq.qc.ca/
  3. Base de données – Association des Levasseur d’Amérique inc : https://www.levasseur.org/tng
  4. Plusieurs renseignements d’archives proviennent du site ancestry.ca
  5. Voir un extrait du roman de Pauline Gill sur Fédora (Phédora) Venner : https://excerpts.numilog.com/books/9782764405314.pdf
  6. https://www.levasseur.org/capsules/annexes/202401/pl_1881.pdf
  7. https://www.levasseur.org/capsules/annexes/202401/pl_1891.pdf
  8. https://www.levasseur.org/capsules/annexes/202401/pl_1901.pdf
  9. https://www.levasseur.org/capsules/annexes/202401/pl_1915.pdf
  10. https://www.levasseur.org/capsules/annexes/202401/pl_1921.pdf
  11. https://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-guerre-mondiale/dossiers-personnel/Pages/item.aspx?IdNumber=527056
  12. https://maps.app.goo.gl/uG7adps5fCNzx4Ni9

Nazaire Levasseur, homme aux mille talents

par : Pierre Levasseur


Né le 6 février 1848, Nazaire, descendant de la branche de Laurent, était un homme éduqué. Très jeune, il s’intéresse à la musique, une passion qui durera toute sa vie. Ceci n’a rien de surprenant car la résidence de la famille Levasseur a servi pendant plusieurs années de lieu de rendez-vous d’intellectuels et d’artistes. L’un d’eux fut Antoine Dessane, pianiste, compositeur et compagnon de Jacques Offenbach. Nazaire, dès l’âge de six ans, apprend le piano, l’orgue et la flûte sous Dessane. ll pratique aussi le violon.

Nazaire fait des études en médecine à l’Université Laval tout en poursuivant ses études classiques au Petit séminaire de Québec. Malheureusement, à la suite d’un revers de fortune de son père Zéphirin, il ne peut poursuivre ses études médicales. ll entre donc comme journaliste-reporter au journal L’Evénement qu’assistant-rédacteur, puis rédacteur en chef jusqu’en 1879.

Nazaire a participé avec Antoine Dessane à la fondation de la Société Musicale Sainte-Cécile en 1868. Il en devient le sous-directeur et à la suite de la mort de Dessane, le directeur de 1873 à 1885 . Il lui succède aussi aux orgues de Saint-Roch jusqu’en 1881. En 1871, il devient l’un des membres fondateurs du Septuor Haydn. Il joint comme second violon, en devient le secrétaire et enfin le président. À l’occasion Fédora Venner, celle qu’il épouse le 5 juin 1872, se joint au groupe comme cantatrice. Leur fille lrma deviendra la première femme-médecin francophone au Québec.

En 1880, il devient directeur du Quatuor vocal succédant à Calixa Lavallée. Cette année-là, un comité est mis sur pied par la Société Saint-Jean-Baptiste afin de faire le choix d’un hymne national du Canada. Nazaire accepte la fonction de secrétaire du comité. L’histoire de la conception de l’hymne et de la création du comité est décrite par Nazaire lui-même dans La Presse de Montréal du 11 décembre 1920.  Il était alors l’un des trois survivants témoins de la naissance du chant patriotique.

Le public demandait un hymne national. Le juge A.-B. Routhier prit sa plume et écrit les mots du “0 Canada“. À cette époque le lieutenant-gouverneur de la province de Québec, l’Honorable Théodore Robitaille s’intéressait à la question d’un hymne national. Un soir, tenant d’une main la poésie du juge Routhier, il pria Lavallée de vouloir bien en écrire la musique.

Lavallée se met à l’oeuvre. Après plusieurs séances en compagnie d’Arthur Lavigne, Jéhin-Prume et parfois de Nazaire Levasseur, le comité de musique de la Société Saint-Jean-Baptiste veut lui donner un contexte officiel. Nazaire communique à Lavallée le désir du comité qui en reçoit « officiellement » l’acceptation de bien vouloir composer un hymne national.

Nazaire est donc témoin d’un événement historique. Le « O Canada » est joué publiquement pour la première fois par le Quatuor vocal de Québec le 24 juin 1880 sur les Plaines d’Abraham. Nazaire était probablement présent. Fait à noter: Nazaire et Calixa Lavallée sont devenus de si bons amis que Lavallée devint le parrain de Fernand, le fils de Nazaire.

En 1885, le Métis Louis Riel est au centre de la rébellion du Nord-Ouest. Nazaire participe à cette campagne alors qu’il était capitaine dans le 9e Régiment des Voltigeurs de Québec. À son retour. il est promu major. De plus. il sera l’un des premiers à faire la paix avec les Métis et apprend leur langue.

Nazaire est aussi conseiller d’hommes d’Ètat. En 1877, Wilfrid Laurier, 36 ans, leader du parti Libéral du Québec, se présente au fédéral et est battu dans Drummond-Arthabaska. Jugeant que Laurier est un politicien honnête, dont le Canada a besoin, il organise une délégation sous le patronage de L’Evénement pour lui offrir le comté de Québec-Est. Laurier devient plus tard le septième premier ministre du Canada (1896 à 1911) et le premier francophone à occuper ce poste.

Ce geste lui vaut une récompense de ses amis politiques: la fonction d’inspecteur du gaz et de la lumière, poste qu’il occupe pendant de nombreuses années. Diverses républiques lui confèrent le titre de consul de leur pays : le Brésil, le Guatemala, le Nicaragua et le Chili pour en nommer quelques-uns.

Nazaire devient en 1894 le premier rédacteur du journal La Semaine Commerciale. Il aide à fonder la Société de géographie de Québec en 1880 et écrit des articles sur l’histoire et la géographie dans son bulletin de 1884 à 1913. il devient assistant secrétaire-archiviste de cette société en 1880, vice-président en 1889 et président honoraire en 1897. Il fait partie de plusieurs études géographiques pour la société; la première sur le lac Winnipeg en 1884 et sur le bassin du fleuve Mackenzie en 1919 dont il reçoit des éloges des géographes européens. Il encourage Joseph Bernier à explorer l’Arctique.

Nazaire a écrit aux moins trois livres: Têtes et figures (Québec, 1920), Réminiscences d’antan : Québec il y a 70 ans (Québec, 1926) et Histoire de la musique de Québec. Il a aussi écrit des centaines d’articles dans le journal L’Événement de 1869 à 1879. Dans la revue La Musique, il écrit de 1919 à 1922 des chroniques mensuelles sous la rubrique de « Musique et musiciens à Québec : Souvenirs d’un amateur ».

De plus. il s’adonne à la composition d’oeuvres musicales : Aurora Snow Shoe Club (1884), Le Jour de l’An (1887), On me disait (1887), Chanson à Flora ; chanson contre Crémazie, Chant patriotique (1862), La chanson de la Saint-Jean-Baptiste et Chanson du Jour de l’An 1866. Il compose une orchestration de romance pour quintette à cordes, une marche militaire ainsi que plusieurs autres. Nazaire s’éteint le 8 novembre 1927. Ses deux enfants devenus adultes, Paul et Irma, n’ont laissé aucune descendance.

Références: Germain, Robert, Sur tous les claviers… Louis-Nazaire Levasseur, Cap-aux-Diamants, Volume 5, No 2, Été 1989. Mulvaney, Charles Pelham, The North-West Rebellion of 1885, Toronto, 1885. Encyclopédie de la musique au Canada.


Pauline Gill, romancière
Auteure de romans historiques sur Irma LeVasseur


Pauline Gill est originaire du Bas-Saint-Laurent. Elle a résidé pendant trente-trois ans à Longueuil avant de s’établir à Varennes en 2006. Elle a œuvré dans le monde de l’enseignement aux niveaux primaire, secondaire et collégial avant de se consacrer entièrement à l’écriture et à la recherche, et cela à partir de 1990. Elle a été chargée de cours au collège Marie-Victorin, de 1988 à 1998 : en sociologie, en gérontologie et en histoire du Québec.

Au Québec, dans les premières décennies du XXe siècle, les bébés mouraient comme des mouches. Un nouveau-né sur quatre ne survivait pas plus de douze mois. Ce constat alarmant suscitera chez Irma LeVasseur le combat de sa vie : arracher nos enfants à la mort. Pour devenir médecin, elle n’hésita pas à quitter Québec, sa ville natale, pour obtenir un doctorat en médecine à l’Université Saint-Paul, au Minnesota. À l’été 1900, après six ans d’études et de stage, Irma LeVasseur revenait avec la ferme intention d’ouvrir un hôpital qui dispenserait des soins gratuits aux enfants de tout âge. Ainsi assistons-nous en 1907 à la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine, et en 1923 à celle de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.

Présenté par La Fondation Lionel-Groulx : Figures marquantes de notre histoire : Irma LeVasseur et les premières femmes médecins – Conférence Mme Pauline Gill, le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque : https://youtu.be/MSX3iRYLBis


Irma LeVasseur et les premières femmes médecins

Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque.
Invitée : Pauline Gill, romancière.


Irma LeVasseur, 1877-1964

Texte de la conférence de Mme Pauline Gill – Source : Fondation Lionel-Groulx

Irma est née dans le quartier Saint-Roch à Québec, le 20 janvier 1877. Sa mère, cantatrice Phédora Venner, donnait des concerts à Québec, avant de quitter le Canada pour faire carrière à New York, alors que sa fille n’avait qu’une dizaine d’années. Irma a cherché à la retrouver toute sa vie. Privée de sa mère en jeune âge elle a sublimé son instinct maternel au service des enfants malades. Son grand-père maternel, William Venner, était banquier, britannique et de religion anglicane. Faute d’argent, le père d’Irma, Louis-Nazaire LeVasseur, avait dû abandonner ses études en médecine après la troisième année.

Puis il a fait la connaissance de sa future épouse lors d’un concert donné par le septuor Haydn dont il était le co-fondateur, et Phédora, la cantatrice soliste. Six mois plus tard, soit en juin 1872, au grand dam de sir William Venner, Nazaire, âgé de vingt-huit ans épousait la jeune Phédora Venner, de sept ans sa cadette. Polyglotte, il fut le premier reporter à L’Événement alors qu’il n’avait que dix-neuf ans. Il était musicien, journaliste, géographe et fut promu major au 9° Bataillon des Voltigeurs. De plus, il fut nommé consul des Républiques sud-africaines, du Nicaragua et du Brésil de 1898 à 1913. Un seul des trois frères d’Irma atteignit l’âge adulte, Paul-Eugène, vivant avec une dysfonction comportementale.

Note : développez les sections suivantes pour le contenu


NOTE : Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Invitée : Pauline Gill, romancière. Source : https://fondationlionelgroulx.org/sites/default/files/documents/151103-Conference-Figures-marquantes-Irma-LeVasseur-et-les-premieres-femmes-medecins.pdf

À compter de 1884, Irma LeVasseur poursuivit ses études à Québec, au Couvent de Jésus- Marie de Sillery puis à l’École normale de l’Université Laval, tout en cherchant une institution qui lui permettrait d’acquérir une formation médicale complète. En 1893, les portes des universités canadiennes étaient fermées aux femmes. Faut-il préciser que depuis 1866, les femmes, au même titre que les criminels et idiots, n’étaient pas reconnues comme « personnes » par le nouveau code civil. À cette époque, un grand nombre d’hôpitaux refusaient leur présence dans les salles d’opération et de dissection.

Un journal de Kingston publie, en 1883, un extrait de l’ouvrage de Carlotta Hackers, The Indomitable Lady Doctors : « Peut-on imaginer exposer à tous les regards un corps nu admirable que depuis toujours la modestie nous presse de voiler discrètement ? De quel droit oserait-on discuter ouvertement des mystères du corps féminin en présence de jeunes gens et de jeunes filles ? Quoi de plus choquant, de plus disgracieux, voire de plus dégradant ? »

En avril 1921, Louis-Alexandre Taschereau, de dix ans l’aîné d’Irma, futur Premier Ministre du Québec, écrivait dans la Bonne Parole, IX-5, en réponse aux féministes qui réclament le droit de vote : « […] les mérites de la femme sont comme des salades qui, pour rester blanches, doivent se conserver dans l’obscurité. »

La jeune Irma se tourna vers le Bishop’s College de Montréal, institué par une charte royale en 1853 et affilié à l’Université d’Oxford et à l’Université de Cambridge. Cette institution avait d’abord porté le nom University of Bishop’s College et elle dispensait des formations en médecine, entre autres. L’enseignement avait débuté en 1845 et les premiers grades furent décernés en 1854. Dans la tradition des « humanités » anglo-saxonnes, l’université ne concernait que des premiers cycles. Mais, dans cette institution, l’enseignement clinique laissait à désirer.

La formation théorique ne permettait pas à elle seule la pratique médicale car des stages en milieu hospitalier s’avéraient obligatoires pour obtenir la licence de pratique du Collège des médecins.

Irma aurait pu faire des études médicales à Toronto ou à Kingston, aux Women’s Medical Colleges fondés en 1883 mais ces collèges ne furent amalgamés à l’Université de Toronto qu’en 1894. Comme aucune institution francophone ne lui offrait une formation complète en médecine et que l’urgence d’arracher des enfants à la mort la hantait depuis le décès de ses deux petits frères en bas âge, elle choisit de s’exiler pour réaliser son rêve.

Faut-il rappeler qu’aux États-Unis, les universités pour femmes ont été fondées au début du XIXe siècle, en réponse à un besoin d’éducation supérieure pour les femmes à une époque où elles n’étaient pas admises dans la plupart des établissements adéquats. L’Oberlin College est la première institution d’enseignement supérieur américaine à admettre des étudiants de sexe féminin (1837) et afro-américains (1835).

La fin du XIXe siècle aux États-Unis est marquée par l’importance accrue des établissements pour femmes, laquelle a engendré des emplois scientifiques pour les femmes ainsi que davantage de possibilités d’éducation. Par exemple, en 1880, l’astronome américaine Annie Jump Cannon put faire ses études au Wellesley College, Massachusetts, un des meilleurs établissements pour femmes du pays. Par contre, au Québec, les institutions d’enseignement supérieur pour femmes ne sont pas subventionnées, contrairement à celles dédiées aux garçons. Le judéo-christianisme aurait influencé les mentalités à l’avantage du sexe masculin. Monseigneur Louis-Adolphe Paquet, maître à penser de notre épiscopat québécois, claironnait en 1918, dans le Canada Français, que Saint Thomas avait raison d’attribuer à l’homme un intellect plus puissant. La même année, Laurent-Olivier David, sénateur et Chevalier de la Légion d’honneur, entérinait en recommandant de laisser nos «pauvres jeunes filles de 21 ans à leur piano, à leur broderie ou à leur dentelle, et surtout aux occupations qui les prépareront à devenir de bonnes et pratiques ménagères. »

NOTE : Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Invitée : Pauline Gill, romancière. Source : https://fondationlionelgroulx.org/sites/default/files/documents/151103-Conference-Figures-marquantes-Irma-LeVasseur-et-les-premieres-femmes-medecins.pdf

Irma LeVasseur dut donc s’exiler aux États-Unis. Elle fut admise à l’Université Saint-Paul Minneapolis des Pères Sainte-Croix, au Minnesota, ville où demeurait un ami de son père, le Dr Canac-Marquis, lequel offrit une pension gratuite à Mlle LeVasseur. Anecdote : pour souligner l’anniversaire du fils du docteur, un grand dîner fut organisé, après lequel Irma, fidèle fille d’une mère cantatrice et d’un père musicien, interpréta de ses pièces favorites au piano et accompagna les chanteuses invitées.

Pendant sa formation universitaire, Irma découvrit le travail d’une femme exceptionnelle qui avait fondé à New York, en 1874, la première clinique pour femmes et enfants et qui reçut le prestigieux prix Boylston de Harvard en 1876. Il s’agissait de la Dre Mary Putnam Jacobi, militante, suffragette et l’auteure de plusieurs études soumises au programme. Cette femme fut la première admise à la faculté de médecine de Paris. Mis à part son livre titré Hysteria and Brain Tumor, ses études portaient principalement sur la médecine infantile et sur les « Women in Medicine ». Affectée au St. Mark’s Hospital, on lui reproche de prétendre avoir les mêmes droits que ses confrères médecins.

Irma put bénéficier de son savoir et de son expérience en tant que stagiaire dans différents hôpitaux de New York. La passion de la Dre Putnam Jacobi pour la santé des femmes et des enfants inspira fortement la carrière d’Irma.

NOTE : Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Invitée : Pauline Gill, romancière. Source : https://fondationlionelgroulx.org/sites/default/files/documents/151103-Conference-Figures-marquantes-Irma-LeVasseur-et-les-premieres-femmes-medecins.pdf

À compter de 1884, Irma LeVasseur poursuivit ses études à Québec, au Couvent de Jésus- Marie de Sillery puis à l’École normale de l’Université Laval, tout en cherchant une institution qui lui permettrait d’acquérir une formation médicale complète. En 1893, les portes des universités canadiennes étaient fermées aux femmes. Faut-il préciser que depuis 1866, les femmes, au même titre que les criminels et idiots, n’étaient pas reconnues comme « personnes » par le nouveau code civil. À cette époque, un grand nombre d’hôpitaux refusaient leur présence dans les salles d’opération et de dissection.

Un journal de Kingston publie, en 1883, un extrait de l’ouvrage de Carlotta Hackers, The Indomitable Lady Doctors : « Peut-on imaginer exposer à tous les regards un corps nu admirable que depuis toujours la modestie nous presse de voiler discrètement ? De quel droit oserait-on discuter ouvertement des mystères du corps féminin en présence de jeunes gens et de jeunes filles ? Quoi de plus choquant, de plus disgracieux, voire de plus dégradant ? »

En avril 1921, Louis-Alexandre Taschereau, de dix ans l’aîné d’Irma, futur Premier Ministre du Québec, écrivait dans la Bonne Parole, IX-5, en réponse aux féministes qui réclament le droit de vote : « […] les mérites de la femme sont comme des salades qui, pour rester blanches, doivent se conserver dans l’obscurité. »

La jeune Irma se tourna vers le Bishop’s College de Montréal, institué par une charte royale en 1853 et affilié à l’Université d’Oxford et à l’Université de Cambridge. Cette institution avait d’abord porté le nom University of Bishop’s College et elle dispensait des formations en médecine, entre autres. L’enseignement avait débuté en 1845 et les premiers grades furent décernés en 1854. Dans la tradition des « humanités » anglo-saxonnes, l’université ne concernait que des premiers cycles. Mais, dans cette institution, l’enseignement clinique laissait à désirer.

La formation théorique ne permettait pas à elle seule la pratique médicale car des stages en milieu hospitalier s’avéraient obligatoires pour obtenir la licence de pratique du Collège des médecins.

Irma aurait pu faire des études médicales à Toronto ou à Kingston, aux Women’s Medical Colleges fondés en 1883 mais ces collèges ne furent amalgamés à l’Université de Toronto qu’en 1894. Comme aucune institution francophone ne lui offrait une formation complète en médecine et que l’urgence d’arracher des enfants à la mort la hantait depuis le décès de ses deux petits frères en bas âge, elle choisit de s’exiler pour réaliser son rêve.

Faut-il rappeler qu’aux États-Unis, les universités pour femmes ont été fondées au début du XIXe siècle, en réponse à un besoin d’éducation supérieure pour les femmes à une époque où elles n’étaient pas admises dans la plupart des établissements adéquats. L’Oberlin College est la première institution d’enseignement supérieur américaine à admettre des étudiants de sexe féminin (1837) et afro-américains (1835).

La fin du XIXe siècle aux États-Unis est marquée par l’importance accrue des établissements pour femmes, laquelle a engendré des emplois scientifiques pour les femmes ainsi que davantage de possibilités d’éducation. Par exemple, en 1880, l’astronome américaine Annie Jump Cannon put faire ses études au Wellesley College, Massachusetts, un des meilleurs établissements pour femmes du pays. Par contre, au Québec, les institutions d’enseignement supérieur pour femmes ne sont pas subventionnées, contrairement à celles dédiées aux garçons. Le judéo-christianisme aurait influencé les mentalités à l’avantage du sexe masculin. Monseigneur Louis-Adolphe Paquet, maître à penser de notre épiscopat québécois, claironnait en 1918, dans le Canada Français, que Saint Thomas avait raison d’attribuer à l’homme un intellect plus puissant. La même année, Laurent-Olivier David, sénateur et Chevalier de la Légion d’honneur, entérinait en recommandant de laisser nos « pauvres jeunes filles de 21 ans à leur piano, à leur broderie ou à leur dentelle, et surtout aux occupations qui les prépareront à devenir de bonnes et pratiques ménagères. »

Irma LeVasseur dut donc s’exiler aux États-Unis. Elle fut admise à l’Université Saint-Paul Minneapolis des Pères Sainte-Croix, au Minnesota, ville où demeurait un ami de son père, le Dr Canac-Marquis, lequel offrit une pension gratuite à Mlle LeVasseur. Anecdote : pour souligner l’anniversaire du fils du docteur, un grand dîner fut organisé, après lequel Irma, fidèle fille d’une mère cantatrice et d’un père musicien, interpréta de ses pièces favorites au piano et accompagna les chanteuses invitées.

Pendant sa formation universitaire, Irma découvrit le travail d’une femme exceptionnelle qui avait fondé à New York, en 1874, la première clinique pour femmes et enfants et qui reçut le prestigieux prix Boylston de Harvard en 1876. Il s’agissait de la Dre Mary Putnam Jacobi, militante, suffragette et l’auteure de plusieurs études soumises au programme. Cette femme fut la première admise à la faculté de médecine de Paris. Mis à part son livre titré Hysteria and Brain Tumor, ses études portaient principalement sur la médecine infantile et sur les « Women in Medicine ». Affectée au St. Mark’s Hospital, on lui reproche de prétendre avoir les mêmes droits que ses confrères médecins.

Irma put bénéficier de son savoir et de son expérience en tant que stagiaire dans différents hôpitaux de New York. La passion de la Dre Putnam Jacobi pour la santé des femmes et des enfants inspira fortement la carrière d’Irma.

De retour dans sa province après six ans d’étude et de stages, Irma fut consternée d’apprendre que Québec et Montréal étaient toujours privés d’hôpitaux pour les enfants francophones. À Montréal, le Montreal Foundling Baby Hospital, ouvert en 1891, ne recevait que des anglophones, tout comme le Children’s Memorial Hospital, inauguré treize ans plus tard. Or, à cette époque, un enfant sur quatre mourait avant l’âge d’un an. La pauvreté de plusieurs quartiers ouvriers, l’insalubrité, les problèmes d’alimentation, le fatalisme et les mentalités judéo-chrétiennes sont à l’origine de ce taux effarant de mortalité infantile. Hantée par l’urgence d’arracher les jeunes enfants à la mort, Irma entreprit les démarches nécessaires à l’ouverture d’un hôpital pour enfants dans sa ville natale. Mais, quelle ne fut pas sa déception de se voir refuser le droit de pratiquer sa profession par le Collège des médecins et chirurgiens du Québec ! En 1867, le Collège des médecins et chirurgiens du Québec avait obtenu le droit de définir les conditions d’admission aux études et celui de fixer les conditions d’accès à l’exercice de la profession. En général, les membres de la profession médicale jugeaient que les femmes n’avaient pas leur place en médecine, leur nature constituant un obstacle à l’étude et à l’exercice de cette profession. On alléguait même les cycles menstruels les affaiblissaient et les rendaient plus sensibles, voir même incapables d’assister ou de pratiquer une dissection anatomique. Ainsi, sa formation prise à l’étranger et l’exclusion des femmes de la carrière médicale jouèrent en sa défaveur. L’aspirante au CMCPQ devait passer un examen devant le Collège pour obtenir son droit de pratique. Irma s’adressa alors aux plus hautes instances en autorité provinciale par le dépôt d’un bill privé qui ordonnera au Collège des médecins de lui émettre un permis de pratiquer la médecine. La réponse ne fut pas immédiate.

Consciente de ses acquis et reconnue comme médecin aux États-Unis, Irma eut l’audace de se présenter au Congrès médical de l’Université Laval. Seule femme de l’assistance, l’animateur du congrès souligna la présence de « Mlle Irma LeVasseur », sans plus. Dans la salle somptueusement décorée, des places sont désignées devant chaque couvert. Irma n’est pas surprise de trouver, au bout d’une table, un carton réservé à Mlle Irma LeVasseur Québec, et, à sa droite, celui du Dre Triganne, de Somerset, le seul représentant des médecins francophones des États-Unis.

Les deux ténors de ce Congrès eurent une place de choix dans les journaux de la semaine suivante : Le Dr Brochu, animateur de cette convention fit la une des journaux, clamant sa promotion au poste de surintendant de l’Asile de Beauport. Une autre mention soulignait cette fois les mérites du Dr René Fortier, chargé d’enseigner la puériculture et la pédiatrie au dispensaire pour enfants logé à l’Hôtel-Dieu de Québec. Dans le Bulletin on put lire :

« Le Bulletin est spécialement heureux de se faire l’interprète de la Société médicale de Québec pour remercier cordialement tous les bienveillants confrères qui ont répondu à l’appel et plus particulièrement les distingués visiteurs de Montréal et d’ailleurs qui ont contribué si largement à rehausser l’éclat de ces réjouissances intimes ».

On y lisait aussi :

« Mlle le Dr LeVasseur, de Saint-Paul, Minnesota, fille de notre citoyen M. N. LeVasseur a bien voulu, par sa présence, rappeler à notre mémoire nos nombreux confrères de la grande République Américaine dans ce qu’ils ont de plus suave et de plus consolant, surtout le jour de notre fête nationale, nous voulons dire la « Canadienne aux jolis yeux doux, aux yeux si doux. » « Quelle ironie grossière ! » se dit Irma.

Faute de n’être accueillie favorablement par le Dr Fortier, Irma tenta de s’inscrire à la Faculté de médecine de l’Université Laval, comptant pouvoir se présenter ensuite devant le Bureau d’examinateurs du Collège des médecins, assurée d’obtenir les résultats souhaités. Or, l’accès à ces cours lui fut de nouveau refusé. Elle chargea donc son père de continuer d’intervenir auprès du gouvernement en son absence et repartit aux États-Unis, là où elle était reconnue comme médecin. Sur l’invitation de la Dre Putnam Jacobi, Irma entra travailler au St. Mark’s Hospital. « Je reviendrai avec un bagage que la majorité d’entre eux n’a pu s’offrir », se dit-elle. De fait, pas plus d’une douzaine, parmi les congressistes de juin dernier, possédaient un perfectionnement acquis à l’étranger. La Dre LeVasseur allait, auprès d’une des trois premières femmes diplômées en médecine aux États-Unis, trouver une compréhension sans précédent et bénéficier d’une expérience des plus enviables.

Convoquée, en décembre 1902, pour passer l’examen du Collège des médecins, elle dut revenir au Québec pour quelques semaines, dans l’attente des résultats. Or, l’Assemblée législative du Québec ne répondit à sa demande qu’en avril 1903. Aussitôt cette nouvelle reçue, elle s’empressa de rentrer chez elle pour offrir ses soins à l’enfance souffrante abandonnée par ses collègues. Une autre déception l’attendait : elle ne pouvait ouvrir son bureau avant que le Collège des médecins et chirurgiens du Québec l‘ait admise officiellement, ce qu’il ne fit que le 5 septembre. Des délais qui irritèrent Irma, tout autant que le manque d’ouverture des médecins contactés dans sa ville natale.

Présumant être mieux reçue par ceux de Montréal, elle s’y installa. Elle rencontra le Dr S. Lachapelle ainsi que des hygiénistes qui travaillaient auprès des nourrissons et des enfants illégitimes. Une façon élégante de l’écarter du corps professoral : il lui recommande d’aller se perfectionner en pédiatrie en Europe. La proposition demandait réflexion. Mais Irma ne reculait devant rien qui put lui donner accès à l’exercice de sa profession. Elle se rendit en Europe où elle séjourna deux ans, d’abord à Paris, pour se perfectionner en pédiatrie, auprès de Dre Madeleine Brès, réputée en France, avant de filer en Allemagne où elle y passera deux ans, de 1904 à 1906.

Juste avant de quitter son pays, Dre Irma fut invitée à donner une conférence devant un public. Certains de ses propos choquent. Devant un public composé principalement de collègues médecins dont le Dr Lachapelle, de doyens de facultés de médecines et de quelques religieuses œuvrant dans le monde hospitalier, la jeune conférencière déclara :

Cause qui m’est extrêmement chère, que celle du rôle d’éducatrice que la mère est appelée à jouer auprès de ses enfants. Cause de toute actualité parce qu’on commence maintenant à comprendre toute l’importance de la femme au foyer, et on lui fait faire des études plus sérieuses et plus complètes afin de la préparer à remplir dignement le rôle qu’elle est appelée à jouer. Une mère se doit à ses enfants.

Dans ce siècle d’émancipation, de revendications féminines, et d’affranchissement de bien des devoirs, cette loi de responsabilité n’a jamais été contestée. Au contraire, elle a été accentuée, et les liens de l’enfant et de la mère sont mieux compris et resserrés. C’est une loi qui est écrite au cœur en parfait accord avec celle de la nature et par conséquent peu sujette à être affectée par de simples considérations sociales. Toute femme, et surtout toute mère, devrait être plus ou moins médecin. Sa responsabilité lui impose une éducation spéciale et des connaissances étendues pour qu’elle soit à la hauteur de ses devoirs. Si ceci était compris, nous aurions beaucoup moins de dégénérescence et d’infériorité physique.

Si la place d’une femme est au foyer, elle y est surtout comme mère de ses enfants. Que ce mot de « mère » renferme de commandements, de sacrifices et d’amour ! Sa signification est infinie. La femme est née avec toutes les aptitudes nécessaires. Elle a une richesse d’intuition qui lui permet de comprendre l’enfant. De le deviner. On a dit avec raison : Le meilleur médecin de l’enfant, c’est la mère. En effet, c’est elle qui le suit pas à pas, qui épie ses moindres petites exigences, étudie ses dispositions et peut en percevoir les variabilités. Ajouter la science à l’intuition d’une mère afin qu’elle puisse comprendre le sens de ces observations et en tirer profit, c’est l’outiller pour remplir la plus noble et la plus intéressante des tâches au monde. Le foyer serait son royaume où, heureuse reine, elle puiserait toutes les satisfactions de l’esprit et du cœur en se dépensant d’une manière intelligente pour les êtres qui lui sont les plus chers. Je n’appuierai jamais assez sur cette qualité. L’enfant attend tout de celle qui lui a donné le jour et qui doit le diriger dans la vie, faire pousser droit ce roseau fragile. À part l’ignorance, il y aussi la faiblesse et la négligence qui peuvent faire manquer la mère à son devoir. Je fais allusion à ces petits défauts mignons, ces petits travers, cette légère difformité que peut présenter un bébé et qui sont perçus par certaines mamans comme un attrait de plus et qui ne les inquiètent guère. Si ces anomalies ne sont corrigées, soit par une fausse tendresse ou par l’aveuglement, elles pourraient devenir une source d’ennuis et même faire le malheur de l’enfant quand il sera plus vieux et qu’il comprendra son état. Cet enfant aurait raison alors d’adresser d’amers reproches à sa mère. Nous sommes nés avec l’idée du beau ; nous aimons bien paraître et voulons nous rapprocher le plus possible de l’idéal ; nous envions la stature des uns, l’élégance, le teint, l’air de santé des autres et, plus l’esprit est raffiné par l’éducation, le contact d’un milieu cultivé, plus les désirs sont exigeants, les aspirations élevées. Faisons en sorte de n’avoir jamais à regretter d’avoir, par notre ignorance ou notre négligence, marqué un être pour toute sa vie. Nous toutes qui sommes pleines d’aspirations qui nous rendraient si heureuses, reprit-elle, débordante d’aménité, nous pouvons dans une large mesure, il me semble, procurer aux enfants que nous aimons, ces avantages que nous avons désiré pour nous- mêmes. Et cette responsabilité de la mère commence déjà quand elle est jeune fille ; elle doit alors se renseigner, s’instruire sur ce qui peut influencer ses futures fonctions. Ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être bien fait. Une partie de l’énergie, les longues heures dépensées aux travaux de fantaisie qui font tant d’anémiées parmi nos jeunes filles seraient beaucoup plus utilement employées à faire des provisions de connaissances pour le succès de leur grand rôle futur.

Des visages se renfrognèrent. D’autres s’illuminèrent. La Dre LeVasseur conclut : « C’est à nous, femmes, qu’incombe la tâche sublime d’éducatrice de ces petits êtres qui deviendront, si nous le voulons, l’orgueil de la famille et de la race. »

En juillet 1906, à son retour à Montréal, elle s’installa au 61 rue St-Hubert, dans un logement de trois pièces meublé. La nouvelle se propagea, les demandes de visites à domicile se multiplièrent. Avant d’ouvrir sa propre clinique, Dre LeVasseur se consacra bénévolement à ce qu’elle nommera : « l’œuvre des enfants ostracisés par la morale judéo- chrétienne ». Un cadeau pour les autorités de la Crèche de la Miséricorde qui célébrèrent l’événement comme un cadeau de la divine Providence. En échange du salaire des dix mois de travail, la jeune pédiatre proposa l’amélioration des soins d’hygiène, de l’alimentation, de l’espace accordé à chaque bébé et l’ajout de stimulations et de caresses de la part du personnel. Vœux qui provoquèrent l’indignation des autorités religieuses.

Toujours hantée par l’urgence d’offrir un hôpital à nos jeunes malades francophones, elle sollicita des dons et chercha l’appui de ses confrères, sans trop de succès. Le 20 mars de 1907, elle écrivit à la journaliste Françoise, journaliste à La Patrie, pour exprimer publiquement sa révolte de ne pouvoir offrir des soins hospitaliers aux nourrissons dont plus de 27 % décèdent en bas âge. Un espoir naquit quand, en mai suivant, répondant aux insistances d’Irma, une bénévole émérite, Mme Alfred Thibaudeau, parvint à réunir chez elle, dix personnes, dont quatre médecins et six dames qu’elle voulait intéresser à la fondation d’un hôpital pour enfants. La cordialité exprimée, les actes ne suivirent pas. Irma partit chercher dons et encouragements à New York, au Mount Sinai Hospital, où ses ex- collègues se montrèrent ravis et généreux. Sa valise alourdie par des instruments chirurgicaux de toute sorte, de la lingerie et des vêtements pour enfants, elle rentra à Montréal plus confiante que jamais. Pendant son absence, les bénévoles n’avaient pu cueillir que 200$. Dre Irma décida alors de visiter les écoles dès septembre, mais encore là, ses interventions furent contestées.

Irma fut touchée par l’œuvre de Jeanne Mance qui, tout en demeurant laïque toute sa vie, a mis sur pied l’hôpital de Ville-Marie devenu, en 1645, Hôtel-Dieu de Montréal. À son instar, elle espérait être soutenue financièrement, et fort généreusement, par des bienfaiteurs.

Un événement l’obligea à abandonner sa croisade dans les écoles. Le 8 novembre 1907, elle accueillit chez elle un petit moribond, le bébé Joseph Brisebois. C’était le début d’une grande aventure.

En dépit du manque d’appuis de ses collègues, elle avait reçu celui de plusieurs dames patronnesses. Par leur entremise, elle avait trouvé un grand logement au 644 de la rue St-Denis, prêté par Jean-Damien Rolland, le frère D’Euphrosine, une précieuse accompagnatrice d’Irma. L’endroit se prêtait à l’ouverture d’une clinique : L’Hôpital des enfants malades fit-elle graver sur une plaque à sa porte, en souvenir des stages effectués à Paris dans un hôpital ainsi désigné.

Bébé Brisebois présentait tous les symptômes d’une dysenterie et d’une pneumonie et exigeait une présence continue. De l’aide supplémentaire fut requise par la jeune pédiatre. Le 26 novembre 1907, Irma, référée par Mme Thibaudeau, se présenta à la porte de Mme Justine L. Beaubien, de retour d’un long voyage en Europe. Quelques jours plus tard, Justine rejoignait à l’équipe de la Dre LeVasseur.

Samedi, le 30 novembre 1907, avait lieu la visite des dames patronnesses dont certains membres de la famille de Justine. De par leur rang social et leur aisance financière, ces femmes furent d’un apport précieux pour la réalisation du rêve d’Irma de fonder un hôpital pour les enfants francophones. Les sept membres fondateurs réunis autour d’une table, Dre Irma et Justine invitèrent d’autres médecins à venir offrir leur service, ne serait-ce qu’à temps partiel.

Le 8 décembre, l’arrivée de nouveaux patients incita cinq autres médecins à se joindre à l’équipe. Les Drs J.C. Bourgoin, Zéphir Rhéaume et Séraphin Boucher, tous des médecins qu’Irma ne connaissait pas. L’absence du Dr Raoul Masson qui avait déjà manifesté un grand intérêt pour ce projet la chagrina. Sa déception fut d’autant plus grande que ce médecin, ancien assistant du Dr Lachapelle à la Crèche de la Miséricorde, avait reçu une partie de sa formation de pédiatre auprès des mêmes maîtres français que la Dre LeVasseur, les Drs Variot et Comby. Devant quelques regards suspects des médecins nouvellement arrivés, Mlle Rolland prit la défense d’Irma : « Dre LeVasseur est très bien équipée pour ouvrir un hôpital. D’abord, l’idée, c’est elle qui l’a eue. La compétence et l’expérience en pédiatrie, la détermination, le courage et la vision, c’est elle qui les a. »

Un premier comité se forma, Justine fut nommée présidente.

Les bonnes volontés ne suffirent pas pour équiper un hôpital. Des membres influents de l’équipe fondatrice se chargèrent d’amasser des fonds auprès des banquiers et des commerçants. Mlle Rolland convoqua, en ce 26 novembre 1907, quelques amies de pensionnat, épouses d’un médecin-chef, d’un sénateur, du président de La Presse et de l’important homme d’affaires, Louis de Gaspé-Beaubien.

Le 16 décembre au matin, plus de vingt femmes formèrent un cercle autour des deux patients du 644 St-Denis. Pour sa quatrième réunion hebdomadaire, l’Association des dames de l’Hôpital des Enfants avait recruté deux nouveaux membres.

Un Conseil d’administration fut formé, et Irma s’étonna de devoir insister pour en faire partie. Des comités et des sous-comités s’ajoutèrent.

Les Lacoste souhaitèrent une incorporation de l’hôpital dans les plus brefs délais.

Le 2 février, à la réunion des médecins, Dre LeVasseur apprit que son hôpital avait changé de nom. On parlait maintenant de l’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE. L’annonce officielle avait été prévue pour la première assemblée générale, soit en février 1908. Ce manque de respect affligea profondément la fondatrice. Un conflit éclata entre Justine et Irma.

Mme la Présidente du conseil d’administration exigeait que le bureau médical soit sous sa direction. Les médecins décidèrent de passer à l’action, avec ou sans son accord. Ils se regroupèrent en un cercle fermé pour discuter des nominations à chacune des deux catégories : les consultants et les visiteurs. Irma ne faisait pas partie de la liste des médecins consultants, même si elle était spécialisée en chirurgie et en pédiatrie. On la nomma médecin visiteur.

À l’unanimité, la présidence du Bureau médical, fut, conformément aux mœurs de l’époque, confiée à un homme et non pas à la fondatrice de l’hôpital. Le Dr Joseph-Edmond Dubé, qui, tout comme Irma, avait étudié la pédiatrie à Paris, fut élu. On souligna ses mérites : sa participation à la fondation du premier laboratoire bactériologique de Montréal, l’imposition de l’antisepsie dans la pratique chirurgicale, sans compter la mise sur pied des premières Gouttes de lait, cliniques offrant du lait frais et sans microbes aux familles les plus pauvres nourrissant leurs bébés au biberon. Le Dr Dubé pria les Drs Lachapelle, Hervieux, Cléroux, Parizeau et Boucher de former l’équipe des médecins consultants. Un autre affront envers la Dre LeVasseur qui en fut écartée.

Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine. Photo : Jean Gagnon, CC BY-SA 3.0.

Le bureau d’administration et le bureau médical ne s’entendaient plus.

Le 15 février, Dre Irma quitta l’hôpital et Montréal, pour deux raisons : d’abord pour avoir été évincée du conseil d’administration, accusée de manquer de sens des affaires. Il est fort probable que sa présence comme médecin au milieu de femmes non formées en médecine devenait gênante. D’autre part, il sembla inacceptable pour Irma de se voir confinée au dispensaire sous l’égide des professeurs de médecine de l’Université Laval, laquelle n’admettait pas les femmes. Justine approuva sa décision de partir en toute discrétion et elle lui fit une promesse : « Sachez, Irma, que malgré mes maladresses je vous estime beaucoup. Vous avez donné un sens à ma vie. En retour, je prie la Vierge Marie de vous protéger. Vous pourrez toujours compter sur moi. »

Dre Irma retourna travailler à New York à la mi-mai. À l’instar du Mount Sinai, le St. Mark’s Hospital accueillit la jeune doctoresse avec enthousiasme. Ce ne fut pas sans émotion qu’elle en longea les corridors, serrant la main des infirmières encore en place, saluant des collègues médecins.

Irma fut engagée au Bureau de santé de la ville. Deux missions lui furent confiées : des recherches en laboratoire sur les causes des maladies infantiles et la rédaction d’un guide de santé pour les parents et leurs enfants. À ces tâches, elle ajouta d’autres recherches au St. Mark’s Hospital où elle avait déjà travaillé.

En mai 1915, répondant à un appel lancé aux médecins canadiens, Dre LeVasseur quitta New York pour aller travailler en Serbie auprès des malades atteints du typhus. Le Dr Albiny Paquette témoigna ainsi de son courage :

Irma Levasseur s’installe à Kraguyevatc [Serbie] et procède à l’immunisation de la population au rythme de mille par jour. Elle a pour l’aider quatre prisonniers de guerre autrichiens, qui agissent comme infirmiers. Elle organise un hôpital de fortune dans la ville, les malades privés de lits couchent par terre. Les médicaments sont rares, le bateau qui nous en apportait a été coulé dans la mer Égée. Elle est débordée par une situation intenable, travaillant sous un bombardement quotidien, doit faire creuser de larges fosses où les morts sont empilés par centaines. C’était une femme d’action et d’une énergie extraordinaire. En 1918, tout le pays et la Macédoine où je peinais aux mêmes tâches, devint occupé par les Autrichiens et les Bulgares. Il fallut abandonner la partie et ce fut l’exode vers la mer, dans le plus affreux des désordres. Je n’ai pas revu Irma LeVasseur, et j’ignore comment elle a réussi à sortir des Balkans et à survivre à tant de privations et d’horreurs.

Dre LeVasseur avait dû transformer une usine abandonnée et une école délabrée en cliniques d’urgence. Après un an de résistance aux ordres répétés de quitter Milanovats et d’y abandonner les vieillards et les grands malades, elle fut traînée en pleine nuit dans une prison pour femmes gérée par l’armée austro-allemande. Une prison bondée de civiles serbes séparées de leurs enfants et de leurs maris. Des soldats autrichiens les conduisirent jusqu’au Monténégro, d’où un navire les ramena en Angleterre ou en France. Irma quitta la Serbie, un an plus tard que ses collègues médecins, après quoi elle travailla comme médecin militaire pour la Croix-Rouge, d’abord en France ensuite à New York jusqu’en 1922, alors prête à ouvrir un hôpital dans sa ville natale.

Cette fois, un entretien avec le Dr Fortier, si bref fut-il, insuffla à Irma l’espoir d’ouvrir un hôpital pour enfants à Québec. Tous deux se réjouirent des remarquables progrès apportés par le gouvernement provincial : le Service d’hygiène de la province du Québec, d’une part et, d’autre part, la Loi de l’assistance publique. Cette loi décrétait que les coûts d’hospitalisation des indigents seraient partagés à parts égales entre l’État, les municipalités et les institutions, sous forme de services. Cette clientèle serait au cœur des préoccupations d’Irma et du Dr Fortier. C’est alors qu’Irma investit ses économies pour acquérir l’édifice Sheyn, sur la Grande-Allée (près de l’actuel Complexe G). Elle y fonda en 1923 un hôpital pour enfants, en collaboration avec le Dr René Fortier, le seul pédiatre à Québec, et le Dr Édouard Samson, orthopédiste. Madame Georges Tessier fut chargée de la présidence ; Mme Philippe Landry, de la vice-présidence ; Mme Girouard du secrétariat et Mme Maximilien McKay, de la trésorerie.

Le 25 septembre, les quatre premières bénévoles avaient emmené leur recrue : Mmes Jules Girouard, Camille Pouliot, Dionne-Labrèque et Mlle Esther Belleau. Elles furent huit à monter des piles de couches, de draps et de piqués cousus. Les tricoteuses furent submergées de compliments pour leurs « chef-d’œuvre ». Les joignirent, le Dr Albert Paquet, chirurgien, le Dr Joseph Vaillancourt, oto-rhino-laryngologiste et le Dr Émile St- Hilaire, omnipraticien. À ces indispensables collaborateurs s’ajouta M. le juge Philippe- Auguste Choquette qui acceptait de dispenser ses précieux conseils aux administrateurs de cet hôpital.

Tel que prévu, le 31 janvier, le dispensaire de l’Hôpital des Enfants Malades ouvrit ses portes. À la mi-avril, une demande d’incorporation fut faite et les lettres patentes arrivèrent. Hélas, tout comme à Montréal en 1907, quelqu’un (le Dr Fortier et Me Choquette) changèrent le nom de son hôpital : Hôpital de l’Enfant-Jésus, telle fut sa désignation lors de la bénédiction de l’hôpital. Vint le moment de nommer les membres du conseil d’administration et du Bureau de direction. Mme Georges Tessier fut élue présidente ; Mme Camille Pouliot, vice-présidente ; Mme J.-E. Girouard secrétaire ; et Mme J.M. Mackay, trésorière. Le juge Choquette dévoila le nom des directeurs : Mmes Philippe Landry et Joseph Sirois, auxquelles s’ajoutèrent le juge Pierre d’Auteuil et M. Frank Byrns. A cet Exécutif de neuf membres furent donc confiées les destinées administratives extérieures proprement dites de l’Hôpital. Nulle mention de la Dre LeVasseur qui dut implorer comme une faveur d’être du nombre des directeurs. À son insu, des démarches furent prises afin que la direction de cet hôpital soit confiée à une communauté religieuse. Dre Irma refuse l’engagement de toute communauté qui n’avait pas d’expérience dans les hôpitaux, même si elle était sous l’autorité des médecins.

Les différends s’additionnèrent et des vœux furent émis en défaveur du 55 Grande-Allée comme édifice propice à un hôpital pédiatrique.

Me Choquette exigea également que tous les comptes perçus à date par Mlle LeVasseur soient laissés sur le bureau et il annonça que la Corporation ne s’engageait en aucune manière à les accepter, et encore moins à les payer. Indisposé par son manque d’esprit rassembleur et par son caractère tranchant, on cherchait des motifs de l’écarter de l’équipe médicale.

Madame la Présidente du conseil d’administration réclama la formation d’un bureau de surveillance et d’administration de l’Hôpital. Ce bureau devait veiller à tout l’ensemble du fonctionnement de l’hôpital et il devait s’entendre avec le Bureau médical. De plus, la communauté des Sœurs Dominicaines de l’Enfant-Jésus fut approchée et dut mettre par écrit les conditions de leurs services, afin que le Bureau de direction puisse en prendre considération et décider des arrangements requis.

Irma se sentit trahie.

Elle admit toutefois que les activités lucratives prévues et les argents de l’Assistance Publique ne pourraient être affectés au paiement des dettes accumulées. Déjà que ces sommes risquaient de ne pas suffire aux besoins quotidiens… Nul ne savait quand elles rentreraient et combien elles totaliseraient. Du coup, les avoirs personnels d’Irma fondirent. Il ne lui restait plus que cent dollars à son actif.

Le 19 mai, au Dr René Fortier, pédiatre, fut confiée la présidence du Bureau médical ; à Albert Paquet, chirurgien général, la vice-présidence ; à Joseph Vaillancourt, oto-rhino- laryngologiste, le secrétariat. Bien que n’arborant pas le prestigieux titre de professeur en faculté de médecine, Willie Verge, omnipraticien et chirurgien, assumera le rôle d’assistant-secrétaire. La fondatrice, elle, fut exclue de l’Exécutif.

À ces quatre médecins revint le privilège de nommer les membres du Bureau médical avant la prochaine assemblée. D’autres responsabilités leur furent dévolues, celles du président en premier lieu : le Dr Fortier rédigera la constitution et les règlements qui régiront le personnel médical et toutes ses activités professionnelles. Il devra les présenter aux membres de la Corporation à l’assemblée prévue pour le 26 mai. Trois jours plus tard, constitution et règlements furent acceptés à l’unanimité. Irma avait l’impression de régresser. À quoi bon la désigner membre du Bureau médical si elle est confinée au statut de médecin résident ? Pourquoi ne pas lui avoir attribué le poste de Chef de service ?

Le Dr Fortier l’informa de son manque d’esprit rassembleur…

En juin, Mère Prieure Générale des Dominicaines de l’Enfant-Jésus consentait à prêter trois de ses religieuses, à titre d’essai. Les ententes stipulaient qu’on doive verser à chacune d’elles vingt dollars par mois. De ce fait, les religieuses devenaient les mieux payées de l’Hôpital alors que la majorité des médecins et spécialistes travaillaient bénévolement.

Lors d’une des dernières assemblées du conseil d’administration, Dre LeVasseur fut nommée Médecin résident de l’Hôpital, et elle ne devait s’occuper que de soins médicaux sous la direction du Bureau médical. Toute activité administrative était, dorénavant, hors de ses attributions. De plus elle devait s’entendre avec le Dr Fortier pour les devoirs à remplir à l’Hôpital.

Tôt dans la matinée du 20 juin, sœur Gérard-Majella recevait des poignées de main et des félicitations, le conseil d’administration lui avait confié l’autorité suprême de diriger l’hôpital, excepté la partie médicale. Mme Sirois rendait officiel le congédiement d’Irma du Comité et de l’Hôpital de l’Enfant- Jésus à compter du 29 août. La réaction de la fondatrice ne tarda guère.

Le 20 août 1923

« Membres de la Corporation de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus Membres du Bureau médical. Le 15 août 1923, la Corporation m’ordonnait de me retirer du Comité et de quitter MON Hôpital. Cet hôpital qui existe dans ma maison depuis huit mois. Nous vous y avons accueillie par ce que vous manifestiez le goût de continuer, avec moi et mes deux amis, les Drs Fortier et Samson, l’œuvre d’hospitalisation des enfants malades pauvres que nous avions commencée, en janvier. Voilà que maintenant, vous me montrez la porte.

Laissons au public, à nos bénévoles, aux familles de nos patients et aux générations futures de juger de l’absurdité d’une telle directive.

Vous me donniez deux semaines pour quitter MON hôpital. En mon droit de propriétaire de cette maison, je vous accorde un mois et dix jours pour partir, à moins que la Corporation consente à licencier certaines de ses membres et que je puisse reprendre mes droits et mes fonctions dans cet hôpital que j’ai fondé avec mes collègues ci-haut nommés.

Dre Irma LeVasseur. »

Quatre dames réitèrent leur fidélité à Irma.

D’autre part, le 29 août, compte tenu de la complexité et de la lenteur des négociations pour la construction d’un hôpital sur le terrain des Sœurs Dominicaines de l’Enfant-Jésus, la Corporation s’était mise en quête d’un logis capable de recevoir plus de trente jeunes hospitalisés en plus des sept religieuses et d’une douzaine d’infirmières. À la mi- septembre, aucune résidence disponible ne répondait encore à de tels besoins.

Ce samedi 29 septembre, le Dr Fortier avait été délégué par le Bureau médical et le conseil d’administration, pour finaliser le transfert des dossiers et des patients avec la Dre LeVasseur, dans la soirée de vendredi. Mmes Tessier et McKay avaient été choisies pour assister Irma et ce, jusqu’à ce que l’équipe de l’hôpital de l’Enfant-Jésus ait quitté le 55 Grande-allée. Les bonnes relations entre ces deux pédiatres d’un commun idéal rendirent cet exercice fort éprouvant.

Ils étaient huit à relancer les espoirs de la pédiatre invincible. Huit petits dont les souffrances faisaient oublier les difficultés des quatre derniers mois. Pas un jour ne passait sans que des enfants soient emmenés au dispensaire. Les médecins associés à l’Hôpital des Enfants Malades assumaient chacun une journée, Irma les trois autres. Françoise Salter, infirmière formée pour les visites à domicile, revint offrir ses services à la Dre LeVasseur. Elle devait reprendre sa tâche dès qu’une autre infirmière aurait été embauchée pour seconder les médecins.

En mai 1925, dans des salles plus petites, l’Hôpital des Enfants Malades avait trouvé un modus vivendi en attendant l’argent nécessaire pour rehausser de deux autres étages cette maison semi-détachée. La Loi de l’assistance publique exigeant un nombre minimal de quarante lits pour accorder son aide financière, cet agrandissement s’imposait. Le jumelage des services externes et internes de l’Hôpital des Enfants Malades le réclamait aussi. Plusieurs pièces devant se prêter à de multiples fonctions, l’encombrement devenait non moins prévisible que déplorable.

La perte de la maison Shehyn qui n’avait pas trouvé preneurs avant le 1er janvier 1925 vint en tête de cette liste d’épreuves. Le 7 du même mois, Irma LeVasseur dût rendre sa maison de la rue 55 Grande-Allée à la succession Sheyn qui, de plus, fit saisir cinquante de ses actions de Bell telephone Co. Par la voix des journaux, Irma apprenait, outrée, que six semaines plus tard, cette résidence avait été revendue pour vingt-deux mille dollars.

Comme si un malheur ne venait jamais seul, les deuils se succédaient, à commencer par celui de Nazaire, décédé le 8 novembre 1927, d’un accident vasculaire cérébral foudroyant. Cinq semaines plus tard, une tragédie réduisait en cendres l’hospice Saint-Charles, causant la mort de trente-cinq enfants dont une petite cousine LeVasseur. L’année suivante Rose-Lyn, sa tante maternelle décédait avant qu’Irma n’ait pu la revoir. Ce vide allait s’amplifier par la perte de sa tante Angèle en plein milieu de juin 1924. Une peine abyssale, à certains jours. Après trois ans de difficultés incommensurables sur la rue Saint-Vallier et un court passage de onze mois sur la rue Gamelin, la Corporation de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus trouvait l’édifice rêvé pour l’hôpital pédiatrique qu’Irma avait cofondé en 1923 : un ancien juvénat du Chemin de la Canardière. Ce même 14 mars 1927, sous l’influence de la présidente de la Corporation et de celle des généralistes et des non-pédiatriques, l’Hôpital de l’Enfant-Jésus déviait du but unique de sa fondation en ouvrant ses portes aux adultes. Le désir de rivaliser avec d’autres sommités médicales primait sur l’esprit qui avait animé les trois cofondateurs en 1923 : le soin des enfants malades, pauvres et infirmes.

« Pourtant, la clientèle ne manque pas, les listes d’attentes s’allongent d’année en année » avaient révélé les rapports annuels. Le Dr Fortier avec qui Irma était demeurée en contact ne lui avait pas caché son chagrin : « D’autres mains et d’autres ambitions personnelles ont pris le gouvernail et on dirait que pour ces gens la mort prématurée de nombre d’enfants est devenue moins lamentable qu’en 1923. Je ne trouve pas les mots pour vous exprimer ma déception, chère Irma. »

De la Dre Maude Abbott, son amie et confidente, Irma reçut une lettre à la fois bouleversante et encourageante : Maude avait frôlé la mort au cours de l’été. Heurtée par un motocycliste en traversant l’avenue des Pins en face de l’Hôpital Royal Victoria, elle avait subi d’importants dommages au cerveau. Repos et bons soins ne lui avaient pas encore apporté la guérison complète. Dans sa lettre postée à la mi-octobre, elle confiait à Irma :

Le corps récupère moins vite à soixante ans qu’à vingt ans et les efforts pèsent davantage. Ma convalescence m’a tout de même permis de préparer mon History in the Province of Quebec. Je prévois le publier dans deux ans. Je me demande encore comment, à travers mes multiples tâches, j’arriverai à compléter celle qui me tient le plus à cœur. Je n’ai pas mis tout ce temps et cette énergie dans mes recherches sur les problèmes cardiaques des nouveau-nés pour que cette étude se retrouve en publication posthume… et signées par un monsieur…comme ça s’est déjà vu. On a tellement de misère, au Canada surtout, à être considérées à l’égal de l’homme. Tu as remarqué ? En février 1928, le projet de loi sur le suffrage féminin était rejeté par l’Assemblée législative du Québec malgré la pression d’un grand nombre de regroupements ; un an plus tard, aucun progrès, même refus.

Du côté des universités, l’ouverture aux femmes se fait au compte-gouttes et avec combien de restrictions discriminatoires. Tu te souviens du cas de Marie Sirois ? À la première femme diplômée de l’Université Laval, admise en 1904, on a livré son Certificat d’études littéraires par la poste, l’ayant exclue de la collation des grades accordée à ses confrères.

Le Montréal francophone marque un point avec l’admission d’une femme à sa faculté de médecine ; au printemps prochain, notre belle Marthe Pelland sera la première diplômée en médecine de l’Université de Montréal. Faut-il croire que, contrairement à ce que le vice-recteur de l’université craignait, Mlle Pelland n’a pas trop « troublé le climat social dans la faculté » par sa féminité. Quels préjugés entretiennent ces grands penseurs à notre endroit alors que souvent les filles sont des modèles d’application et de sérieux dans leurs études !

Je vois qu’un projet n’attend pas l’autre pour toi. Quelle garantie de santé mentale ! Je ne suis pas surprise que tu pousses sur le gouvernement pour qu’il mette en place des moyens concrets d’instruire nos enfants intelligents qui doivent vivre avec un handicap. C’est très audacieux de ta part. Je reconnais là l’instigatrice que tu as toujours été. Peut-être trouveras-tu un appui sérieux auprès d’un organisme dont je veux te parler : La ligue de la Jeunesse Féminine qui aura sa filiale à Québec d’ici quelques semaines, d’après ce que relatent les journaux. Cette association a été fondée vers les années 1926 par Thérèse Casgrain, l’épouse de M. Pierre Casgrain, avocat et homme politique. Une grande militante suffragette. Elle s’est jointe à Lady Drummond et à Mme Henri Gérin-Lajoie pour travailler à la promotion des droits de la femme. La Ligue de la Jeunesse Féminine est inspirée d’un modèle américain voué à soulager la misère des moins fortunés. Elle me semble toute désignée pour se dévouer à tes causes.

Je t’admire, Irma

Ta toute fidèle,

Maude

L’emménagement sur la rue Artillerie avait nécessité une diminution du personnel et du nombre d’enfants hospitalisés. En attendant d’agrandir cette maison, trois médecins assuraient une présence au dispensaire et les soins d’une dizaine d’enfants hospitalisés.

Les cas spéciaux étaient confiés à des spécialistes rattachés à d’autres équipes médicales. Les Drs Thibaudeau et Giasson ne venaient plus que sur appel. Les bénévoles étaient passés de dix-huit à neuf.

Les deux infirmières, Mlles Salter et Laroche touchaient un salaire décent. Mme Bessette, une dame dans la quarantaine, corpulente et des plus attentionnées, habitant non loin de l’hôpital, s’était récemment ajoutée au groupe de bénévoles. La Dre LeVasseur, entourée d’un conseil d’administration fidèle, savourait l’ambiance harmonieuse et pacifique de son Hôpital. Le Dr Dussault, demeurait président du Conseil d’administration,

À compter de décembre, l’Hôpital des Enfants Malades avait son conseiller juridique : Me Edgar Rochette, le président même du jeune Barreau de Québec. Un avocat exceptionnel. Cet homme formé à l’Université Laval, avait parfait sa formation dans les Universités d’Oxford et de Grenoble. Il était député dans Charlevoix-Saguenay et écrivain. Que demander de mieux ?

Le 14 décembre 1932, Irma tergiversait. Il n’y avait pas que ses obligations qui justifieraient son refus de participer au vingt-cinquième anniversaire de la fondation de l’Hôpital Sainte- Justine. Ce qu’était devenu cet hôpital la réjouissait quand elle pensait aux milliers d’enfants qui y avaient retrouvé la santé. Mais comment demeurer branchée que sur cette perspective dans le contexte d’une célébration où le faste risquait de donner le ton au jubilé ? Comment occulter le souvenir de certains événements vécus dans la douleur et l’offense ? Comment s’habiller le cœur d’allégresse en donnant la main à nombre d’ouvriers de la première heure qu’elle avait dû quitter tête basse ? Sa présence à cette commémoration ne l’exposait-elle pas au ressac des épreuves vécues au cours des vingt- cinq dernières années ? Une plaie qui pourrait être difficile à cicatriser. L’idée du refus s’avérait libératrice mais elle exigeait de trouver les mots pour le justifier.

Québec, le 15 décembre 1932

Madame L. De G. Beaubien

Présidente du Conseil d’administration Hôpital Sainte-Justine

Montréal

Chère madame,

Je suis très sensible à votre aimable invitation d’assister à la célébration des fêtes du vingt-cinquième anniversaire de la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine. Mais j’ai le regret de ne pouvoir me rendre à votre désir ; des circonstances incontrôlables ne me permettent pas de m’absenter de Québec en ce moment et de m’accorder ce plaisir.

Soyez assurée tout de même que ma pensée sera avec vous et avec toutes ces autres amies de l’enfance qui vous secondent.

Il y a bien des semaines que j’y songe à cette date mémorable où vous pourrez avec orgueil contempler les progrès accomplis avec la réalisation de ce beau rêve d’hôpital d’enfants pouvant rivaliser avec les plus célèbres. Ce glorieux monument édifié avec enthousiasme, témoignage de courage et de persévérance, d’amour et de compréhension d’une grande cause, commande l’admiration et la reconnaissance de tous.

Vos succès, je souhaite qu’ils se succèdent toujours de plus en plus beaux, car je me plais à croire que nous sommes tous convaincus qu’il n’en sera jamais assez fait pour les enfants.

Veuillez agréer, chère Madame la Présidente, ainsi que les membres du Conseil d’Administration, l’hommage réitéré de ma sincère gratitude et de ma très grande considération.

Dre Irma Le Vasseur

En moins de quinze jours, un deuxième courrier en provenance de l’Hôpital Sainte-Justine était livré au 85 rue Artillerie. La destinataire éventra l’enveloppe, y trouva une feuille pliée en trois et signée : L’ADMINISTRATION DE L’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE.

Mademoiselle Irma Levasseur 85, rue Artillerie, Québec.

Chère Mademoiselle Levasseur,

Nous avons vivement regretté votre absence lors des fêtes du 25e anniversaire de la fondation de l’hôpital ; vous auriez été si intéressée à constater les progrès de cette œuvre, dont vous avez lancé l’idée première.

Nous vous remercions des paroles aimables que vous avez eues à l’endroit du bien accompli par notre maison. Au déjeuner qui réunissait 150 personnes des débuts de Sainte-Justine et des comités actifs actuels nous avons fait lecture de la lettre que vous nous adressiez à cette occasion et des applaudissements chaleureux ont témoigné de l’appréciation qui lui était donnée.

« De toute manière, la simple politesse commandait des applaudissements », considérait Irma avec une froideur à la limite du stoïcisme. Les lignes suivantes la laissèrent perplexe et déçue.

Malheureusement, un correspondant à qui nous avions passé cette lettre pour publication dans son journal, l’a égarée. Comme nous tenons à la conserver avec nos archives, nous nous permettons de vous demander si vous n’en auriez pas la copie puisqu’elle a été calligraphiée et si vous auriez l’obligeance de nous en adresser un exemplaire.

Ce faisant vous nous obligerez grandement et d’avance nous vous remercions.

L’ADMINISTRATION DE L’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE.

La secrétaire

Une fois de plus, on occultait son titre de médecin et on ne respectait pas l’orthographe de son nom de famille. Au fil des décennies, le destin d’Irma semblait emprunter une tangente plus positive. À cinquante-six ans, le quotidien de la docteure au milieu de ses jeunes patients, du personnel hospitalier, de ses proches et des bénévoles lui procurait de grandes satisfactions. Non pas qu’elle eût renoncé à tout projet, mais elle les dosait mieux et s’entourait de conseillers sympathiques et judicieux. Ainsi, son désir d’accorder la priorité aux enfants nés avec un handicap physique dans son hôpital ayant traversé toutes les étapes de la mise en place, Irma était prête à en présenter le plan aux autorités gouvernementales et civiles. L’édifice avait besoin de réparations et d’agrandissement. Me Edgar Choquette était mandaté pour défendre cette cause et suggérer des prises de position concrètes pour obtenir du financement. L’une d’elle allait faire la une des journaux de la ville le 19 décembre 1932 : une délégation de dix femmes et de deux hommes, la Dre Irma LeVasseur en tête, se rendait au bureau du maire de Québec pour se plaindre de son mutisme malgré de nombreuses lettres adressées à son nom, et pour réclamer ce que la Charte l’autorisait de faire : une exemption de taxes en tant qu’institution au service des enfants pauvres et malades, ouverte depuis quatre ans.

Le 23 janvier, un certificat de conformité émis par le protonotaire de la ville leur était porté par messager. « Un cadeau qui arrive à point ! » s’écria Irma à trois jours de son cinquante- septième anniversaire de naissance. Une bouffée d’espoir pour toute son équipe.

Or, l’espoir d’obtenir un support financier de la Ville était quotidiennement déçu. Avec l’appui de son conseil, Irma rédigea une lettre que les douze délégués de décembre signèrent et qu’elle fit porter au nouveau maire. La réponse se faisait attendre.

Plus d’une fois déçue par les vaines promesses des autorités gouvernementales, Irma se tourna vers un organisme apolitique, voué aux œuvres charitables, pour concrétiser un autre de ses rêves : une école pour les enfants infirmes mais aptes aux études.

Le 15 avril 1935, lors d’une réunion spéciale, la Dre LeVasseur présentait son projet aux membres de la Ligue de la Jeunesse Féminine de Québec. Les propos de cette femme qui, depuis dix ans, consacrait son savoir, ses énergies et tous ses avoirs au soin de ces enfants, les touchèrent profondément. Leur accueil dépassa toute espérance. Après cinq ans de dévouement au sein d’œuvres sociales, les femmes et les jeunes filles de la Ligue avaient été témoins des conditions alarmantes dans lesquelles vivaient ces enfants.

En quelques semaines, la Ligue dénicha un local dans un édifice du Vieux-Québec, occupé par l’œuvre de la Protection de la Jeune Fille, à l’angle des rues Sainte-Ursule, Sainte- Angèle et Dauphine. Le Foyer pouvait accueillir une vingtaine d’élèves. Un processus de recrutement fut mis en place : en plus des visites à domicile et des enquêtes effectuées par les membres de la Ligue, des annonces en chaire furent faites le dimanche pour informer les parents de l’existence de cette école. L’efficacité de cet organisme impressionna Irma. Le sérieux avec lequel chaque admission fut traitée, examen médical et psychiatrique de l’enfant inscrit, méritait toute sa confiance et son respect. L’œuvre prenait le nom de « Comité de secours des enfants infirmes ». (Cette école deviendra le Centre Cardinal Villeneuve). Le 23 octobre, Irma n’était pas peu fière d’assister à l’inauguration officielle de cette école dont elle rêvait depuis plus de dix ans pour sa clientèle de prédilection.

En cette même année 1935, à l’Université Laval, plusieurs boudaient la nomination d’une femme au sein du personnel enseignant. Or, cette femme, Agathe Lacourcière-Lacerte, avait obtenu un baccalauréat aux États-Unis, fait des études à la Sorbonne et détenait un doctorat en lettres de l’Université de Madrid, des compétences dont peu de collègues masculins pouvaient se glorifier. Ce combat mené par Irma quarante ans plus tôt la rendit empathique envers Mlle Yvette Brissette, cette jeune Québécoise, la première Canadienne française diplômée en médecine de l’Université Laval. Il lui tardait de la féliciter personnellement et de lui promettre un appui inconditionnel.

Le 2 septembre 1940, à la mort de Maude Abbott, un livre venait de se refermer à tout jamais sur la descendance de Jeremiah Babin et de Elizabeth Bayley Abbott.

Au service de l’Armée canadienne, Dre LeVasseur était chargée de la formation de ses recrues. Quelle ne fut pas sa joie de retrouver, pour la seconder dans son travail, nulle autre que la Dre Yvette Brissette Larochelle.

Au beau milieu de l’été 1942, une lettre certifiée en provenance d’une firme d’avocats, adressée à Mlle Irma LeVasseur et à Paul-Eugène LeVasseur, créa une onde de choc : sa mère, Phédora Venner avait laissé un héritage. Elle avait vécu sous le nom de Dora Wheeler au Colorado, avait fait son testament à Denver et son avocat étant décédé peu de temps après, tous ses dossiers avaient été transmis à son successeur qui semblait n’avoir pas fait preuve de diligence… Puis la guerre est arrivée… Une somme de 25 000$ devait être remise à ses deux enfants quand toutes les quittances seraient réglées.

Supportée par cet héritage, au printemps 1946, Irma demanda un permis pour agrandir son Hôpital. Les coûts s’élevaient à 5 000$. Les travaux ne débutèrent, hélas, que deux ans plus tard et ne furent tout à fait terminés qu’au printemps 1950.

Année mémorable : une lettre du Cercle des Femmes universitaires du Québec apprenait à Irma qu’une fête se préparait au Collège Jésus-Marie, où elle avait fait ses études secondaires, pour souligner ses cinquante ans de vie professionnelle.

Un mot de Mme Justine Lacoste-Beaubien lui était adressé une semaine plus tard pour la supplier de se prêter à cette reconnaissance publique. Me Jeanne d’Arc LeMay, présidente de l’Association des Femmes universitaires, la mit au parfum des efforts déployés pour la réussite de cet événement et lui révéla le nom de quelques personnalités qui avaient promis d’y assister. La présence assurée du ministre Albiny Paquette et l’implication des Dres Françoise Lessard et Marguerite Dion eurent raison de ses réticences.

NOTE : Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Invitée : Pauline Gill, romancière. Source : https://fondationlionelgroulx.org/sites/default/files/documents/151103-Conference-Figures-marquantes-Irma-LeVasseur-et-les-premieres-femmes-medecins.pdf

À compter de 1884, Irma LeVasseur poursuivit ses études à Québec, au Couvent de Jésus- Marie de Sillery puis à l’École normale de l’Université Laval, tout en cherchant une institution qui lui permettrait d’acquérir une formation médicale complète. En 1893, les portes des universités canadiennes étaient fermées aux femmes. Faut-il préciser que depuis 1866, les femmes, au même titre que les criminels et idiots, n’étaient pas reconnues comme « personnes » par le nouveau code civil. À cette époque, un grand nombre d’hôpitaux refusaient leur présence dans les salles d’opération et de dissection.

Un journal de Kingston publie, en 1883, un extrait de l’ouvrage de Carlotta Hackers, The Indomitable Lady Doctors : « Peut-on imaginer exposer à tous les regards un corps nu admirable que depuis toujours la modestie nous presse de voiler discrètement ? De quel droit oserait-on discuter ouvertement des mystères du corps féminin en présence de jeunes gens et de jeunes filles ? Quoi de plus choquant, de plus disgracieux, voire de plus dégradant ? »

En avril 1921, Louis-Alexandre Taschereau, de dix ans l’aîné d’Irma, futur Premier Ministre du Québec, écrivait dans la Bonne Parole, IX-5, en réponse aux féministes qui réclament le droit de vote : « […] les mérites de la femme sont comme des salades qui, pour rester blanches, doivent se conserver dans l’obscurité. »

La jeune Irma se tourna vers le Bishop’s College de Montréal, institué par une charte royale en 1853 et affilié à l’Université d’Oxford et à l’Université de Cambridge. Cette institution avait d’abord porté le nom University of Bishop’s College et elle dispensait des formations en médecine, entre autres. L’enseignement avait débuté en 1845 et les premiers grades furent décernés en 1854. Dans la tradition des « humanités » anglo-saxonnes, l’université ne concernait que des premiers cycles. Mais, dans cette institution, l’enseignement clinique laissait à désirer.

La formation théorique ne permettait pas à elle seule la pratique médicale car des stages en milieu hospitalier s’avéraient obligatoires pour obtenir la licence de pratique du Collège des médecins.

Irma aurait pu faire des études médicales à Toronto ou à Kingston, aux Women’s Medical Colleges fondés en 1883 mais ces collèges ne furent amalgamés à l’Université de Toronto qu’en 1894. Comme aucune institution francophone ne lui offrait une formation complète en médecine et que l’urgence d’arracher des enfants à la mort la hantait depuis le décès de ses deux petits frères en bas âge, elle choisit de s’exiler pour réaliser son rêve.

Faut-il rappeler qu’aux États-Unis, les universités pour femmes ont été fondées au début du XIXe siècle, en réponse à un besoin d’éducation supérieure pour les femmes à une époque où elles n’étaient pas admises dans la plupart des établissements adéquats. L’Oberlin College est la première institution d’enseignement supérieur américaine à admettre des étudiants de sexe féminin (1837) et afro-américains (1835).

La fin du XIXe siècle aux États-Unis est marquée par l’importance accrue des établissements pour femmes, laquelle a engendré des emplois scientifiques pour les femmes ainsi que davantage de possibilités d’éducation. Par exemple, en 1880, l’astronome américaine Annie Jump Cannon put faire ses études au Wellesley College, Massachusetts, un des meilleurs établissements pour femmes du pays. Par contre, au Québec, les institutions d’enseignement supérieur pour femmes ne sont pas subventionnées, contrairement à celles dédiées aux garçons. Le judéo-christianisme aurait influencé les mentalités à l’avantage du sexe masculin. Monseigneur Louis-Adolphe Paquet, maître à penser de notre épiscopat québécois, claironnait en 1918, dans le Canada Français, que Saint Thomas avait raison d’attribuer à l’homme un intellect plus puissant. La même année, Laurent-Olivier David, sénateur et Chevalier de la Légion d’honneur, entérinait en recommandant de laisser nos « pauvres jeunes filles de 21 ans à leur piano, à leur broderie ou à leur dentelle, et surtout aux occupations qui les prépareront à devenir de bonnes et pratiques ménagères. »

Irma LeVasseur dut donc s’exiler aux États-Unis. Elle fut admise à l’Université Saint-Paul Minneapolis des Pères Sainte-Croix, au Minnesota, ville où demeurait un ami de son père, le Dr Canac-Marquis, lequel offrit une pension gratuite à Mlle LeVasseur. Anecdote : pour souligner l’anniversaire du fils du docteur, un grand dîner fut organisé, après lequel Irma, fidèle fille d’une mère cantatrice et d’un père musicien, interpréta de ses pièces favorites au piano et accompagna les chanteuses invitées.

Pendant sa formation universitaire, Irma découvrit le travail d’une femme exceptionnelle qui avait fondé à New York, en 1874, la première clinique pour femmes et enfants et qui reçut le prestigieux prix Boylston de Harvard en 1876. Il s’agissait de la Dre Mary Putnam Jacobi, militante, suffragette et l’auteure de plusieurs études soumises au programme. Cette femme fut la première admise à la faculté de médecine de Paris. Mis à part son livre titré Hysteria and Brain Tumor, ses études portaient principalement sur la médecine infantile et sur les « Women in Medicine ». Affectée au St. Mark’s Hospital, on lui reproche de prétendre avoir les mêmes droits que ses confrères médecins.

Irma put bénéficier de son savoir et de son expérience en tant que stagiaire dans différents hôpitaux de New York. La passion de la Dre Putnam Jacobi pour la santé des femmes et des enfants inspira fortement la carrière d’Irma.

De retour dans sa province après six ans d’étude et de stages, Irma fut consternée d’apprendre que Québec et Montréal étaient toujours privés d’hôpitaux pour les enfants francophones. À Montréal, le Montreal Foundling Baby Hospital, ouvert en 1891, ne recevait que des anglophones, tout comme le Children’s Memorial Hospital, inauguré treize ans plus tard. Or, à cette époque, un enfant sur quatre mourait avant l’âge d’un an. La pauvreté de plusieurs quartiers ouvriers, l’insalubrité, les problèmes d’alimentation, le fatalisme et les mentalités judéo-chrétiennes sont à l’origine de ce taux effarant de mortalité infantile. Hantée par l’urgence d’arracher les jeunes enfants à la mort, Irma entreprit les démarches nécessaires à l’ouverture d’un hôpital pour enfants dans sa ville natale. Mais, quelle ne fut pas sa déception de se voir refuser le droit de pratiquer sa profession par le Collège des médecins et chirurgiens du Québec ! En 1867, le Collège des médecins et chirurgiens du Québec avait obtenu le droit de définir les conditions d’admission aux études et celui de fixer les conditions d’accès à l’exercice de la profession. En général, les membres de la profession médicale jugeaient que les femmes n’avaient pas leur place en médecine, leur nature constituant un obstacle à l’étude et à l’exercice de cette profession. On alléguait même les cycles menstruels les affaiblissaient et les rendaient plus sensibles, voir même incapables d’assister ou de pratiquer une dissection anatomique. Ainsi, sa formation prise à l’étranger et l’exclusion des femmes de la carrière médicale jouèrent en sa défaveur. L’aspirante au CMCPQ devait passer un examen devant le Collège pour obtenir son droit de pratique. Irma s’adressa alors aux plus hautes instances en autorité provinciale par le dépôt d’un bill privé qui ordonnera au Collège des médecins de lui émettre un permis de pratiquer la médecine. La réponse ne fut pas immédiate.

Consciente de ses acquis et reconnue comme médecin aux États-Unis, Irma eut l’audace de se présenter au Congrès médical de l’Université Laval. Seule femme de l’assistance, l’animateur du congrès souligna la présence de « Mlle Irma LeVasseur », sans plus. Dans la salle somptueusement décorée, des places sont désignées devant chaque couvert. Irma n’est pas surprise de trouver, au bout d’une table, un carton réservé à Mlle Irma LeVasseur Québec, et, à sa droite, celui du Dre Triganne, de Somerset, le seul représentant des médecins francophones des États-Unis.

Les deux ténors de ce Congrès eurent une place de choix dans les journaux de la semaine suivante : Le Dr Brochu, animateur de cette convention fit la une des journaux, clamant sa promotion au poste de surintendant de l’Asile de Beauport. Une autre mention soulignait cette fois les mérites du Dr René Fortier, chargé d’enseigner la puériculture et la pédiatrie au dispensaire pour enfants logé à l’Hôtel-Dieu de Québec. Dans le Bulletin on put lire :

« Le Bulletin est spécialement heureux de se faire l’interprète de la Société médicale de Québec pour remercier cordialement tous les bienveillants confrères qui ont répondu à l’appel et plus particulièrement les distingués visiteurs de Montréal et d’ailleurs qui ont contribué si largement à rehausser l’éclat de ces réjouissances intimes ».

On y lisait aussi :

« Mlle le Dr LeVasseur, de Saint-Paul, Minnesota, fille de notre citoyen M. N. LeVasseur a bien voulu, par sa présence, rappeler à notre mémoire nos nombreux confrères de la grande République Américaine dans ce qu’ils ont de plus suave et de plus consolant, surtout le jour de notre fête nationale, nous voulons dire la « Canadienne aux jolis yeux doux, aux yeux si doux. » « Quelle ironie grossière ! » se dit Irma.

Faute de n’être accueillie favorablement par le Dr Fortier, Irma tenta de s’inscrire à la Faculté de médecine de l’Université Laval, comptant pouvoir se présenter ensuite devant le Bureau d’examinateurs du Collège des médecins, assurée d’obtenir les résultats souhaités. Or, l’accès à ces cours lui fut de nouveau refusé. Elle chargea donc son père de continuer d’intervenir auprès du gouvernement en son absence et repartit aux États-Unis, là où elle était reconnue comme médecin. Sur l’invitation de la Dre Putnam Jacobi, Irma entra travailler au St. Mark’s Hospital. « Je reviendrai avec un bagage que la majorité d’entre eux n’a pu s’offrir », se dit-elle. De fait, pas plus d’une douzaine, parmi les congressistes de juin dernier, possédaient un perfectionnement acquis à l’étranger. La Dre LeVasseur allait, auprès d’une des trois premières femmes diplômées en médecine aux États-Unis, trouver une compréhension sans précédent et bénéficier d’une expérience des plus enviables.

Convoquée, en décembre 1902, pour passer l’examen du Collège des médecins, elle dut revenir au Québec pour quelques semaines, dans l’attente des résultats. Or, l’Assemblée législative du Québec ne répondit à sa demande qu’en avril 1903. Aussitôt cette nouvelle reçue, elle s’empressa de rentrer chez elle pour offrir ses soins à l’enfance souffrante abandonnée par ses collègues. Une autre déception l’attendait : elle ne pouvait ouvrir son bureau avant que le Collège des médecins et chirurgiens du Québec l‘ait admise officiellement, ce qu’il ne fit que le 5 septembre. Des délais qui irritèrent Irma, tout autant que le manque d’ouverture des médecins contactés dans sa ville natale.

Présumant être mieux reçue par ceux de Montréal, elle s’y installa. Elle rencontra le Dr S. Lachapelle ainsi que des hygiénistes qui travaillaient auprès des nourrissons et des enfants illégitimes. Une façon élégante de l’écarter du corps professoral : il lui recommande d’aller se perfectionner en pédiatrie en Europe. La proposition demandait réflexion. Mais Irma ne reculait devant rien qui put lui donner accès à l’exercice de sa profession. Elle se rendit en Europe où elle séjourna deux ans, d’abord à Paris, pour se perfectionner en pédiatrie, auprès de Dre Madeleine Brès, réputée en France, avant de filer en Allemagne où elle y passera deux ans, de 1904 à 1906.

Juste avant de quitter son pays, Dre Irma fut invitée à donner une conférence devant un public. Certains de ses propos choquent. Devant un public composé principalement de collègues médecins dont le Dr Lachapelle, de doyens de facultés de médecines et de quelques religieuses œuvrant dans le monde hospitalier, la jeune conférencière déclara :

Cause qui m’est extrêmement chère, que celle du rôle d’éducatrice que la mère est appelée à jouer auprès de ses enfants. Cause de toute actualité parce qu’on commence maintenant à comprendre toute l’importance de la femme au foyer, et on lui fait faire des études plus sérieuses et plus complètes afin de la préparer à remplir dignement le rôle qu’elle est appelée à jouer. Une mère se doit à ses enfants.

Dans ce siècle d’émancipation, de revendications féminines, et d’affranchissement de bien des devoirs, cette loi de responsabilité n’a jamais été contestée. Au contraire, elle a été accentuée, et les liens de l’enfant et de la mère sont mieux compris et resserrés. C’est une loi qui est écrite au cœur en parfait accord avec celle de la nature et par conséquent peu sujette à être affectée par de simples considérations sociales. Toute femme, et surtout toute mère, devrait être plus ou moins médecin. Sa responsabilité lui impose une éducation spéciale et des connaissances étendues pour qu’elle soit à la hauteur de ses devoirs. Si ceci était compris, nous aurions beaucoup moins de dégénérescence et d’infériorité physique.

Si la place d’une femme est au foyer, elle y est surtout comme mère de ses enfants. Que ce mot de « mère » renferme de commandements, de sacrifices et d’amour ! Sa signification est infinie. La femme est née avec toutes les aptitudes nécessaires. Elle a une richesse d’intuition qui lui permet de comprendre l’enfant. De le deviner. On a dit avec raison : Le meilleur médecin de l’enfant, c’est la mère. En effet, c’est elle qui le suit pas à pas, qui épie ses moindres petites exigences, étudie ses dispositions et peut en percevoir les variabilités. Ajouter la science à l’intuition d’une mère afin qu’elle puisse comprendre le sens de ces observations et en tirer profit, c’est l’outiller pour remplir la plus noble et la plus intéressante des tâches au monde. Le foyer serait son royaume où, heureuse reine, elle puiserait toutes les satisfactions de l’esprit et du cœur en se dépensant d’une manière intelligente pour les êtres qui lui sont les plus chers. Je n’appuierai jamais assez sur cette qualité. L’enfant attend tout de celle qui lui a donné le jour et qui doit le diriger dans la vie, faire pousser droit ce roseau fragile. À part l’ignorance, il y aussi la faiblesse et la négligence qui peuvent faire manquer la mère à son devoir. Je fais allusion à ces petits défauts mignons, ces petits travers, cette légère difformité que peut présenter un bébé et qui sont perçus par certaines mamans comme un attrait de plus et qui ne les inquiètent guère. Si ces anomalies ne sont corrigées, soit par une fausse tendresse ou par l’aveuglement, elles pourraient devenir une source d’ennuis et même faire le malheur de l’enfant quand il sera plus vieux et qu’il comprendra son état. Cet enfant aurait raison alors d’adresser d’amers reproches à sa mère. Nous sommes nés avec l’idée du beau ; nous aimons bien paraître et voulons nous rapprocher le plus possible de l’idéal ; nous envions la stature des uns, l’élégance, le teint, l’air de santé des autres et, plus l’esprit est raffiné par l’éducation, le contact d’un milieu cultivé, plus les désirs sont exigeants, les aspirations élevées. Faisons en sorte de n’avoir jamais à regretter d’avoir, par notre ignorance ou notre négligence, marqué un être pour toute sa vie. Nous toutes qui sommes pleines d’aspirations qui nous rendraient si heureuses, reprit-elle, débordante d’aménité, nous pouvons dans une large mesure, il me semble, procurer aux enfants que nous aimons, ces avantages que nous avons désiré pour nous- mêmes. Et cette responsabilité de la mère commence déjà quand elle est jeune fille ; elle doit alors se renseigner, s’instruire sur ce qui peut influencer ses futures fonctions. Ce qui vaut la peine d’être fait vaut la peine d’être bien fait. Une partie de l’énergie, les longues heures dépensées aux travaux de fantaisie qui font tant d’anémiées parmi nos jeunes filles seraient beaucoup plus utilement employées à faire des provisions de connaissances pour le succès de leur grand rôle futur.

Des visages se renfrognèrent. D’autres s’illuminèrent. La Dre LeVasseur conclut : « C’est à nous, femmes, qu’incombe la tâche sublime d’éducatrice de ces petits êtres qui deviendront, si nous le voulons, l’orgueil de la famille et de la race. »

En juillet 1906, à son retour à Montréal, elle s’installa au 61 rue St-Hubert, dans un logement de trois pièces meublé. La nouvelle se propagea, les demandes de visites à domicile se multiplièrent. Avant d’ouvrir sa propre clinique, Dre LeVasseur se consacra bénévolement à ce qu’elle nommera : « l’œuvre des enfants ostracisés par la morale judéo- chrétienne ». Un cadeau pour les autorités de la Crèche de la Miséricorde qui célébrèrent l’événement comme un cadeau de la divine Providence. En échange du salaire des dix mois de travail, la jeune pédiatre proposa l’amélioration des soins d’hygiène, de l’alimentation, de l’espace accordé à chaque bébé et l’ajout de stimulations et de caresses de la part du personnel. Vœux qui provoquèrent l’indignation des autorités religieuses.

Toujours hantée par l’urgence d’offrir un hôpital à nos jeunes malades francophones, elle sollicita des dons et chercha l’appui de ses confrères, sans trop de succès. Le 20 mars de 1907, elle écrivit à la journaliste Françoise, journaliste à La Patrie, pour exprimer publiquement sa révolte de ne pouvoir offrir des soins hospitaliers aux nourrissons dont plus de 27 % décèdent en bas âge. Un espoir naquit quand, en mai suivant, répondant aux insistances d’Irma, une bénévole émérite, Mme Alfred Thibaudeau, parvint à réunir chez elle, dix personnes, dont quatre médecins et six dames qu’elle voulait intéresser à la fondation d’un hôpital pour enfants. La cordialité exprimée, les actes ne suivirent pas. Irma partit chercher dons et encouragements à New York, au Mount Sinai Hospital, où ses ex- collègues se montrèrent ravis et généreux. Sa valise alourdie par des instruments chirurgicaux de toute sorte, de la lingerie et des vêtements pour enfants, elle rentra à Montréal plus confiante que jamais. Pendant son absence, les bénévoles n’avaient pu cueillir que 200$. Dre Irma décida alors de visiter les écoles dès septembre, mais encore là, ses interventions furent contestées.

Irma fut touchée par l’œuvre de Jeanne Mance qui, tout en demeurant laïque toute sa vie, a mis sur pied l’hôpital de Ville-Marie devenu, en 1645, Hôtel-Dieu de Montréal. À son instar, elle espérait être soutenue financièrement, et fort généreusement, par des bienfaiteurs.

Un événement l’obligea à abandonner sa croisade dans les écoles. Le 8 novembre 1907, elle accueillit chez elle un petit moribond, le bébé Joseph Brisebois. C’était le début d’une grande aventure.

En dépit du manque d’appuis de ses collègues, elle avait reçu celui de plusieurs dames patronnesses. Par leur entremise, elle avait trouvé un grand logement au 644 de la rue St-Denis, prêté par Jean-Damien Rolland, le frère D’Euphrosine, une précieuse accompagnatrice d’Irma. L’endroit se prêtait à l’ouverture d’une clinique : L’Hôpital des enfants malades fit-elle graver sur une plaque à sa porte, en souvenir des stages effectués à Paris dans un hôpital ainsi désigné.

Bébé Brisebois présentait tous les symptômes d’une dysenterie et d’une pneumonie et exigeait une présence continue. De l’aide supplémentaire fut requise par la jeune pédiatre. Le 26 novembre 1907, Irma, référée par Mme Thibaudeau, se présenta à la porte de Mme Justine L. Beaubien, de retour d’un long voyage en Europe. Quelques jours plus tard, Justine rejoignait à l’équipe de la Dre LeVasseur.

Samedi, le 30 novembre 1907, avait lieu la visite des dames patronnesses dont certains membres de la famille de Justine. De par leur rang social et leur aisance financière, ces femmes furent d’un apport précieux pour la réalisation du rêve d’Irma de fonder un hôpital pour les enfants francophones. Les sept membres fondateurs réunis autour d’une table, Dre Irma et Justine invitèrent d’autres médecins à venir offrir leur service, ne serait-ce qu’à temps partiel.

Le 8 décembre, l’arrivée de nouveaux patients incita cinq autres médecins à se joindre à l’équipe. Les Drs J.C. Bourgoin, Zéphir Rhéaume et Séraphin Boucher, tous des médecins qu’Irma ne connaissait pas. L’absence du Dr Raoul Masson qui avait déjà manifesté un grand intérêt pour ce projet la chagrina. Sa déception fut d’autant plus grande que ce médecin, ancien assistant du Dr Lachapelle à la Crèche de la Miséricorde, avait reçu une partie de sa formation de pédiatre auprès des mêmes maîtres français que la Dre LeVasseur, les Drs Variot et Comby. Devant quelques regards suspects des médecins nouvellement arrivés, Mlle Rolland prit la défense d’Irma : « Dre LeVasseur est très bien équipée pour ouvrir un hôpital. D’abord, l’idée, c’est elle qui l’a eue. La compétence et l’expérience en pédiatrie, la détermination, le courage et la vision, c’est elle qui les a. »

Un premier comité se forma, Justine fut nommée présidente.

Les bonnes volontés ne suffirent pas pour équiper un hôpital. Des membres influents de l’équipe fondatrice se chargèrent d’amasser des fonds auprès des banquiers et des commerçants. Mlle Rolland convoqua, en ce 26 novembre 1907, quelques amies de pensionnat, épouses d’un médecin-chef, d’un sénateur, du président de La Presse et de l’important homme d’affaires, Louis de Gaspé-Beaubien.

Le 16 décembre au matin, plus de vingt femmes formèrent un cercle autour des deux patients du 644 St-Denis. Pour sa quatrième réunion hebdomadaire, l’Association des dames de l’Hôpital des Enfants avait recruté deux nouveaux membres.

Un Conseil d’administration fut formé, et Irma s’étonna de devoir insister pour en faire partie. Des comités et des sous-comités s’ajoutèrent.

Les Lacoste souhaitèrent une incorporation de l’hôpital dans les plus brefs délais.

Le 2 février, à la réunion des médecins, Dre LeVasseur apprit que son hôpital avait changé de nom. On parlait maintenant de l’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE. L’annonce officielle avait été prévue pour la première assemblée générale, soit en février 1908. Ce manque de respect affligea profondément la fondatrice. Un conflit éclata entre Justine et Irma.

Mme la Présidente du conseil d’administration exigeait que le bureau médical soit sous sa direction. Les médecins décidèrent de passer à l’action, avec ou sans son accord. Ils se regroupèrent en un cercle fermé pour discuter des nominations à chacune des deux catégories : les consultants et les visiteurs. Irma ne faisait pas partie de la liste des médecins consultants, même si elle était spécialisée en chirurgie et en pédiatrie. On la nomma médecin visiteur.

À l’unanimité, la présidence du Bureau médical, fut, conformément aux mœurs de l’époque, confiée à un homme et non pas à la fondatrice de l’hôpital. Le Dr Joseph-Edmond Dubé, qui, tout comme Irma, avait étudié la pédiatrie à Paris, fut élu. On souligna ses mérites : sa participation à la fondation du premier laboratoire bactériologique de Montréal, l’imposition de l’antisepsie dans la pratique chirurgicale, sans compter la mise sur pied des premières Gouttes de lait, cliniques offrant du lait frais et sans microbes aux familles les plus pauvres nourrissant leurs bébés au biberon. Le Dr Dubé pria les Drs Lachapelle, Hervieux, Cléroux, Parizeau et Boucher de former l’équipe des médecins consultants. Un autre affront envers la Dre LeVasseur qui en fut écartée.

Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine. Photo : Jean Gagnon, CC BY-SA 3.0.

Le bureau d’administration et le bureau médical ne s’entendaient plus.

Le 15 février, Dre Irma quitta l’hôpital et Montréal, pour deux raisons : d’abord pour avoir été évincée du conseil d’administration, accusée de manquer de sens des affaires. Il est fort probable que sa présence comme médecin au milieu de femmes non formées en médecine devenait gênante. D’autre part, il sembla inacceptable pour Irma de se voir confinée au dispensaire sous l’égide des professeurs de médecine de l’Université Laval, laquelle n’admettait pas les femmes. Justine approuva sa décision de partir en toute discrétion et elle lui fit une promesse : « Sachez, Irma, que malgré mes maladresses je vous estime beaucoup. Vous avez donné un sens à ma vie. En retour, je prie la Vierge Marie de vous protéger. Vous pourrez toujours compter sur moi. »

Dre Irma retourna travailler à New York à la mi-mai. À l’instar du Mount Sinai, le St. Mark’s Hospital accueillit la jeune doctoresse avec enthousiasme. Ce ne fut pas sans émotion qu’elle en longea les corridors, serrant la main des infirmières encore en place, saluant des collègues médecins.

Irma fut engagée au Bureau de santé de la ville. Deux missions lui furent confiées : des recherches en laboratoire sur les causes des maladies infantiles et la rédaction d’un guide de santé pour les parents et leurs enfants. À ces tâches, elle ajouta d’autres recherches au St. Mark’s Hospital où elle avait déjà travaillé.

En mai 1915, répondant à un appel lancé aux médecins canadiens, Dre LeVasseur quitta New York pour aller travailler en Serbie auprès des malades atteints du typhus. Le Dr Albiny Paquette témoigna ainsi de son courage :

Irma Levasseur s’installe à Kraguyevatc [Serbie] et procède à l’immunisation de la population au rythme de mille par jour. Elle a pour l’aider quatre prisonniers de guerre autrichiens, qui agissent comme infirmiers. Elle organise un hôpital de fortune dans la ville, les malades privés de lits couchent par terre. Les médicaments sont rares, le bateau qui nous en apportait a été coulé dans la mer Égée. Elle est débordée par une situation intenable, travaillant sous un bombardement quotidien, doit faire creuser de larges fosses où les morts sont empilés par centaines. C’était une femme d’action et d’une énergie extraordinaire. En 1918, tout le pays et la Macédoine où je peinais aux mêmes tâches, devint occupé par les Autrichiens et les Bulgares. Il fallut abandonner la partie et ce fut l’exode vers la mer, dans le plus affreux des désordres. Je n’ai pas revu Irma LeVasseur, et j’ignore comment elle a réussi à sortir des Balkans et à survivre à tant de privations et d’horreurs.

Dre LeVasseur avait dû transformer une usine abandonnée et une école délabrée en cliniques d’urgence. Après un an de résistance aux ordres répétés de quitter Milanovats et d’y abandonner les vieillards et les grands malades, elle fut traînée en pleine nuit dans une prison pour femmes gérée par l’armée austro-allemande. Une prison bondée de civiles serbes séparées de leurs enfants et de leurs maris. Des soldats autrichiens les conduisirent jusqu’au Monténégro, d’où un navire les ramena en Angleterre ou en France. Irma quitta la Serbie, un an plus tard que ses collègues médecins, après quoi elle travailla comme médecin militaire pour la Croix-Rouge, d’abord en France ensuite à New York jusqu’en 1922, alors prête à ouvrir un hôpital dans sa ville natale.

Cette fois, un entretien avec le Dr Fortier, si bref fut-il, insuffla à Irma l’espoir d’ouvrir un hôpital pour enfants à Québec. Tous deux se réjouirent des remarquables progrès apportés par le gouvernement provincial : le Service d’hygiène de la province du Québec, d’une part et, d’autre part, la Loi de l’assistance publique. Cette loi décrétait que les coûts d’hospitalisation des indigents seraient partagés à parts égales entre l’État, les municipalités et les institutions, sous forme de services. Cette clientèle serait au cœur des préoccupations d’Irma et du Dr Fortier. C’est alors qu’Irma investit ses économies pour acquérir l’édifice Sheyn, sur la Grande-Allée (près de l’actuel Complexe G). Elle y fonda en 1923 un hôpital pour enfants, en collaboration avec le Dr René Fortier, le seul pédiatre à Québec, et le Dr Édouard Samson, orthopédiste. Madame Georges Tessier fut chargée de la présidence ; Mme Philippe Landry, de la vice-présidence ; Mme Girouard du secrétariat et Mme Maximilien McKay, de la trésorerie.

Le 25 septembre, les quatre premières bénévoles avaient emmené leur recrue : Mmes Jules Girouard, Camille Pouliot, Dionne-Labrèque et Mlle Esther Belleau. Elles furent huit à monter des piles de couches, de draps et de piqués cousus. Les tricoteuses furent submergées de compliments pour leurs « chef-d’œuvre ». Les joignirent, le Dr Albert Paquet, chirurgien, le Dr Joseph Vaillancourt, oto-rhino-laryngologiste et le Dr Émile St- Hilaire, omnipraticien. À ces indispensables collaborateurs s’ajouta M. le juge Philippe- Auguste Choquette qui acceptait de dispenser ses précieux conseils aux administrateurs de cet hôpital.

Tel que prévu, le 31 janvier, le dispensaire de l’Hôpital des Enfants Malades ouvrit ses portes. À la mi-avril, une demande d’incorporation fut faite et les lettres patentes arrivèrent. Hélas, tout comme à Montréal en 1907, quelqu’un (le Dr Fortier et Me Choquette) changèrent le nom de son hôpital : Hôpital de l’Enfant-Jésus, telle fut sa désignation lors de la bénédiction de l’hôpital. Vint le moment de nommer les membres du conseil d’administration et du Bureau de direction. Mme Georges Tessier fut élue présidente ; Mme Camille Pouliot, vice-présidente ; Mme J.-E. Girouard secrétaire ; et Mme J.M. Mackay, trésorière. Le juge Choquette dévoila le nom des directeurs : Mmes Philippe Landry et Joseph Sirois, auxquelles s’ajoutèrent le juge Pierre d’Auteuil et M. Frank Byrns. A cet Exécutif de neuf membres furent donc confiées les destinées administratives extérieures proprement dites de l’Hôpital. Nulle mention de la Dre LeVasseur qui dut implorer comme une faveur d’être du nombre des directeurs. À son insu, des démarches furent prises afin que la direction de cet hôpital soit confiée à une communauté religieuse. Dre Irma refuse l’engagement de toute communauté qui n’avait pas d’expérience dans les hôpitaux, même si elle était sous l’autorité des médecins.

Les différends s’additionnèrent et des vœux furent émis en défaveur du 55 Grande-Allée comme édifice propice à un hôpital pédiatrique.

Me Choquette exigea également que tous les comptes perçus à date par Mlle LeVasseur soient laissés sur le bureau et il annonça que la Corporation ne s’engageait en aucune manière à les accepter, et encore moins à les payer. Indisposé par son manque d’esprit rassembleur et par son caractère tranchant, on cherchait des motifs de l’écarter de l’équipe médicale.

Madame la Présidente du conseil d’administration réclama la formation d’un bureau de surveillance et d’administration de l’Hôpital. Ce bureau devait veiller à tout l’ensemble du fonctionnement de l’hôpital et il devait s’entendre avec le Bureau médical. De plus, la communauté des Sœurs Dominicaines de l’Enfant-Jésus fut approchée et dut mettre par écrit les conditions de leurs services, afin que le Bureau de direction puisse en prendre considération et décider des arrangements requis.

Irma se sentit trahie.

Elle admit toutefois que les activités lucratives prévues et les argents de l’Assistance Publique ne pourraient être affectés au paiement des dettes accumulées. Déjà que ces sommes risquaient de ne pas suffire aux besoins quotidiens… Nul ne savait quand elles rentreraient et combien elles totaliseraient. Du coup, les avoirs personnels d’Irma fondirent. Il ne lui restait plus que cent dollars à son actif.

Le 19 mai, au Dr René Fortier, pédiatre, fut confiée la présidence du Bureau médical ; à Albert Paquet, chirurgien général, la vice-présidence ; à Joseph Vaillancourt, oto-rhino- laryngologiste, le secrétariat. Bien que n’arborant pas le prestigieux titre de professeur en faculté de médecine, Willie Verge, omnipraticien et chirurgien, assumera le rôle d’assistant-secrétaire. La fondatrice, elle, fut exclue de l’Exécutif.

À ces quatre médecins revint le privilège de nommer les membres du Bureau médical avant la prochaine assemblée. D’autres responsabilités leur furent dévolues, celles du président en premier lieu : le Dr Fortier rédigera la constitution et les règlements qui régiront le personnel médical et toutes ses activités professionnelles. Il devra les présenter aux membres de la Corporation à l’assemblée prévue pour le 26 mai. Trois jours plus tard, constitution et règlements furent acceptés à l’unanimité. Irma avait l’impression de régresser. À quoi bon la désigner membre du Bureau médical si elle est confinée au statut de médecin résident ? Pourquoi ne pas lui avoir attribué le poste de Chef de service ?

Le Dr Fortier l’informa de son manque d’esprit rassembleur…

En juin, Mère Prieure Générale des Dominicaines de l’Enfant-Jésus consentait à prêter trois de ses religieuses, à titre d’essai. Les ententes stipulaient qu’on doive verser à chacune d’elles vingt dollars par mois. De ce fait, les religieuses devenaient les mieux payées de l’Hôpital alors que la majorité des médecins et spécialistes travaillaient bénévolement.

Lors d’une des dernières assemblées du conseil d’administration, Dre LeVasseur fut nommée Médecin résident de l’Hôpital, et elle ne devait s’occuper que de soins médicaux sous la direction du Bureau médical. Toute activité administrative était, dorénavant, hors de ses attributions. De plus elle devait s’entendre avec le Dr Fortier pour les devoirs à remplir à l’Hôpital.

Tôt dans la matinée du 20 juin, sœur Gérard-Majella recevait des poignées de main et des félicitations, le conseil d’administration lui avait confié l’autorité suprême de diriger l’hôpital, excepté la partie médicale. Mme Sirois rendait officiel le congédiement d’Irma du Comité et de l’Hôpital de l’Enfant- Jésus à compter du 29 août. La réaction de la fondatrice ne tarda guère.

Le 20 août 1923

« Membres de la Corporation de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus Membres du Bureau médical. Le 15 août 1923, la Corporation m’ordonnait de me retirer du Comité et de quitter MON Hôpital. Cet hôpital qui existe dans ma maison depuis huit mois. Nous vous y avons accueillie par ce que vous manifestiez le goût de continuer, avec moi et mes deux amis, les Drs Fortier et Samson, l’œuvre d’hospitalisation des enfants malades pauvres que nous avions commencée, en janvier. Voilà que maintenant, vous me montrez la porte.

Laissons au public, à nos bénévoles, aux familles de nos patients et aux générations futures de juger de l’absurdité d’une telle directive.

Vous me donniez deux semaines pour quitter MON hôpital. En mon droit de propriétaire de cette maison, je vous accorde un mois et dix jours pour partir, à moins que la Corporation consente à licencier certaines de ses membres et que je puisse reprendre mes droits et mes fonctions dans cet hôpital que j’ai fondé avec mes collègues ci-haut nommés.

Dre Irma LeVasseur. »

Quatre dames réitèrent leur fidélité à Irma.

D’autre part, le 29 août, compte tenu de la complexité et de la lenteur des négociations pour la construction d’un hôpital sur le terrain des Sœurs Dominicaines de l’Enfant-Jésus, la Corporation s’était mise en quête d’un logis capable de recevoir plus de trente jeunes hospitalisés en plus des sept religieuses et d’une douzaine d’infirmières. À la mi- septembre, aucune résidence disponible ne répondait encore à de tels besoins.

Ce samedi 29 septembre, le Dr Fortier avait été délégué par le Bureau médical et le conseil d’administration, pour finaliser le transfert des dossiers et des patients avec la Dre LeVasseur, dans la soirée de vendredi. Mmes Tessier et McKay avaient été choisies pour assister Irma et ce, jusqu’à ce que l’équipe de l’hôpital de l’Enfant-Jésus ait quitté le 55 Grande-allée. Les bonnes relations entre ces deux pédiatres d’un commun idéal rendirent cet exercice fort éprouvant.

Ils étaient huit à relancer les espoirs de la pédiatre invincible. Huit petits dont les souffrances faisaient oublier les difficultés des quatre derniers mois. Pas un jour ne passait sans que des enfants soient emmenés au dispensaire. Les médecins associés à l’Hôpital des Enfants Malades assumaient chacun une journée, Irma les trois autres. Françoise Salter, infirmière formée pour les visites à domicile, revint offrir ses services à la Dre LeVasseur. Elle devait reprendre sa tâche dès qu’une autre infirmière aurait été embauchée pour seconder les médecins.

En mai 1925, dans des salles plus petites, l’Hôpital des Enfants Malades avait trouvé un modus vivendi en attendant l’argent nécessaire pour rehausser de deux autres étages cette maison semi-détachée. La Loi de l’assistance publique exigeant un nombre minimal de quarante lits pour accorder son aide financière, cet agrandissement s’imposait. Le jumelage des services externes et internes de l’Hôpital des Enfants Malades le réclamait aussi. Plusieurs pièces devant se prêter à de multiples fonctions, l’encombrement devenait non moins prévisible que déplorable.

La perte de la maison Shehyn qui n’avait pas trouvé preneurs avant le 1er janvier 1925 vint en tête de cette liste d’épreuves. Le 7 du même mois, Irma LeVasseur dût rendre sa maison de la rue 55 Grande-Allée à la succession Sheyn qui, de plus, fit saisir cinquante de ses actions de Bell telephone Co. Par la voix des journaux, Irma apprenait, outrée, que six semaines plus tard, cette résidence avait été revendue pour vingt-deux mille dollars.

Comme si un malheur ne venait jamais seul, les deuils se succédaient, à commencer par celui de Nazaire, décédé le 8 novembre 1927, d’un accident vasculaire cérébral foudroyant. Cinq semaines plus tard, une tragédie réduisait en cendres l’hospice Saint-Charles, causant la mort de trente-cinq enfants dont une petite cousine LeVasseur. L’année suivante Rose-Lyn, sa tante maternelle décédait avant qu’Irma n’ait pu la revoir. Ce vide allait s’amplifier par la perte de sa tante Angèle en plein milieu de juin 1924. Une peine abyssale, à certains jours. Après trois ans de difficultés incommensurables sur la rue Saint-Vallier et un court passage de onze mois sur la rue Gamelin, la Corporation de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus trouvait l’édifice rêvé pour l’hôpital pédiatrique qu’Irma avait cofondé en 1923 : un ancien juvénat du Chemin de la Canardière. Ce même 14 mars 1927, sous l’influence de la présidente de la Corporation et de celle des généralistes et des non-pédiatriques, l’Hôpital de l’Enfant-Jésus déviait du but unique de sa fondation en ouvrant ses portes aux adultes. Le désir de rivaliser avec d’autres sommités médicales primait sur l’esprit qui avait animé les trois cofondateurs en 1923 : le soin des enfants malades, pauvres et infirmes.

« Pourtant, la clientèle ne manque pas, les listes d’attentes s’allongent d’année en année » avaient révélé les rapports annuels. Le Dr Fortier avec qui Irma était demeurée en contact ne lui avait pas caché son chagrin : « D’autres mains et d’autres ambitions personnelles ont pris le gouvernail et on dirait que pour ces gens la mort prématurée de nombre d’enfants est devenue moins lamentable qu’en 1923. Je ne trouve pas les mots pour vous exprimer ma déception, chère Irma. »

De la Dre Maude Abbott, son amie et confidente, Irma reçut une lettre à la fois bouleversante et encourageante : Maude avait frôlé la mort au cours de l’été. Heurtée par un motocycliste en traversant l’avenue des Pins en face de l’Hôpital Royal Victoria, elle avait subi d’importants dommages au cerveau. Repos et bons soins ne lui avaient pas encore apporté la guérison complète. Dans sa lettre postée à la mi-octobre, elle confiait à Irma :

Le corps récupère moins vite à soixante ans qu’à vingt ans et les efforts pèsent davantage. Ma convalescence m’a tout de même permis de préparer mon History in the Province of Quebec. Je prévois le publier dans deux ans. Je me demande encore comment, à travers mes multiples tâches, j’arriverai à compléter celle qui me tient le plus à cœur. Je n’ai pas mis tout ce temps et cette énergie dans mes recherches sur les problèmes cardiaques des nouveau-nés pour que cette étude se retrouve en publication posthume… et signées par un monsieur…comme ça s’est déjà vu. On a tellement de misère, au Canada surtout, à être considérées à l’égal de l’homme. Tu as remarqué ? En février 1928, le projet de loi sur le suffrage féminin était rejeté par l’Assemblée législative du Québec malgré la pression d’un grand nombre de regroupements ; un an plus tard, aucun progrès, même refus.

Du côté des universités, l’ouverture aux femmes se fait au compte-gouttes et avec combien de restrictions discriminatoires. Tu te souviens du cas de Marie Sirois ? À la première femme diplômée de l’Université Laval, admise en 1904, on a livré son Certificat d’études littéraires par la poste, l’ayant exclue de la collation des grades accordée à ses confrères.

Le Montréal francophone marque un point avec l’admission d’une femme à sa faculté de médecine ; au printemps prochain, notre belle Marthe Pelland sera la première diplômée en médecine de l’Université de Montréal. Faut-il croire que, contrairement à ce que le vice-recteur de l’université craignait, Mlle Pelland n’a pas trop « troublé le climat social dans la faculté » par sa féminité. Quels préjugés entretiennent ces grands penseurs à notre endroit alors que souvent les filles sont des modèles d’application et de sérieux dans leurs études !

Je vois qu’un projet n’attend pas l’autre pour toi. Quelle garantie de santé mentale ! Je ne suis pas surprise que tu pousses sur le gouvernement pour qu’il mette en place des moyens concrets d’instruire nos enfants intelligents qui doivent vivre avec un handicap. C’est très audacieux de ta part. Je reconnais là l’instigatrice que tu as toujours été. Peut-être trouveras-tu un appui sérieux auprès d’un organisme dont je veux te parler : La ligue de la Jeunesse Féminine qui aura sa filiale à Québec d’ici quelques semaines, d’après ce que relatent les journaux. Cette association a été fondée vers les années 1926 par Thérèse Casgrain, l’épouse de M. Pierre Casgrain, avocat et homme politique. Une grande militante suffragette. Elle s’est jointe à Lady Drummond et à Mme Henri Gérin-Lajoie pour travailler à la promotion des droits de la femme. La Ligue de la Jeunesse Féminine est inspirée d’un modèle américain voué à soulager la misère des moins fortunés. Elle me semble toute désignée pour se dévouer à tes causes.

Je t’admire, Irma

Ta toute fidèle,

Maude

L’emménagement sur la rue Artillerie avait nécessité une diminution du personnel et du nombre d’enfants hospitalisés. En attendant d’agrandir cette maison, trois médecins assuraient une présence au dispensaire et les soins d’une dizaine d’enfants hospitalisés.

Les cas spéciaux étaient confiés à des spécialistes rattachés à d’autres équipes médicales. Les Drs Thibaudeau et Giasson ne venaient plus que sur appel. Les bénévoles étaient passés de dix-huit à neuf.

Les deux infirmières, Mlles Salter et Laroche touchaient un salaire décent. Mme Bessette, une dame dans la quarantaine, corpulente et des plus attentionnées, habitant non loin de l’hôpital, s’était récemment ajoutée au groupe de bénévoles. La Dre LeVasseur, entourée d’un conseil d’administration fidèle, savourait l’ambiance harmonieuse et pacifique de son Hôpital. Le Dr Dussault, demeurait président du Conseil d’administration,

À compter de décembre, l’Hôpital des Enfants Malades avait son conseiller juridique : Me Edgar Rochette, le président même du jeune Barreau de Québec. Un avocat exceptionnel. Cet homme formé à l’Université Laval, avait parfait sa formation dans les Universités d’Oxford et de Grenoble. Il était député dans Charlevoix-Saguenay et écrivain. Que demander de mieux ?

Le 14 décembre 1932, Irma tergiversait. Il n’y avait pas que ses obligations qui justifieraient son refus de participer au vingt-cinquième anniversaire de la fondation de l’Hôpital Sainte- Justine. Ce qu’était devenu cet hôpital la réjouissait quand elle pensait aux milliers d’enfants qui y avaient retrouvé la santé. Mais comment demeurer branchée que sur cette perspective dans le contexte d’une célébration où le faste risquait de donner le ton au jubilé ? Comment occulter le souvenir de certains événements vécus dans la douleur et l’offense ? Comment s’habiller le cœur d’allégresse en donnant la main à nombre d’ouvriers de la première heure qu’elle avait dû quitter tête basse ? Sa présence à cette commémoration ne l’exposait-elle pas au ressac des épreuves vécues au cours des vingt- cinq dernières années ? Une plaie qui pourrait être difficile à cicatriser. L’idée du refus s’avérait libératrice mais elle exigeait de trouver les mots pour le justifier.

Québec, le 15 décembre 1932

Madame L. De G. Beaubien

Présidente du Conseil d’administration Hôpital Sainte-Justine

Montréal

Chère madame,

Je suis très sensible à votre aimable invitation d’assister à la célébration des fêtes du vingt-cinquième anniversaire de la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine. Mais j’ai le regret de ne pouvoir me rendre à votre désir ; des circonstances incontrôlables ne me permettent pas de m’absenter de Québec en ce moment et de m’accorder ce plaisir.

Soyez assurée tout de même que ma pensée sera avec vous et avec toutes ces autres amies de l’enfance qui vous secondent.

Il y a bien des semaines que j’y songe à cette date mémorable où vous pourrez avec orgueil contempler les progrès accomplis avec la réalisation de ce beau rêve d’hôpital d’enfants pouvant rivaliser avec les plus célèbres. Ce glorieux monument édifié avec enthousiasme, témoignage de courage et de persévérance, d’amour et de compréhension d’une grande cause, commande l’admiration et la reconnaissance de tous.

Vos succès, je souhaite qu’ils se succèdent toujours de plus en plus beaux, car je me plais à croire que nous sommes tous convaincus qu’il n’en sera jamais assez fait pour les enfants.

Veuillez agréer, chère Madame la Présidente, ainsi que les membres du Conseil d’Administration, l’hommage réitéré de ma sincère gratitude et de ma très grande considération.

Dre Irma Le Vasseur

En moins de quinze jours, un deuxième courrier en provenance de l’Hôpital Sainte-Justine était livré au 85 rue Artillerie. La destinataire éventra l’enveloppe, y trouva une feuille pliée en trois et signée : L’ADMINISTRATION DE L’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE.

Mademoiselle Irma Levasseur 85, rue Artillerie, Québec.

Chère Mademoiselle Levasseur,

Nous avons vivement regretté votre absence lors des fêtes du 25e anniversaire de la fondation de l’hôpital ; vous auriez été si intéressée à constater les progrès de cette œuvre, dont vous avez lancé l’idée première.

Nous vous remercions des paroles aimables que vous avez eues à l’endroit du bien accompli par notre maison. Au déjeuner qui réunissait 150 personnes des débuts de Sainte-Justine et des comités actifs actuels nous avons fait lecture de la lettre que vous nous adressiez à cette occasion et des applaudissements chaleureux ont témoigné de l’appréciation qui lui était donnée.

« De toute manière, la simple politesse commandait des applaudissements », considérait Irma avec une froideur à la limite du stoïcisme. Les lignes suivantes la laissèrent perplexe et déçue.

Malheureusement, un correspondant à qui nous avions passé cette lettre pour publication dans son journal, l’a égarée. Comme nous tenons à la conserver avec nos archives, nous nous permettons de vous demander si vous n’en auriez pas la copie puisqu’elle a été calligraphiée et si vous auriez l’obligeance de nous en adresser un exemplaire.

Ce faisant vous nous obligerez grandement et d’avance nous vous remercions.

L’ADMINISTRATION DE L’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE.

La secrétaire

Une fois de plus, on occultait son titre de médecin et on ne respectait pas l’orthographe de son nom de famille. Au fil des décennies, le destin d’Irma semblait emprunter une tangente plus positive. À cinquante-six ans, le quotidien de la docteure au milieu de ses jeunes patients, du personnel hospitalier, de ses proches et des bénévoles lui procurait de grandes satisfactions. Non pas qu’elle eût renoncé à tout projet, mais elle les dosait mieux et s’entourait de conseillers sympathiques et judicieux. Ainsi, son désir d’accorder la priorité aux enfants nés avec un handicap physique dans son hôpital ayant traversé toutes les étapes de la mise en place, Irma était prête à en présenter le plan aux autorités gouvernementales et civiles. L’édifice avait besoin de réparations et d’agrandissement. Me Edgar Choquette était mandaté pour défendre cette cause et suggérer des prises de position concrètes pour obtenir du financement. L’une d’elle allait faire la une des journaux de la ville le 19 décembre 1932 : une délégation de dix femmes et de deux hommes, la Dre Irma LeVasseur en tête, se rendait au bureau du maire de Québec pour se plaindre de son mutisme malgré de nombreuses lettres adressées à son nom, et pour réclamer ce que la Charte l’autorisait de faire : une exemption de taxes en tant qu’institution au service des enfants pauvres et malades, ouverte depuis quatre ans.

Le 23 janvier, un certificat de conformité émis par le protonotaire de la ville leur était porté par messager. « Un cadeau qui arrive à point ! » s’écria Irma à trois jours de son cinquante- septième anniversaire de naissance. Une bouffée d’espoir pour toute son équipe.

Or, l’espoir d’obtenir un support financier de la Ville était quotidiennement déçu. Avec l’appui de son conseil, Irma rédigea une lettre que les douze délégués de décembre signèrent et qu’elle fit porter au nouveau maire. La réponse se faisait attendre.

Plus d’une fois déçue par les vaines promesses des autorités gouvernementales, Irma se tourna vers un organisme apolitique, voué aux œuvres charitables, pour concrétiser un autre de ses rêves : une école pour les enfants infirmes mais aptes aux études.

Le 15 avril 1935, lors d’une réunion spéciale, la Dre LeVasseur présentait son projet aux membres de la Ligue de la Jeunesse Féminine de Québec. Les propos de cette femme qui, depuis dix ans, consacrait son savoir, ses énergies et tous ses avoirs au soin de ces enfants, les touchèrent profondément. Leur accueil dépassa toute espérance. Après cinq ans de dévouement au sein d’œuvres sociales, les femmes et les jeunes filles de la Ligue avaient été témoins des conditions alarmantes dans lesquelles vivaient ces enfants.

En quelques semaines, la Ligue dénicha un local dans un édifice du Vieux-Québec, occupé par l’œuvre de la Protection de la Jeune Fille, à l’angle des rues Sainte-Ursule, Sainte- Angèle et Dauphine. Le Foyer pouvait accueillir une vingtaine d’élèves. Un processus de recrutement fut mis en place : en plus des visites à domicile et des enquêtes effectuées par les membres de la Ligue, des annonces en chaire furent faites le dimanche pour informer les parents de l’existence de cette école. L’efficacité de cet organisme impressionna Irma. Le sérieux avec lequel chaque admission fut traitée, examen médical et psychiatrique de l’enfant inscrit, méritait toute sa confiance et son respect. L’œuvre prenait le nom de « Comité de secours des enfants infirmes ». (Cette école deviendra le Centre Cardinal Villeneuve). Le 23 octobre, Irma n’était pas peu fière d’assister à l’inauguration officielle de cette école dont elle rêvait depuis plus de dix ans pour sa clientèle de prédilection.

En cette même année 1935, à l’Université Laval, plusieurs boudaient la nomination d’une femme au sein du personnel enseignant. Or, cette femme, Agathe Lacourcière-Lacerte, avait obtenu un baccalauréat aux États-Unis, fait des études à la Sorbonne et détenait un doctorat en lettres de l’Université de Madrid, des compétences dont peu de collègues masculins pouvaient se glorifier. Ce combat mené par Irma quarante ans plus tôt la rendit empathique envers Mlle Yvette Brissette, cette jeune Québécoise, la première Canadienne française diplômée en médecine de l’Université Laval. Il lui tardait de la féliciter personnellement et de lui promettre un appui inconditionnel.

Le 2 septembre 1940, à la mort de Maude Abbott, un livre venait de se refermer à tout jamais sur la descendance de Jeremiah Babin et de Elizabeth Bayley Abbott.

Au service de l’Armée canadienne, Dre LeVasseur était chargée de la formation de ses recrues. Quelle ne fut pas sa joie de retrouver, pour la seconder dans son travail, nulle autre que la Dre Yvette Brissette Larochelle.

Au beau milieu de l’été 1942, une lettre certifiée en provenance d’une firme d’avocats, adressée à Mlle Irma LeVasseur et à Paul-Eugène LeVasseur, créa une onde de choc : sa mère, Phédora Venner avait laissé un héritage. Elle avait vécu sous le nom de Dora Wheeler au Colorado, avait fait son testament à Denver et son avocat étant décédé peu de temps après, tous ses dossiers avaient été transmis à son successeur qui semblait n’avoir pas fait preuve de diligence… Puis la guerre est arrivée… Une somme de 25 000$ devait être remise à ses deux enfants quand toutes les quittances seraient réglées.

Supportée par cet héritage, au printemps 1946, Irma demanda un permis pour agrandir son Hôpital. Les coûts s’élevaient à 5 000$. Les travaux ne débutèrent, hélas, que deux ans plus tard et ne furent tout à fait terminés qu’au printemps 1950.

Année mémorable : une lettre du Cercle des Femmes universitaires du Québec apprenait à Irma qu’une fête se préparait au Collège Jésus-Marie, où elle avait fait ses études secondaires, pour souligner ses cinquante ans de vie professionnelle.

Un mot de Mme Justine Lacoste-Beaubien lui était adressé une semaine plus tard pour la supplier de se prêter à cette reconnaissance publique. Me Jeanne d’Arc LeMay, présidente de l’Association des Femmes universitaires, la mit au parfum des efforts déployés pour la réussite de cet événement et lui révéla le nom de quelques personnalités qui avaient promis d’y assister. La présence assurée du ministre Albiny Paquette et l’implication des Dres Françoise Lessard et Marguerite Dion eurent raison de ses réticences.

NOTE : Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Invitée : Pauline Gill, romancière. Source : https://fondationlionelgroulx.org/sites/default/files/documents/151103-Conference-Figures-marquantes-Irma-LeVasseur-et-les-premieres-femmes-medecins.pdf

Cette fois, un entretien avec le Dr Fortier, si bref fut-il, insuffla à Irma l’espoir d’ouvrir un hôpital pour enfants à Québec. Tous deux se réjouirent des remarquables progrès apportés par le gouvernement provincial : le Service d’hygiène de la province du Québec, d’une part et, d’autre part, la Loi de l’assistance publique. Cette loi décrétait que les coûts d’hospitalisation des indigents seraient partagés à parts égales entre l’État, les municipalités et les institutions, sous forme de services. Cette clientèle serait au cœur des préoccupations d’Irma et du Dr Fortier. C’est alors qu’Irma investit ses économies pour acquérir l’édifice Sheyn, sur la Grande-Allée (près de l’actuel Complexe G). Elle y fonda en 1923 un hôpital pour enfants, en collaboration avec le Dr René Fortier, le seul pédiatre à Québec, et le Dr Édouard Samson, orthopédiste. Madame Georges Tessier fut chargée de la présidence ; Mme Philippe Landry, de la vice-présidence ; Mme Girouard du secrétariat et Mme Maximilien McKay, de la trésorerie.

Le 25 septembre, les quatre premières bénévoles avaient emmené leur recrue : Mmes Jules Girouard, Camille Pouliot, Dionne-Labrèque et Mlle Esther Belleau. Elles furent huit à monter des piles de couches, de draps et de piqués cousus. Les tricoteuses furent submergées de compliments pour leurs « chef-d’œuvre ». Les joignirent, le Dr Albert Paquet, chirurgien, le Dr Joseph Vaillancourt, oto-rhino-laryngologiste et le Dr Émile St- Hilaire, omnipraticien. À ces indispensables collaborateurs s’ajouta M. le juge Philippe- Auguste Choquette qui acceptait de dispenser ses précieux conseils aux administrateurs de cet hôpital.

Tel que prévu, le 31 janvier, le dispensaire de l’Hôpital des Enfants Malades ouvrit ses portes. À la mi-avril, une demande d’incorporation fut faite et les lettres patentes arrivèrent. Hélas, tout comme à Montréal en 1907, quelqu’un (le Dr Fortier et Me Choquette) changèrent le nom de son hôpital : Hôpital de l’Enfant-Jésus, telle fut sa désignation lors de la bénédiction de l’hôpital. Vint le moment de nommer les membres du conseil d’administration et du Bureau de direction. Mme Georges Tessier fut élue présidente ; Mme Camille Pouliot, vice-présidente ; Mme J.-E. Girouard secrétaire ; et Mme J.M. Mackay, trésorière. Le juge Choquette dévoila le nom des directeurs : Mmes Philippe Landry et Joseph Sirois, auxquelles s’ajoutèrent le juge Pierre d’Auteuil et M. Frank Byrns. A cet Exécutif de neuf membres furent donc confiées les destinées administratives extérieures proprement dites de l’Hôpital. Nulle mention de la Dre LeVasseur qui dut implorer comme une faveur d’être du nombre des directeurs. À son insu, des démarches furent prises afin que la direction de cet hôpital soit confiée à une communauté religieuse. Dre Irma refuse l’engagement de toute communauté qui n’avait pas d’expérience dans les hôpitaux, même si elle était sous l’autorité des médecins.

Les différends s’additionnèrent et des vœux furent émis en défaveur du 55 Grande-Allée comme édifice propice à un hôpital pédiatrique.

Me Choquette exigea également que tous les comptes perçus à date par Mlle LeVasseur soient laissés sur le bureau et il annonça que la Corporation ne s’engageait en aucune manière à les accepter, et encore moins à les payer. Indisposé par son manque d’esprit rassembleur et par son caractère tranchant, on cherchait des motifs de l’écarter de l’équipe médicale.

Madame la Présidente du conseil d’administration réclama la formation d’un bureau de surveillance et d’administration de l’Hôpital. Ce bureau devait veiller à tout l’ensemble du fonctionnement de l’hôpital et il devait s’entendre avec le Bureau médical. De plus, la communauté des Sœurs Dominicaines de l’Enfant-Jésus fut approchée et dut mettre par écrit les conditions de leurs services, afin que le Bureau de direction puisse en prendre considération et décider des arrangements requis.

Irma se sentit trahie.

Elle admit toutefois que les activités lucratives prévues et les argents de l’Assistance Publique ne pourraient être affectés au paiement des dettes accumulées. Déjà que ces sommes risquaient de ne pas suffire aux besoins quotidiens… Nul ne savait quand elles rentreraient et combien elles totaliseraient. Du coup, les avoirs personnels d’Irma fondirent. Il ne lui restait plus que cent dollars à son actif.

Le 19 mai, au Dr René Fortier, pédiatre, fut confiée la présidence du Bureau médical ; à Albert Paquet, chirurgien général, la vice-présidence ; à Joseph Vaillancourt, oto-rhino- laryngologiste, le secrétariat. Bien que n’arborant pas le prestigieux titre de professeur en faculté de médecine, Willie Verge, omnipraticien et chirurgien, assumera le rôle d’assistant-secrétaire. La fondatrice, elle, fut exclue de l’Exécutif.

À ces quatre médecins revint le privilège de nommer les membres du Bureau médical avant la prochaine assemblée. D’autres responsabilités leur furent dévolues, celles du président en premier lieu : le Dr Fortier rédigera la constitution et les règlements qui régiront le personnel médical et toutes ses activités professionnelles. Il devra les présenter aux membres de la Corporation à l’assemblée prévue pour le 26 mai. Trois jours plus tard, constitution et règlements furent acceptés à l’unanimité. Irma avait l’impression de régresser. À quoi bon la désigner membre du Bureau médical si elle est confinée au statut de médecin résident ? Pourquoi ne pas lui avoir attribué le poste de Chef de service ?

Le Dr Fortier l’informa de son manque d’esprit rassembleur…

En juin, Mère Prieure Générale des Dominicaines de l’Enfant-Jésus consentait à prêter trois de ses religieuses, à titre d’essai. Les ententes stipulaient qu’on doive verser à chacune d’elles vingt dollars par mois. De ce fait, les religieuses devenaient les mieux payées de l’Hôpital alors que la majorité des médecins et spécialistes travaillaient bénévolement.

Lors d’une des dernières assemblées du conseil d’administration, Dre LeVasseur fut nommée Médecin résident de l’Hôpital, et elle ne devait s’occuper que de soins médicaux sous la direction du Bureau médical. Toute activité administrative était, dorénavant, hors de ses attributions. De plus elle devait s’entendre avec le Dr Fortier pour les devoirs à remplir à l’Hôpital.

Tôt dans la matinée du 20 juin, sœur Gérard-Majella recevait des poignées de main et des félicitations, le conseil d’administration lui avait confié l’autorité suprême de diriger l’hôpital, excepté la partie médicale. Mme Sirois rendait officiel le congédiement d’Irma du Comité et de l’Hôpital de l’Enfant- Jésus à compter du 29 août. La réaction de la fondatrice ne tarda guère.

Le 20 août 1923

« Membres de la Corporation de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus Membres du Bureau médical. Le 15 août 1923, la Corporation m’ordonnait de me retirer du Comité et de quitter MON Hôpital. Cet hôpital qui existe dans ma maison depuis huit mois. Nous vous y avons accueillie par ce que vous manifestiez le goût de continuer, avec moi et mes deux amis, les Drs Fortier et Samson, l’œuvre d’hospitalisation des enfants malades pauvres que nous avions commencée, en janvier. Voilà que maintenant, vous me montrez la porte.

Laissons au public, à nos bénévoles, aux familles de nos patients et aux générations futures de juger de l’absurdité d’une telle directive.

Vous me donniez deux semaines pour quitter MON hôpital. En mon droit de propriétaire de cette maison, je vous accorde un mois et dix jours pour partir, à moins que la Corporation consente à licencier certaines de ses membres et que je puisse reprendre mes droits et mes fonctions dans cet hôpital que j’ai fondé avec mes collègues ci-haut nommés.

Dre Irma LeVasseur. »

Quatre dames réitèrent leur fidélité à Irma.

D’autre part, le 29 août, compte tenu de la complexité et de la lenteur des négociations pour la construction d’un hôpital sur le terrain des Sœurs Dominicaines de l’Enfant-Jésus, la Corporation s’était mise en quête d’un logis capable de recevoir plus de trente jeunes hospitalisés en plus des sept religieuses et d’une douzaine d’infirmières. À la mi- septembre, aucune résidence disponible ne répondait encore à de tels besoins.

Ce samedi 29 septembre, le Dr Fortier avait été délégué par le Bureau médical et le conseil d’administration, pour finaliser le transfert des dossiers et des patients avec la Dre LeVasseur, dans la soirée de vendredi. Mmes Tessier et McKay avaient été choisies pour assister Irma et ce, jusqu’à ce que l’équipe de l’hôpital de l’Enfant-Jésus ait quitté le 55 Grande-allée. Les bonnes relations entre ces deux pédiatres d’un commun idéal rendirent cet exercice fort éprouvant.

Ils étaient huit à relancer les espoirs de la pédiatre invincible. Huit petits dont les souffrances faisaient oublier les difficultés des quatre derniers mois. Pas un jour ne passait sans que des enfants soient emmenés au dispensaire. Les médecins associés à l’Hôpital des Enfants Malades assumaient chacun une journée, Irma les trois autres. Françoise Salter, infirmière formée pour les visites à domicile, revint offrir ses services à la Dre LeVasseur. Elle devait reprendre sa tâche dès qu’une autre infirmière aurait été embauchée pour seconder les médecins.

En mai 1925, dans des salles plus petites, l’Hôpital des Enfants Malades avait trouvé un modus vivendi en attendant l’argent nécessaire pour rehausser de deux autres étages cette maison semi-détachée. La Loi de l’assistance publique exigeant un nombre minimal de quarante lits pour accorder son aide financière, cet agrandissement s’imposait. Le jumelage des services externes et internes de l’Hôpital des Enfants Malades le réclamait aussi. Plusieurs pièces devant se prêter à de multiples fonctions, l’encombrement devenait non moins prévisible que déplorable.

La perte de la maison Shehyn qui n’avait pas trouvé preneurs avant le 1er janvier 1925 vint en tête de cette liste d’épreuves. Le 7 du même mois, Irma LeVasseur dût rendre sa maison de la rue 55 Grande-Allée à la succession Sheyn qui, de plus, fit saisir cinquante de ses actions de Bell telephone Co. Par la voix des journaux, Irma apprenait, outrée, que six semaines plus tard, cette résidence avait été revendue pour vingt-deux mille dollars.

Comme si un malheur ne venait jamais seul, les deuils se succédaient, à commencer par celui de Nazaire, décédé le 8 novembre 1927, d’un accident vasculaire cérébral foudroyant. Cinq semaines plus tard, une tragédie réduisait en cendres l’hospice Saint-Charles, causant la mort de trente-cinq enfants dont une petite cousine LeVasseur. L’année suivante Rose-Lyn, sa tante maternelle décédait avant qu’Irma n’ait pu la revoir. Ce vide allait s’amplifier par la perte de sa tante Angèle en plein milieu de juin 1924. Une peine abyssale, à certains jours. Après trois ans de difficultés incommensurables sur la rue Saint-Vallier et un court passage de onze mois sur la rue Gamelin, la Corporation de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus trouvait l’édifice rêvé pour l’hôpital pédiatrique qu’Irma avait cofondé en 1923 : un ancien juvénat du Chemin de la Canardière. Ce même 14 mars 1927, sous l’influence de la présidente de la Corporation et de celle des généralistes et des non-pédiatriques, l’Hôpital de l’Enfant-Jésus déviait du but unique de sa fondation en ouvrant ses portes aux adultes. Le désir de rivaliser avec d’autres sommités médicales primait sur l’esprit qui avait animé les trois cofondateurs en 1923 : le soin des enfants malades, pauvres et infirmes.

« Pourtant, la clientèle ne manque pas, les listes d’attentes s’allongent d’année en année » avaient révélé les rapports annuels. Le Dr Fortier avec qui Irma était demeurée en contact ne lui avait pas caché son chagrin : « D’autres mains et d’autres ambitions personnelles ont pris le gouvernail et on dirait que pour ces gens la mort prématurée de nombre d’enfants est devenue moins lamentable qu’en 1923. Je ne trouve pas les mots pour vous exprimer ma déception, chère Irma. »

De la Dre Maude Abbott, son amie et confidente, Irma reçut une lettre à la fois bouleversante et encourageante : Maude avait frôlé la mort au cours de l’été. Heurtée par un motocycliste en traversant l’avenue des Pins en face de l’Hôpital Royal Victoria, elle avait subi d’importants dommages au cerveau. Repos et bons soins ne lui avaient pas encore apporté la guérison complète. Dans sa lettre postée à la mi-octobre, elle confiait à Irma :

Le corps récupère moins vite à soixante ans qu’à vingt ans et les efforts pèsent davantage. Ma convalescence m’a tout de même permis de préparer mon History in the Province of Quebec. Je prévois le publier dans deux ans. Je me demande encore comment, à travers mes multiples tâches, j’arriverai à compléter celle qui me tient le plus à cœur. Je n’ai pas mis tout ce temps et cette énergie dans mes recherches sur les problèmes cardiaques des nouveau-nés pour que cette étude se retrouve en publication posthume… et signées par un monsieur…comme ça s’est déjà vu. On a tellement de misère, au Canada surtout, à être considérées à l’égal de l’homme. Tu as remarqué ? En février 1928, le projet de loi sur le suffrage féminin était rejeté par l’Assemblée législative du Québec malgré la pression d’un grand nombre de regroupements ; un an plus tard, aucun progrès, même refus.

Du côté des universités, l’ouverture aux femmes se fait au compte-gouttes et avec combien de restrictions discriminatoires. Tu te souviens du cas de Marie Sirois ? À la première femme diplômée de l’Université Laval, admise en 1904, on a livré son Certificat d’études littéraires par la poste, l’ayant exclue de la collation des grades accordée à ses confrères.

Le Montréal francophone marque un point avec l’admission d’une femme à sa faculté de médecine ; au printemps prochain, notre belle Marthe Pelland sera la première diplômée en médecine de l’Université de Montréal. Faut-il croire que, contrairement à ce que le vice-recteur de l’université craignait, Mlle Pelland n’a pas trop « troublé le climat social dans la faculté » par sa féminité. Quels préjugés entretiennent ces grands penseurs à notre endroit alors que souvent les filles sont des modèles d’application et de sérieux dans leurs études !

Je vois qu’un projet n’attend pas l’autre pour toi. Quelle garantie de santé mentale ! Je ne suis pas surprise que tu pousses sur le gouvernement pour qu’il mette en place des moyens concrets d’instruire nos enfants intelligents qui doivent vivre avec un handicap. C’est très audacieux de ta part. Je reconnais là l’instigatrice que tu as toujours été. Peut-être trouveras-tu un appui sérieux auprès d’un organisme dont je veux te parler : La ligue de la Jeunesse Féminine qui aura sa filiale à Québec d’ici quelques semaines, d’après ce que relatent les journaux. Cette association a été fondée vers les années 1926 par Thérèse Casgrain, l’épouse de M. Pierre Casgrain, avocat et homme politique. Une grande militante suffragette. Elle s’est jointe à Lady Drummond et à Mme Henri Gérin-Lajoie pour travailler à la promotion des droits de la femme. La Ligue de la Jeunesse Féminine est inspirée d’un modèle américain voué à soulager la misère des moins fortunés. Elle me semble toute désignée pour se dévouer à tes causes.

Je t’admire, Irma

Ta toute fidèle,

Maude

L’emménagement sur la rue Artillerie avait nécessité une diminution du personnel et du nombre d’enfants hospitalisés. En attendant d’agrandir cette maison, trois médecins assuraient une présence au dispensaire et les soins d’une dizaine d’enfants hospitalisés.

Les cas spéciaux étaient confiés à des spécialistes rattachés à d’autres équipes médicales. Les Drs Thibaudeau et Giasson ne venaient plus que sur appel. Les bénévoles étaient passés de dix-huit à neuf.

Les deux infirmières, Mlles Salter et Laroche touchaient un salaire décent. Mme Bessette, une dame dans la quarantaine, corpulente et des plus attentionnées, habitant non loin de l’hôpital, s’était récemment ajoutée au groupe de bénévoles. La Dre LeVasseur, entourée d’un conseil d’administration fidèle, savourait l’ambiance harmonieuse et pacifique de son Hôpital. Le Dr Dussault, demeurait président du Conseil d’administration,

À compter de décembre, l’Hôpital des Enfants Malades avait son conseiller juridique : Me Edgar Rochette, le président même du jeune Barreau de Québec. Un avocat exceptionnel. Cet homme formé à l’Université Laval, avait parfait sa formation dans les Universités d’Oxford et de Grenoble. Il était député dans Charlevoix-Saguenay et écrivain. Que demander de mieux ?

Le 14 décembre 1932, Irma tergiversait. Il n’y avait pas que ses obligations qui justifieraient son refus de participer au vingt-cinquième anniversaire de la fondation de l’Hôpital Sainte- Justine. Ce qu’était devenu cet hôpital la réjouissait quand elle pensait aux milliers d’enfants qui y avaient retrouvé la santé. Mais comment demeurer branchée que sur cette perspective dans le contexte d’une célébration où le faste risquait de donner le ton au jubilé ? Comment occulter le souvenir de certains événements vécus dans la douleur et l’offense ? Comment s’habiller le cœur d’allégresse en donnant la main à nombre d’ouvriers de la première heure qu’elle avait dû quitter tête basse ? Sa présence à cette commémoration ne l’exposait-elle pas au ressac des épreuves vécues au cours des vingt- cinq dernières années ? Une plaie qui pourrait être difficile à cicatriser. L’idée du refus s’avérait libératrice mais elle exigeait de trouver les mots pour le justifier.

Québec, le 15 décembre 1932

Madame L. De G. Beaubien

Présidente du Conseil d’administration Hôpital Sainte-Justine

Montréal

Chère madame,

Je suis très sensible à votre aimable invitation d’assister à la célébration des fêtes du vingt-cinquième anniversaire de la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine. Mais j’ai le regret de ne pouvoir me rendre à votre désir ; des circonstances incontrôlables ne me permettent pas de m’absenter de Québec en ce moment et de m’accorder ce plaisir.

Soyez assurée tout de même que ma pensée sera avec vous et avec toutes ces autres amies de l’enfance qui vous secondent.

Il y a bien des semaines que j’y songe à cette date mémorable où vous pourrez avec orgueil contempler les progrès accomplis avec la réalisation de ce beau rêve d’hôpital d’enfants pouvant rivaliser avec les plus célèbres. Ce glorieux monument édifié avec enthousiasme, témoignage de courage et de persévérance, d’amour et de compréhension d’une grande cause, commande l’admiration et la reconnaissance de tous.

Vos succès, je souhaite qu’ils se succèdent toujours de plus en plus beaux, car je me plais à croire que nous sommes tous convaincus qu’il n’en sera jamais assez fait pour les enfants.

Veuillez agréer, chère Madame la Présidente, ainsi que les membres du Conseil d’Administration, l’hommage réitéré de ma sincère gratitude et de ma très grande considération.

Dre Irma Le Vasseur

En moins de quinze jours, un deuxième courrier en provenance de l’Hôpital Sainte-Justine était livré au 85 rue Artillerie. La destinataire éventra l’enveloppe, y trouva une feuille pliée en trois et signée : L’ADMINISTRATION DE L’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE.

Mademoiselle Irma Levasseur 85, rue Artillerie, Québec.

Chère Mademoiselle Levasseur,

Nous avons vivement regretté votre absence lors des fêtes du 25e anniversaire de la fondation de l’hôpital ; vous auriez été si intéressée à constater les progrès de cette œuvre, dont vous avez lancé l’idée première.

Nous vous remercions des paroles aimables que vous avez eues à l’endroit du bien accompli par notre maison. Au déjeuner qui réunissait 150 personnes des débuts de Sainte-Justine et des comités actifs actuels nous avons fait lecture de la lettre que vous nous adressiez à cette occasion et des applaudissements chaleureux ont témoigné de l’appréciation qui lui était donnée.

« De toute manière, la simple politesse commandait des applaudissements », considérait Irma avec une froideur à la limite du stoïcisme. Les lignes suivantes la laissèrent perplexe et déçue.

Malheureusement, un correspondant à qui nous avions passé cette lettre pour publication dans son journal, l’a égarée. Comme nous tenons à la conserver avec nos archives, nous nous permettons de vous demander si vous n’en auriez pas la copie puisqu’elle a été calligraphiée et si vous auriez l’obligeance de nous en adresser un exemplaire.

Ce faisant vous nous obligerez grandement et d’avance nous vous remercions.

L’ADMINISTRATION DE L’HÔPITAL SAINTE-JUSTINE.

La secrétaire

Une fois de plus, on occultait son titre de médecin et on ne respectait pas l’orthographe de son nom de famille. Au fil des décennies, le destin d’Irma semblait emprunter une tangente plus positive. À cinquante-six ans, le quotidien de la docteure au milieu de ses jeunes patients, du personnel hospitalier, de ses proches et des bénévoles lui procurait de grandes satisfactions. Non pas qu’elle eût renoncé à tout projet, mais elle les dosait mieux et s’entourait de conseillers sympathiques et judicieux. Ainsi, son désir d’accorder la priorité aux enfants nés avec un handicap physique dans son hôpital ayant traversé toutes les étapes de la mise en place, Irma était prête à en présenter le plan aux autorités gouvernementales et civiles. L’édifice avait besoin de réparations et d’agrandissement. Me Edgar Choquette était mandaté pour défendre cette cause et suggérer des prises de position concrètes pour obtenir du financement. L’une d’elle allait faire la une des journaux de la ville le 19 décembre 1932 : une délégation de dix femmes et de deux hommes, la Dre Irma LeVasseur en tête, se rendait au bureau du maire de Québec pour se plaindre de son mutisme malgré de nombreuses lettres adressées à son nom, et pour réclamer ce que la Charte l’autorisait de faire : une exemption de taxes en tant qu’institution au service des enfants pauvres et malades, ouverte depuis quatre ans.

Le 23 janvier, un certificat de conformité émis par le protonotaire de la ville leur était porté par messager. « Un cadeau qui arrive à point ! » s’écria Irma à trois jours de son cinquante- septième anniversaire de naissance. Une bouffée d’espoir pour toute son équipe.

Or, l’espoir d’obtenir un support financier de la Ville était quotidiennement déçu. Avec l’appui de son conseil, Irma rédigea une lettre que les douze délégués de décembre signèrent et qu’elle fit porter au nouveau maire. La réponse se faisait attendre.

Plus d’une fois déçue par les vaines promesses des autorités gouvernementales, Irma se tourna vers un organisme apolitique, voué aux œuvres charitables, pour concrétiser un autre de ses rêves : une école pour les enfants infirmes mais aptes aux études.

Le 15 avril 1935, lors d’une réunion spéciale, la Dre LeVasseur présentait son projet aux membres de la Ligue de la Jeunesse Féminine de Québec. Les propos de cette femme qui, depuis dix ans, consacrait son savoir, ses énergies et tous ses avoirs au soin de ces enfants, les touchèrent profondément. Leur accueil dépassa toute espérance. Après cinq ans de dévouement au sein d’œuvres sociales, les femmes et les jeunes filles de la Ligue avaient été témoins des conditions alarmantes dans lesquelles vivaient ces enfants.

En quelques semaines, la Ligue dénicha un local dans un édifice du Vieux-Québec, occupé par l’œuvre de la Protection de la Jeune Fille, à l’angle des rues Sainte-Ursule, Sainte- Angèle et Dauphine. Le Foyer pouvait accueillir une vingtaine d’élèves. Un processus de recrutement fut mis en place : en plus des visites à domicile et des enquêtes effectuées par les membres de la Ligue, des annonces en chaire furent faites le dimanche pour informer les parents de l’existence de cette école. L’efficacité de cet organisme impressionna Irma. Le sérieux avec lequel chaque admission fut traitée, examen médical et psychiatrique de l’enfant inscrit, méritait toute sa confiance et son respect. L’œuvre prenait le nom de « Comité de secours des enfants infirmes ». (Cette école deviendra le Centre Cardinal Villeneuve). Le 23 octobre, Irma n’était pas peu fière d’assister à l’inauguration officielle de cette école dont elle rêvait depuis plus de dix ans pour sa clientèle de prédilection.

En cette même année 1935, à l’Université Laval, plusieurs boudaient la nomination d’une femme au sein du personnel enseignant. Or, cette femme, Agathe Lacourcière-Lacerte, avait obtenu un baccalauréat aux États-Unis, fait des études à la Sorbonne et détenait un doctorat en lettres de l’Université de Madrid, des compétences dont peu de collègues masculins pouvaient se glorifier. Ce combat mené par Irma quarante ans plus tôt la rendit empathique envers Mlle Yvette Brissette, cette jeune Québécoise, la première Canadienne française diplômée en médecine de l’Université Laval. Il lui tardait de la féliciter personnellement et de lui promettre un appui inconditionnel.

Le 2 septembre 1940, à la mort de Maude Abbott, un livre venait de se refermer à tout jamais sur la descendance de Jeremiah Babin et de Elizabeth Bayley Abbott.

Au service de l’Armée canadienne, Dre LeVasseur était chargée de la formation de ses recrues. Quelle ne fut pas sa joie de retrouver, pour la seconder dans son travail, nulle autre que la Dre Yvette Brissette Larochelle.

Au beau milieu de l’été 1942, une lettre certifiée en provenance d’une firme d’avocats, adressée à Mlle Irma LeVasseur et à Paul-Eugène LeVasseur, créa une onde de choc : sa mère, Phédora Venner avait laissé un héritage. Elle avait vécu sous le nom de Dora Wheeler au Colorado, avait fait son testament à Denver et son avocat étant décédé peu de temps après, tous ses dossiers avaient été transmis à son successeur qui semblait n’avoir pas fait preuve de diligence… Puis la guerre est arrivée… Une somme de 25 000$ devait être remise à ses deux enfants quand toutes les quittances seraient réglées.

Supportée par cet héritage, au printemps 1946, Irma demanda un permis pour agrandir son Hôpital. Les coûts s’élevaient à 5 000$. Les travaux ne débutèrent, hélas, que deux ans plus tard et ne furent tout à fait terminés qu’au printemps 1950.

Année mémorable : une lettre du Cercle des Femmes universitaires du Québec apprenait à Irma qu’une fête se préparait au Collège Jésus-Marie, où elle avait fait ses études secondaires, pour souligner ses cinquante ans de vie professionnelle.

Un mot de Mme Justine Lacoste-Beaubien lui était adressé une semaine plus tard pour la supplier de se prêter à cette reconnaissance publique. Me Jeanne d’Arc LeMay, présidente de l’Association des Femmes universitaires, la mit au parfum des efforts déployés pour la réussite de cet événement et lui révéla le nom de quelques personnalités qui avaient promis d’y assister. La présence assurée du ministre Albiny Paquette et l’implication des Dres Françoise Lessard et Marguerite Dion eurent raison de ses réticences.

NOTE : Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Invitée : Pauline Gill, romancière. Source : https://fondationlionelgroulx.org/sites/default/files/documents/151103-Conference-Figures-marquantes-Irma-LeVasseur-et-les-premieres-femmes-medecins.pdf

Année mémorable : une lettre du Cercle des Femmes universitaires du Québec apprenait à Irma qu’une fête se préparait au Collège Jésus-Marie, où elle avait fait ses études secondaires, pour souligner ses cinquante ans de vie professionnelle.

Un mot de Mme Justine Lacoste-Beaubien lui était adressé une semaine plus tard pour la supplier de se prêter à cette reconnaissance publique. Me Jeanne d’Arc LeMay, présidente de l’Association des Femmes universitaires, la mit au parfum des efforts déployés pour la réussite de cet événement et lui révéla le nom de quelques personnalités qui avaient promis d’y assister. La présence assurée du ministre Albiny Paquette et l’implication des Dres Françoise Lessard et Marguerite Dion eurent raison de ses réticences.

Ce mardi, 20 juin 1950, dans les jardins du Collège Jésus-Marie, de nombreux invités l’attendaient, dont une vingtaine de personnes connues. Non moins réservée que distinguée avec son chapeau noir à voilette, un veston de même couleur sur une robe fleurie blanc et noir, un collier de perles à trois rangées pour la circonstance, la Dre LeVasseur prenait place là où on l’avait conduite, sur une chaise de choix, entourée de dames de Montréal, d’anciennes de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus et de quelques hommes.

Les discours d’accueil terminés, le Dr Paquette fut appelé à prendre la parole. La seule évocation de son nom fit palpiter le cœur d’Irma. Trente-quatre ans passés loin de lui n’avaient en rien érodé sa mémoire. La voix de ce compagnon de guerre lui fit revivre des moments pathétiques. Elle ferma les yeux pour mieux recevoir le témoignage qu’il lui rendit :

J’ai connu Mlle LeVasseur le jour de son embarquement à New York, pour la Serbie, au début d’avril 1915. Après la traversée périlleuse de l’Atlantique, elle partit comme nous pour les Balkans, où je la revis accomplissant son œuvre humanitaire.

[…]

J’ignore comment elle a réussi à sortir des Balkans et survivre à tant de privations et d’horreurs. Elle mérite les plus grands hommages et je suis heureux que son nom ne soit pas oublié grâce à votre initiative, mesdames.

Les applaudissements firent glisser quelques larmes sur le visage blafard d’Irma qui demeura tête droite, apparemment immuable. Elle n’était pas surprise d’entendre nommer la prochaine invitée à lui adresser la parole. Mme Justine Lacoste-Beaubien, plusieurs feuilles à la main, en fit la lecture après avoir salué dignement la jubilaire :

Les femmes universitaires de Québec ont à leur éloge d’avoir provoqué l’occasion de rendre aujourd’hui, ce témoignage de juste appréciation envers un de ses membres qui a su le mériter. Votre association, mesdames, a droit à toutes nos félicitations et nos remerciements pour nous donner cette occasion de présenter à la première femme médecin de notre province nos hommages et nos vœux et nous permettre aussi d’offrir à l’inspiratrice du premier hôpital d’enfants nos sentiments de bien sincère reconnaissance, pour l’initiative prise par elle dans un domaine alors si peu exploré, il y a cinquante ans : celui de la médecine infantile.

Il me fait en plus un grand plaisir de féliciter les religieuses du Collège de Sillery pour la personnalité qu’elles développent chez leurs élèves et les idées inspiratrices qu’elles savent leur inculquer, et d’ailleurs pour encore d’autres choses.

Après l’action de grâces rendue à la Providence de m’avoir fait vous rencontrer, chère Mlle Levasseur, je vous exprime la plus vive reconnaissance, pour avoir été le premier anneau de la chaîne faite de sentiments si chrétiennement humanitaires, si profondément maternels, qui nous tiennent encore tous fortement enlacés autour de la cause des enfants malades. Nos raisons et nos cœurs ont compris que, derrière le voile que vous aviez soulevé, il y avait tout un horizon, vaste comme la valeur de la santé de nos enfants, comme la science médicale infantile, encore si peu exploitée à cette époque. Merci pour tout cela et, l’expérience acquise depuis, nous fait voir encore plus impérativement qu’il nous faut le lever complètement, ce rideau, et envisager tout ce qu’on doit réaliser pour rendre pleine justice à nos enfants et à tous ceux qui de près ou de loin en seront chargés, la famille, le père, la mère, l’infirmière, le médecin, les éducateurs et notre Canada tout entier ; l’enfant n’est-il pas la base de la nation, le capital le plus précieux, le plus nécessaire, l’inestimable capital humain ?

De nouveau, Irma baisse les paupières, cherchant dans les replis de son être ces forces vives qui l’ont tenue invincible dans les moments les plus déchirants de sa vie. Écouter, le cœur blindé… jusqu’au bout. Des mots gratifiants viennent à ses oreilles.

Merci, enchaîne, Mme Lacoste-Beaubien, de nous avoir ainsi attachés à cette cause, laquelle non seulement est d’intérêt vital pour notre survivance mais qui, pour nous- mêmes, individuellement, nous a donné un but qui justifie si pleinement les sacrifices, le travail, qu’elle a pu réclamer de nous, les incessantes démarches, les multiples efforts faits pour convaincre qu’un pays dépend dans une très grande proportion de la santé de ses enfants. Et ces enfants, que pensent-ils par eux- mêmes ?

Cette cause, elle a été confiée par vous, à des mains de femmes, à des âmes imbues de sentiments patriotiques et chrétiens, à des cœurs de mères, qui voient un prolongement du foyer dans cette maison qui se nomme hôpital et où l’on est toujours prêt à répondre aux appels et qui doit être en tous points spécialement organisée pour combattre la maladie.

Puissent toutes nos femmes bien comprendre leur responsabilité dans cette partie de travail social et hospitalier qui est connexe à celui de la maison familiale. Puissent aussi le autorités en charge de la distribution des fonds publics faire une juste part aux hôpitaux d’enfants qui eux, comme tous les autres hôpitaux, ont les mêmes frais de construction et de maintien sans pouvoir espérer y trouver les mêmes revenus ; ce sont les jeunes ménages, les familles nombreuses, ceux dont les chefs ne sont pas en état de supporter les coûts de la maladie, les pauvres, qui sont spécialement aidés par l’hôpital ; ceux-là sont nombreux, il faut les aider doublement en toute justice. Voilà ce que vous avez bien compris, cher docteur.

Les docteurs Sévérin Lachapelle, Raoul Masson, Joseph Bourgoin avaient eux aussi répondu à votre suggestion, dans l’organisation d’un hôpital pour enfants, de même que les docteurs J. E. Dubé, Séraphin Boucher et autres qui, tous ensemble, en collaboration avec l’esprit de foi et de confiance des pionnières de notre hôpital Sainte-Justine et partageant leur enthousiasme devant la nécessité de doter notre université d’un centre d’enseignement en pédiatrie, y consacrèrent leur temps, leur travail et leur science.

Malgré la modestie de ces débuts, malgré le prodigieux développement opéré dans cette œuvre, malgré que vous ayez cru devoir diriger vos activités dans un autre milieu, vous aurez toujours été l’inspiratrice de cet hôpital d’enfants, qui n’a jamais dévié de son but et qui voit dans un avenir prochain une encore plus complète réalisation du programme que vous nous faisiez entrevoir, en soulevant, il y a quarante-trois ans, le rideau qui cachait l’horizon de l’avenir de nos hôpitaux d’enfants.

Voilà pourquoi, chère Docteur LeVasseur, votre nom a toujours été en tête de liste des fondatrices de l’Hôpital Sainte-Justine. C’est avec une légitime fierté que nous pouvons dire que vous et nous avons doté la Province de Québec par l’Hôpital Sainte- Justine de Montréal, d’un centre d’enseignement en pédiatrie qui n’avait jamais été créé auparavant et d’une maison hospitalière spécialement aménagée pour les enfants malades, et cela a été fait dans des conditions économiques que le Divin Argentier seul pouvait diriger.

Oui, vous avez eu cette première responsabilité de la naissance de Sainte-Justine. Laissez-moi vous en rendre le vibrant témoignage et permettez-moi d’associer à votre nom celui de Madame Alfred Thibaudeau qui a été la première à vous accueillir et à réunir chez elle les premiers apôtres de la cause des enfants malades.

L’envergure de votre vision était si grande que seul l’avenir a pu en démontrer l’ampleur et malgré tous les progrès réalisés à date, l’université, le public, nos médecins, nos familles réclament encore avec insistance et preuves évidentes à l’appui de leurs réclamations, l’urgence de l’agrandissement du centre d’enseignement en pédiatrie, qu’est l’Hôpital Sainte-Justine pour Montréal et toute la province de Québec.

Je ne suis pas venue ici uniquement en mon nom personnel et tout l’hôpital a voulu se joindre à moi dans les sentiments que je vous ai exprimés. En plus nous avons tous voulu nous unir à vos si gracieuses amies de Québec et vous offrir un témoignage palpable de la reconnaissance de l’hôpital et de son Surintendant-Médical, qui a voulu reconnaître ce que vous avez fait pour son avancement et sa protection. Reconnaissance aussi de la part du comité médical, de votre première collaboratrice Madame Alfred Thibaudeau, des dames Théodule Bruneau, de Madame Arthur Berthiaume qui, avec Madame Charles Prémont, notre secrétaire en 1927, faisaient partie de notre premier conseil d’administration.

À leur grand regret l’état de santé de mesdames Bruneau et Berthiaume les a empêchées de se joindre à nous aujourd’hui. Je sais qu’en cette circonstance le souvenir de notre chère Mademoiselle Rolland doit se présenter à vous, elle qui avait répondu à votre premier appel et qui, après avoir accompli un si fructueux et incessant travail en faveur des enfants malades pendant vingt-cinq ans, nous a quittées pour le monde où le Dieu des petits enfants lui donne la récompense qu’Il a spécialement promise à ceux qui ont pris soin de ses petits.

Vous savez, mesdames de l’Association des femmes universitaires, que nous avons fort apprécié la faveur que vous nous avez accordée de nous unir à vous dans votre beau geste. Vous n’avez peut-être pas ainsi accueilli des diplômées d’une université, mais sans trop de prétention sans doute, les graduées de la grande école de la charité sociale et chrétienne. Là aussi, on apprend à relever le niveau de l’esprit en maintenant bien haut le sens de la justice par l’amour du prochain.

Comme les premiers bébés que vous avez reçus, rue Saint-Denis, ont dû vieillir un peu depuis, et que votre amour pour les enfants est toujours le même, j’ai cru toutefois qu’un petit carrosse, porteur de notre souvenir serait peut-être aujourd’hui un meilleur emblème de votre œuvre grandie.

Ce discours longuement et chaleureusement applaudi fut suivi de la remise du carrosse et d’une gerbe de fleurs à la jubilée. Vinrent la féliciter Mmes Charles Lacoste-Frémont, Alfred Thibaudeau et sœur Saint-Antoine-de-Padoue, toutes trois de Montréal. Leur emboîtent le pas, Mmes Joseph Sirois et Edmond Lemoine de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.

« Le cœur blindé jusqu’au bout » se répéta Irma, parvenant à accueillir noblement les politesses et les sourires des unes et des autres. Attendaient derrière elles, les Drs Jean Grégoire, Françoise Lessard et Albiny Paquette. Ce dernier reçut une accolade sincère à laquelle il répondit avec la même ardeur. S’enchaînèrent une litanie de félicitations et de poignées ou serrements de main, reçues avec gratitude mais sans chamboulement.

De retour chez elle, Irma n’eut pas assez de la nuit pour remonter le cours du temps et tenter de démystifier un peu la complexité de l’être humain.

NOTE : Extrait de la conférence prononcée le 3 novembre 2015 à l’Auditorium de la Grande Bibliothèque. Invitée : Pauline Gill, romancière. Source : https://fondationlionelgroulx.org/sites/default/files/documents/151103-Conference-Figures-marquantes-Irma-LeVasseur-et-les-premieres-femmes-medecins.pdf

Le décès de son frère, survenu en mai 1956, Paul LeVasseur, l’éprouva profondément.

Irma LeVasseur a fait partie du comité organisateur du rassemblement des familles Levasseur en août 1957,
quelques mois avant son internement injustifié

Le 15 novembre 1957, en fin d’après-midi, Irma s’était dévêtue pour faire sa toilette quand un vacarme à la porte la fit sursauter. Vite, elle ramassa une robe de chambre qui devait aller au lavage avec d’autres vêtements et se précipita vers l’entrée. Deux détectives et une dame, infirmière et travailleuse sociale, lui annoncèrent qu’il y avait une fuite de gaz et qu’ils devaient la sortir de son logis. Comme elle s’y opposait, ils la prirent de force et la montèrent dans une voiture, refusant de lui révéler où ils l’emmenaient. Quel choc ce fut d’apercevoir l’Hôpital Saint-Michel-Archange et, juste à côté, la Clinique Rousseau, refuges des malades psychiatriques. Tous les moyens furent utilisés pour maîtriser la pauvre vieille de quatre-vingt-un ans et la conduire à sa chambre dont on verrouilla aussitôt la porte à double tour. Enfermée là sans examen préalable, Irma réclamait de rencontrer un médecin, refusant de manger tant qu’elle ne serait pas exaucée. Le médecin en chef dut reconnaître qu’aucun dossier médical n’avait été rédigé avant son internement. Réduite aux conditions de vie d’une malade psychiatrique, Irma engagea une poursuite contre le surintendant médical. Des démêlés judiciaires s’enchaînèrent et risquaient de s’éterniser. Irma demanda alors d’être examinée par un psychiatre venu de Montréal, lequel témoigna devant juges et avocats :

« Vous ne souffrez d’aucune maladie mentale et votre internement sous prétexte de psychose sénile est entièrement injustifié. »

Après plus de huit mois d’internement, Irma obtint sa libération. Une autre épreuve l’attendait à la sortie de la clinique : en son absence, la Ville avait fait détruire sa maison et brûlé tout ce qui s’y trouvait, sauf certains objets de valeur qui furent distribués à ses cousines.

Notre première Canadienne-française à exercer la médecine serait décédée le 19 janvier 1964, la veille de ses quatre-vingt-sept ans, dans un petit hôpital qu’on nommait alors Hôpital Ville-Marie mais dont on ne peut trouver les traces. Ses funérailles furent célébrées à l’église Saint-Cœur-de-Marie le 21 janvier dans la plus grande sobriété. Son nom fut pour la première fois inscrit sur la pierre tombale, à l’été 2004, grâce à l’Association des familles Levasseur d’Amérique inc.



Romans historiques
Docteure Irma – La série – Pauline Gill


Pauline Gill – Docteure Irma. Tome 1 : La louve blanche

Dans ce roman historique racontant la vie d’Irma LeVasseur, Pauline Gill nous dévoile le combat d’une femme entière, passionnée et déterminée qui, à l’image de la louve, ne recula jamais devant les obstacles. À Saint-Roch de Québec, en 1883, la jeune Irma est témoin de la mort de sont petit frère. De ce drame naît une hantise : l’urgence de soigner les petits malades qui bien souvent, avant l’âge de cinq ans, ne sont pas admis dans nos hôpitaux québécois. Mais pour accomplir cette mission, Irma devra faire preuve d’une ténacité exceptionnelle : s’expatrier pour étudier la médecine et lutter contre des institutions et des individus réfractaires au changement. Première femme canadienne-française à avoir exercé la médecine au pays, Irma LeVasseur sera fondatrice de l’Hôpital Sainte-Justine et de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Femme de tête dotée d’une immense sensibilité, elle sera toute sa vie habitée par deux quêtes : arracher à la mort les enfants malades, oui, mais aussi retrouver sa mère, cantatrice de talent, disparue alors qu’elle n’avait que dix ans.

Pauline Gill – Docteure Irma. Tome 2 : L’indomptable

Éprouvée par l’anonymat maintenu sur la fondation de son premier hôpital – l’hôpital Sainte-Justine à Montréal – la Dre Irma LeVasseur, première Canadienne française à exercer la médecine au Québec, trouvera une compensation inattendue à New York, où ses deux quêtes seront exaucées : retrouver sa mère et se consacrer à la santé des enfants. Mais nul repos pour cette femme d’audace au destin tumultueux. Les liens du sang lui réserveront les émotions les plus fortes que l’on puisse imaginer, alors que sa vie de médecin l’amènera à se dépasser sans relâche.

Pauline Gill – Docteure Irma, Tome 3 : La soliste 

De retour au pays en 1922, la Dre LeVasseur, expérimentée et financièrement à l’aise, considère le moment venu de fonder un hôpital pour enfants à Québec. Plus déterminée que jamais, elle achète un superbe cottage au 55 de la rue Grande-Allée et y fonde, avec des collègues médecins et des Dames bénévoles, ce qui deviendra l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Réussira-t-elle, cette fois, à demeurer à la direction de son hôpital? Le défi est grand pour la pédiatre dont le tempérament, les idéaux et les exigences affrontent trop souvent des adversaires puissants… Qui sera à ses côtés quand de nouvelles épreuves surgiront? A quatre-vingts ans, Irma LeVasseur n’a pas encore livré ses derniers combats. En sortira-t-elle victorieuse?


L’aventure extraordinaire d’Irma LeVasseur, première
médecin francophone au Québec, racontée dans le
roman «Irma s’en va-t-en guerre»


Karine Gagnon – Irma s’en va-t-en guerre et notre article (2023/12/31)

Après des années de formation à l’étranger pour se spécialiser en pédiatrie et sa participation à la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine, Irma LeVasseur, première femme francophone du Québec à exercer la profession de médecin, s’est lancé un autre défi. En pleine Première Guerre mondiale, elle répond à l’appel du gouvernement de Londres et part combattre l’épidémie de typhus qui sévit en Serbie. La journaliste et écrivaine Karine Gagnon raconte cette épopée extraordinaire et méconnue dans son nouveau roman, Irma s’en va-t-en guerre.


Les lieux toponymiques nommés
« Irma-LeVasseur » au Canada

(5 rues, 2 parcs et 1 mont)


« La toponymie est la science qui étudie les noms de lieux (toponymes). Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, mais aussi leurs transformations au fil des siècles. Avec l’anthroponymie (étude des noms de personnes), elle fait partie de l’onomastique (étude des noms propres), elle-même branche de la linguistique. Le nom des habitants découlant des toponymes est l’ethnonyme ou le gentilé. » (1)

Toutes ces informations sont tirées du site Web de la Commission de la toponymie du Québec.  Les liens plus bas mènent directement sur leur site Web.

Rue Irma-Levasseur, Lévis, QC  Cette voie de communication se trouve à Lévis, dans un quartier résidentiel de l’arrondissement des Chutes-de-la-Chaudière-Est. D’une longueur d’environ 65 m, elle est orientée dans un axe nord-ouest–sud-est. Date d’attribution du nom : 1987.

Rue Irma-Levasseur, Québec, Qc – Cette voie de communication se trouve à Québec, dans l’arrondissement des Rivières. D’une longueur de 800 m, elle longe le siège social de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec. Date d’attribution du nom : 1983.

Rue Irma-Levasseur, Gatineau, Qc – Cette voie de communication se trouve à Gatineau, dans un quartier résidentiel situé à l’ouest de la rivière du Lièvre, dans le secteur de Buckingham. D’une longueur de 400 m, elle est orientée dans un axe nord-est–sud-ouest sur la plus grande partie de son tracé. Date d’attribution du nom : 2016.

Parc Irma-Levasseur, Sherbrooke, Qc – Ce parc est situé à l’intersection de la rue Guy-Pigeon et de la rue André-Collard, à Sherbrooke, dans l’arrondissement de Brompton–Rock Forest–Saint-Élie–Deauville. D’une superficie de près de 1 ha, il comprend, entre autres, des modules de jeux pour enfants et un sentier. Date d’attribution du nom : 2016.

Parc Irma-Levasseur, Montréal, Qc – Ce parc est situé à l’intersection de la rue Guy-Pigeon et de la rue André-Collard, à Sherbrooke, dans l’arrondissement de Brompton–Rock Forest–Saint-Élie–Deauville. D’une superficie de près de 1 ha, il comprend, entre autres, des modules de jeux pour enfants et un sentier. Date d’attribution du nom : 2016

Rue Irma-Levasseur, Montréal, Qc – Cette voie de communication se trouve à Montréal, dans un quartier résidentiel situé au nord-est de l’hôpital Rivière-des-Prairies, dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. D’une longueur d’environ 30 m, elle est orientée dans un axe nord-ouest–sud-est. Date d’attribution du nom : 7 septembre 1988.

Mont Irma-Levasseur, Québec, Qc –  Le nom Mont Irma-LeVasseur désigne une colline de 333 m d’altitude se trouvant à Québec, dans l’arrondissement de Charlesbourg, à quelques kilomètres au sud-est du lac Saint-Charles. Date d’attribution du nom : 1983 (à l’occasion de la Journée internationale de la femme).

Rue Irma-Levasseur, Laval, Qc – Cette voie de communication se trouve à Laval, dans un secteur commercial et industriel du secteur de Chomedey. D’une longueur d’une peu moins de 250 m, elle est orientée dans un axe nord-ouest–sud-est. Date d’attribution du nom : 2018.

(1) toponymie.gouv.qc.ca/ct/accueil.aspx


La Ville de Québec rend hommage
à la Docteure Irma LeVasseur

par : Huguette Levasseur


Une œuvre d’art en l’honneur de la Docteure Irma LeVasseur a été inaugurée par la Ville de Québec, le 5 novembre 2009. Cette œuvre est intégrée dans une place sise à l’intersection du chemin de la Canardière et de l’entrée sud du site du CLSC et du Centre d’hébergement de Limoilou, tout près de l’actuel Hôpital l’Enfant-Jésus. M. Alain Loubier, président de l’Arrondissement Limoilou a inauguré ce monument.

Une sculpture en bronze de la jeune artiste Myriam Van Neste rend hommage à la Docteure Irma LeVasseur, première Québécoise francophone à être reconnue comme femme médecin. L’œuvre d’art présente un ensemble de trois fougères qui s’élancent bien droites vers le ciel. « J’ai décidé de représenter des fougères qui percent le sol et se tiennent bien droites, mais qui se développent de façon féminine. Les fougères ressemblent à une colonne vertébrale et évoquent aussi les enfants qui grandissent. J’ai choisi de créer trois fougères puisqu’elle a été à la racine de trois institutions québécoises», note l’artiste dans la présentation de son œuvre.

L’artiste a été frappée par la détermination de la Docteure Irma. Les enfants malades, qui souvent mouraient prématurément, ont été au cœur des préoccupations de cette femme médecin. En 1907, Dre Irma fonde avec Madame Justine Lacoste-Beaubien, l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal. À Québec, en 1923, elle investit ses économies dans la fondation d’un hôpital pour les enfants, hôpital qui deviendra l’Hôpital l’Enfant-Jésus. Finalement en 1927, elle ouvre une clinique pour les enfants handicapés dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, l’ancêtre du Centre Cardinal-Villeneuve à Québec.

Présente à l’inauguration du monument, Madame Pauline Gill, auteure des trois romans Docteure Levasseur, est heureuse qu’un hommage soit rendu à cette femme médecin qui, avec détermination, a travaillé à instaurer des soins de santé pour les enfants malades. Cette pionnière qui avait investi sa propre fortune dans ses projets s’est éteinte dans la pauvreté et l’oubli. Madame Gill formule le vœu suivant pour le futur : « J’aimerais que la Ville de Québec redonne à nos enfants cet établissement, l’Hôpital-de-l’Enfant-Jésus, fondé pour eux en 1923. »


Reconnaissance
Une plaque commémorative rue Saint-Jean à Québec


Une plaque commémorative inaugurée par le Gouvernement du Québec en 2018. Elle est installée au 1165-1167 rue Saint-Jean à Québec. Plaque bleue érigée en 2017 par « Les Gens de Québec Se Souviennent ».

Texte de la plaque

« Ici vécut Irma Levasseur (1877-1964), première médecin francophone, pionnière en pédiatrie et fondatrice des hôpitaux Sainte-Justine et de l’Enfant-Jésus. »


Reconnaissance
Le Pavillon Irma-LeVasseur – Cégep Garneau


Plaque du pavillon Irma-Levasseur du Cégep Garneau. « Pavillon Irma-Levasseur » « Le nom donné à ce pavillon veut honorer la mémoire de la première femme médecin du Québec. Irma Levasseur (1878-1964) pratiqua son art au Québec dès 1903. Elle fut à l’origine de l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal et fondatrice de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus à Québec. »


Signatures recueillies pour la reconnaissance
de la Dre Irma LeVasseur


Plus de cent cinquante personnes ont déjà appuyé la démarche de l’Association des Levasseur pour demander aux autorités politiques de reconnaître le travail de la Dre Irma LeVasseur.

«Nous demandons au gouvernement du Canada de reconnaître, par les moyens à sa disposition, la contribution exemplaire de cette pionnière de la médecine au Canada français et ainsi rectifier les injustices à son égard.»


  • Marielle Jalbert,
    • « Je souhaite que le nom du Dr Irma Levasseur soit connu par tous les Québécois, ainsi qu’à la grandeur du Canada, qu’on connaisse le parcours extraordinaire de cette femme qui s’est battue pour avoir droit de pratique de la médecine au Québec. Que chaque Québécois sache que la Dr Levasseur a été impliquée dans la fondation des Hôpitaux Ste-Justine à Montréal et L’Enfant-Jésus à Québec. Pourquoi n’aurions-nous pas un grand Boulevard à son nom, et un film ou une série télévisée qui raconte sa vie, ou un documentaire sur ses réalisations. C’est là, aujourd’hui, qu’on doit la faire connaître, question de réparer le fait qu’elle n’est pas été reconnue comme médecin spécialiste en pédiatrie parce qu’elle était une femme. »
  • Suzie Couillard, Port-Cartier, Qc. ‘Une femme remarquable, qui a tracé notre histoire »
  • Pierre Landry, Québec, Qc
  • Carole Laurence, Montréal, Qc.  »Merci mme LeVasseur d’avoir foncé, d’avoir cru à la capacité des femmes. Il faut continuer … la partie n’est jamais gagnée! »
  • Hélène Hamelin, Trois-Rivières, Qc ‘‘Triste fin pour une grande dame qui a donnée sa vie pour les enfants pauvres »
  • Claire Vincelette, Magog, Qc  »Son histoire m’a beaucoup touchée’
  • Chantal Levasseur, Ancienne-Lorette, Qc
  • Fanny Levasseur, St-Jean-sur-Richelieu, Qc
  • Cécile Fiset, Laval, QC. « Irma Levasseur représente la plus élémentaire définition de l’ambition, a une époque où elle n’était pas permise aux femmes. Merci d’avoir ouvert la porte à l’égalité. »
  • Lise Rancourt, Pincourt, QC
  • Gaëlle Levasseur, Gatineau, QC
  • Claude Levasseur, Gatineau, QC  »Merci pour tous ce que vous avez faites pour les gens en détresses dans votre temps.Nous appréciation énormément toutes les contributions faites pour notre peuple au nom de la moralité. »
  • Lucie Patenaude, Montréal, Qc.
  • Nathalie Duguay. Brossard, Qc. « Une grande dame avec la vision de comprendre le besoin de la population. Dommage que ce n’est plus ainsi en 2016 »
  • Karine Morin Lafrenière, Granby, Qc. « Comment oublier une femme si honorable? Comment ne pas honorer une femme qui a accomplis tant? Honte au Canada de ne pas la mettre en lumière cette femme! »
  • Iriane Boisvert, Mascouche, Qc
  • Nicole Ménard, Montréal, Qc. « Si un mot plus fort que « courage » existe, on doit le donner à la Dre Irma LeVasseur! Incroyable tout ce qu’elle a dû vivre alors qu’elle se battait pour une cause tellement noble: celle des enfants. Honteux de constater sa triste fin de vie en plus de tout ce qu’elle a subi. Il serait impératif qu’à tout le moins, elle soit reconnue de façon notable. Merci »
  • Francine Longpré, Racine, Qc.
  • Susan Desmarais, Montréal, Qc
  • Francine Levasseur, Lachute, Qc
  • Lisette Levasseur, Drummondville, QC « Quel don de soi! Je salue le travail de cette fondatrice. »
  • Henriette Levasseur, Gatineau, QC
  • Réjean Levasseur, Ottawa, ON
  • Céline Gagné, Gatineau, QC
  • Jean Levasseur, Québec, QC
  • Réjeanne Levasseur, N.D Prairies, QC
  • Pierre Courteau, ND Prairies, QC
  • Robert Halley, Wentworth, QC
  • Marthe Levasseur, Wentworth, QC
  • Nicole Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • Jacques Boisvert, Trois-Rivières, QC
  • J.-Pierre Levasseur, Québec, QC
  • Paule Truchon, Québec, QC
  • Joceline Levasseur, Québec, QC
  • Karen Levasseur, Ottawa, QC
  • Anrea Chick, Ottawa, QC
  • R. St-Arnaud, Québec, QC
  • Claude Levasseur, La Macasa, QC
  • Paul Levasseur, Sherbrooke, QC
  • Françoise Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • Jean-Guy Parr, Trois-Rivières, QC
  • François Dupuis, Québec, QC
  • Robert Longval, Trois-Rivières, QC
  • Louise Longval, Trois-Rivières, QC
  • Ginette Levasseur, St-Augustin, QC
  • Louis Brochu, St-Augustin , QC
  • Peggy Levasseur, Stratford, USA
  • Jacqueline Levasseur, Port-Orange, FL
  • Michel Levasseur, Sept-Iles, QC
  • P.A. Battaglia, Catonsville, MD
  • L. Whiterspoon, M. Beach, SC
  • W.R. Levasseur, Timonium, MD
  • W.R. Levasseur jr, Manchester, NH
  • Michele Levasseur, Baltimore, MD
  • Cara Levasseur, Baltimore, MD
  • Roxanne Levasseur, Cap-Rouge, QC
  • Fernand Levasseur, St-Maurice, QC
  • Irène Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • André Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • Joseph Levasseur, Manchester, NH
  • Rachel l’Heureux, Manchester, NH
  • Diane Lacroix, Navan, ON
  • Patrick Levasseur, Edmunston, NB
  • Marie-Noëlle Levasseur, Edmunston, NB
  • Andrée Levasseur, Lachine, QC
  • Pierre Turcotte, Lachine, QC
  • Pierre Levasseur, Orléans, ON
  • Marie Levasseur, Orléans. ON
  • Josée Levasseur, Québec, QC
  • Alain Lacroix, Vavan, ON
  • Murielle Levasseur, Navan, ON
  • Roger Levasseur, Ottawa, ON
  • Gilles Carmel , St-Charles-Borromée, QC
  • Nicole Durand, St-Charles-Borromée
  • Benoit St-Jean, Ottawa, ON
  • Sylvie Levasseur, Ottawa, QC
  • Madeleine Levasseur, Ottawa, ON
  • Levasseur, Ottawa, ON
  • M. Levasseur, Toronto, ON
  • Roland Levasseur, Toronto, ON
  • France Côté, Québec, QC
  • Simone C. Levasseur, Winn., MB
  • Robert Levasseur, Québec, QC
  • Edmée Levasseur, Toronto, ON
  • Pauline Gill, Verchères, QC
  • Je me joins à la pétition pour faire reconnaître l’apport de la Dre Irma Levasseur au développement de la condition féminine dans nos universités et à la création de deux hôpitaux et d’une école destinés aux enfants malades ou infirmes au Québec. Il serait juste que son travail soit reconnu, c’est notre histoire. Hélène Blanchette
  • J’appuie votre démarche, Lyse Nadeau
  • J’appuie par la présente la demande de reconnaissance de Irma Levasseur. Colette Binet
  • Nous demandons au gouvernement du Canada de reconnaître, par les moyens à sa disposition, la contribution exemplaire de cette pionnière de la médecine au Canada français et ainsi rectifier les injustices à son égard. Sylvie Gagnon, Radisson
  • J’appuie votre demande, suivant votre texte intégral. « Nous demandons au gouvernement du Canada de reconnaître, par les moyens à sa disposition, la contribution exemplaire de cette pionnière de la médecine au Canada français et ainsi rectifier les injustices à son égard.» » En 1948 je fus traité pour une pleurésie, à l’hôpital Ste. Justine. J’avais six ans et demeurais à l’orphelinat des soeurs italiennes 1207 St-André, Montréal. Les pionniers(ières) ne méritent pas de tomber dans l’oubli.Merci TOUT spécial à une ROMANCIÈRE dont l’EXCELLENCE ne peut être surpassée…Merci chère ÉCRIVAINE DAME Pauline GILL ainsi qu’à l’ équipe de recherchiste., Jacques Desharnais
  • Carmen Trottier, Longueuil, QC
  • C’est avec plaisir que j’appuie votre cause. Lucie Bellemare, Trois-Rivières, QC
  • C’est en lisant le livre sur la vie de Irma que je me suis aperçu l’amour qu’elle portait en elle. Mais pour finir comme ça c’est terrible. J’appuie le mouvement pour la reconnaissance du Dre Irma LeVasseur. Angéline Roy, Granby, QC
  • Une grande dame qui a beaucoup apporté à la cause des femmes à être admises à l’université et aux soins des enfants malades qu’elle chérissait tant.. Elle mérite toute la reconnaissance pour ce qu’elle a fait malgré que rien n’effacera la façon dont elle a été traitée à la fin de sa vie et l’oubli dans lequel elle est tombée et où on l’a laissé.. Comme pour les André Mathieu, Nelligan, etc. la devise de la province de Québec est bien Je me souviens… mais de qui…de quoi?. Espérons que la mémoire collective au moins de ceux qui les ont connus et aimés les garderont à jamais vivants. Ginette Gagnon, Québec, QC
  • Gisèle Bradley, Ste-Justine-de-Newton, QC
  • Violaine Lévesque, Saint-Romuald. Rendez hommage à cette pionnière afin de réparer les injustices commises à son endroit.
  • Marie-Andrée Ste-Croix, Cap-Chat, QC
  • Diane Levasseur, St-Honoré, QC
  • Faisca Richer, Montréal, QC
  • Quel courage de la part de cette femme !! Un être humain qui s’est démarqué. Et surtout à cette époque, comme elle a dû se  » battre  » .C’est un modèle pour le genre humain. Martyne Morin, L’Assomption
  • C’est une personnalité digne du Prix Nobel de la Paix ou de Médecine pour sa contribution à l’évolution de la Société. C’est une honte Nationale de constater le comportement inadéquat de l’Establishment Québécois du temps. Marie-Thérèse Martin, Montréal, QC
  • Quelle leçon de courage et de persévérance à une époque où les femmes n’avaient pas leur place, au Québec, pour pratiquer la médecine! Hélène Levasseur, Québec, QC
  • Lucie Rouillard, Gatineau. QC
  • Il faut que l’oeuvre de cette personne soit reconnue du public, dans les universités, cegeps, écoles, écoles de management, hôpitaux. Son oeuvre a eu un impact de nature internationale, c’est-à-dire l’hôpital Sainte-Justine, sa mission, ses réalisations, etc. Guy Brulotte, St-Placide, QC
  • Nancy Bolduc Chabot, Rockland, Ontario
  • Je viens de terminer le 3e tome de la biographie écrite par Pauline Gill. J’ai beaucoup aimé. J’espère que la pétition fera en sorte que les gens connaissent Irma Levasseur et toutes les choses qu’elle a accomplies. Johanne Doyle, La Prairie, QC..
  • Je suis heureuse d’apposer ma signature sur cette pétition. Je ne connais pas toute l’histoire du Dre LeVasseur et j’ai le goût de lire sur sa vie et son oeuvre. Bon succès! Lucie Wilson, Trois-Rivières, QC.
  • Cecile Martin Turner, Kingsport, TN,USA
  • Manon Péloquin, Saint-Lazare, QC
  • Félicitations pour cette belle initiative tout en vous souhaitant un succès retentissant pour la reconnaissance du Dre Irma Levasseur. Gisèle Brunet, Montréal, QC.
  • Richard Levasseur, Brossard, QC
  • Emmanuelle Couture, Québec, QC
  • C’était une grande femme au grand coeur qui mérite d’être connue!. Roxanne Lessard, Québec, QC
  • Ex-infirmière, je trouve incroyable que personne ne reconnaisse les mérites de cette extraordinaire personne qui a fait de sauver la vie de nos enfants une priorité !! Julie Grégoire, Chambly, QC
  • L’hôpital Sainte-Justine pour enfants (1964-1975) avec toute ma reconnaissance envers ce modèle de femme d’action. Luce Desaulnier, Montréal, QC
  • Mélanie Simard, Gatineau, QC
  • J’ai lu les livres de Pauline Gill et cela m’a touchée et j’ai beaucoup appris de ses oeuvres, et j’aimerais beaucoup qu’elle soit reconnue comme une pionnière. Sylvie Arsenault, Mirabel, QC.
  • Isabelle Bernard, Montréal, QC
  • Bravo à cette grande dame pour l’ensemble de son oeuvre! Elle avait un rêve et une passion pour sauver les enfants malades…Sa détermination et son courage sont un exemple pour toutes les femmes qui osent aller de l’avant…À une époque où le droit des femmes était absent , elle a lutté pour les futures générations. Nous devons reconnaître les réalisations de Mme Irma Levasseur…Nous devons enseigner à nos jeunes filles la détermination d’aller au bout de leurs aspirations. Nathalie Demers, Trois-Rivières, QC A.
  • St-Arnaud, Montréal, QC
  • Andréanne Lefort, Montréal, QC
  • Kathy Bolduc, Laval, QC
  • France Deschênes, Lachine, QC
  • Annie Blanchet, Jonquière, QC
  • Yves Miron, Boucherville, QC
  • Pascale Lauzière, Pont-Rouge, QC
  • Lynda Bruneau, Victoriaville, QC
  • Quelle femme extraordinaire! Merci Irma Levasseur.Yolande Laflamme-Foley, St-Hyacinthe, QC
  • Mon fils est décédé à Ste Justine malgré les soins exemplaires reçus dans cette institution.
  • Merci Dre. Irma LeVasseur. Claude Delorme, Laval, QC.
  • Aline Charpentier, Gatineau, QC
  • Fière employée de l’hôpital Ste-Justine. Karine Chapdelaine, Brossard, QC
  • Absolument révoltante la situation de la docteur Irma. Je suis à la lecture du volume 1, c’est très choquant. Je reconnais l’esprit de clocher de nous les Québécois. Ma belle-fille a aussi signé. Bonne chance. Francine Longval, Trois-Rivières, QC
  • Isabelle Clouâtre, Sherbrooke, QC
  • Jean-Marie Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • Je suis très fière de mon ancêtre et je veux que son apport à la société soit reconnu. Jacqueline Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • René Levasseur, Asbestos, QC
  • Merci pour tous ce que vous avez faites pour les gens en détresse dans votre temps. Nous apprécions énormément toutes les contributions faites pour notre peuple au nom de la moralité. Claude Levasseur. Gatineau. QC
  • Charlotte Levasseur, Gatineau, QC
  • Daniel Levasseur, Clair, NB
  • Daniel Levasseur, St-Gilles, QC
  • Jean-Pierre Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • Gaëlle Levasseur, Gatineau, QC
  • Chantal Levasseur, Ancienne-Lorette, QC
  • Lucie de la Sablonnière, Montréal-Nord, QC
  • QC Levasseur, Gatineau, QC
  • J’ai lu sur la vie de votre ancêtre Dre Irma Levasseur. C’est une femme qui a fait évoluer le Québec, pour que nous, les femmes d’aujourd’hui, ayons le droit de penser, d’agir et surtout d’avoir le droit de s’affirmer dans le domaine que nous aimons. C’est grâce à des femmes comme elle, que je suis la femme d’affaires d’aujourd’hui. Moi aussi, je dois me battre tous les jours dans ce monde d’hommes. Certes le clergé est moins puissant qu’avant, sauf que nous sommes toujours des femmes dans un monde d’hommes. La compassion semble souvent venir des femmes… J’ai encore la tristesse au coeur, d’avoir vu comment Mme Levasseur a été bafouée dans sa vie et tassée par ceux qui se sont approprié ses lauriers. Faites connaître cette femme !!! France Lapointe, St-Joachim de Shefford, QC
  • Virginie Huard, Repentigny, QC
  • Marguerite Périgny, Trois-Rivières, QC
  • Claire Vincelette, Magog, QC
  • Fanny Levasseur, St-Jean-sur-Richelieu, QC
  • Caroline Fortin, Pintendre, QC
  • Claudine Lemelin, l’Ange-Gardien
  • Claudine Paré, Québec
  • Carole Ricard-Benoît, Laprairie, QC
  • J’appuie la demande de reconnaissance pour le travail du Dre Irma Levasseur qui grâce à sa persévérance a permis d’avoir les deux hôpitaux spécialisés pour les soins auprès des enfants. Elle a contribué à sauver et aider bien des enfants. André Normand, L’Islet, QC
  • Richard Dagenais, Cornwall, ON
  • Elle a livré des combats qui nous permettent maintenant de décider de notre destin en toute liberté. Elle a défriché le chemin pour les autres femmes du Québec. Merci à toi Dre Irma Levasseur. Sandra Laliberté, Lachute, QC
  • SVP qu’on rende hommage à cette grande dame. Sandra Campagna, St-Henri-de-Léis, QC
  • Il est plus que temps qu’on répare les injustices qui ont été commises à l’égard de cette femme exceptionnelle. Francine Samson, Shawinigan, QC
  • Je terminerai sous peu la lecture des romans biographiques de Mme Pauline Gill. Je suis reconnaissante à cette écrivaine de m’avoir fait connaître la vie de cette femme de coeur qu’était la Dre Irma Levasseur. Je crois qu’il serait grand temps qu’elle soit reconnue et c’est pourquoi j’appuie avec plaisir ce mouvement de reconnaissance à son égard. Elle est un exemple à suivre et une source d’inspiration pour toutes les femmes, ne serait-ce que par son courage et sa détermination. Nicole St-Martin, Granby, QC
  • Pierre Landry, Québec, QC
  • Merci Mme LeVasseur d’avoir foncé, d’avoir cru à la capacité des femmes. Il faut continuer … la partie n’est jamais gagnée! Carole Lafrance, Montréal, QC
  • Triste fin pour une grande dame qui a donné sa vie pour les enfants pauvres. Hélène Hamelin, Trois-Rivières, QC
  • La Dre Irma Levasseur est une femme qui a fait avancer les choses. Audrey Levasseur, Québec, QC
  • Quelle femme remarquable. Elle est un symbole de persévérance et de générosité. Sylvie Lecavalier Ste-Thérèse, QC
  • C’est avec plaisir que je me joins à cette pétition. La déception de voir une grande dame qui a tout donné dans ce Québec qui se dit ouvert. Vous avez omis de la reconnaître. C’est vraiment déplorable. Bravo à cette femme qui a su ouvrir la voie malgré toutes les difficultés. Merci. Johanne Lavoie, Alma, QC
  • Quelle femme formidable! Sylvie Hénault, Rosemère, QC
  • Je viens de découvrir cette femme médecin. Quelle personne admirable et quelle vie inspirante ! Cécile Dostie, Québec, QC
  • Mélina, Laval, QC
  • Francine Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • Lise Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • France Levasseur, Trois-Rivières, QC
  • Quelle carrière à cette époque! Lisette Levasseur, Montréal, QC
  • Jeanne-Mance Levasseur, Matane, QC
  • Robert Coulombe, St-Nicolas, QC
  • Catherine Bolduc, St-Bruno, QC
  • Un devoir de reconnaissance et de mémoire incombe à toutes nos institutions au Québec et au Canada. Amadou Diallo, Brossard, QC
  • Liza Henry, Laval, QC
  • C’est une question d’honnêteté que de reconnaître le vrai rôle de cette femme extraordinaire. J’espère que l’on mentionne son nom dans l’espace de l’hôpital Sainte-Justine. Pourquoi la nouvelle construction ne porterait- elle pas le nom de Pavillon-Irma-Levasseur? Gérard Bellefeuille, Richelieu, QC
  • J’ai lu les livres de l’écrivaine Gill sur Mme Le Vasseur. Ma mère qui a 90 ans aujourd’hui, Lépine de son nom de fille, se souvient de son nom. Ma mere est originaire de St-Roch et Limoilou. La Dr. Le Vasseur devrait avoir une statue proéminente dans la ville de Quebec. Sa biographie m’a grandement marqué. Serge Tremblay, Guelph, On
  • Ève Levasseur, La Tuque, QC
  • Lynn Stuart, Sillery, QC
  • Cet article pourrait vous intéresser : http://quebec.huffingtonpost.ca/jacques-beaulieu/portrait-de-medecin-irma-levasseur-ste-justine-enfant-jesus_b_8206558.htmlJacques Beaulieu – Jacques Beaulieu, Montréal, QC
  • Quelle femme formidable fut Irma Levasseur. Nous lui devons reconnaissance pour l’ensemble de son oeuvre. Claudine Guy, Québec, QC
  • André Dionne, Candiac, QC
  • Elle mérite une reconnaissance mondiale. André Troy, Montréal, QC
  • Pour réparer l’injustice… Lucie Bonin, Bon-Conseil, QC
  • J’appuie le mouvement pour la reconnaissance du Dre Irma LeVasseur. Johan Levasseur, Montréal, QC
  • Johanne Labonté, Terrebonne, QC
  • Ghislaine Taillon, Maniwaki, QC
  • Josée Lalonde, Châteauguay, QC
  • Les femmes pionnières sont très souvent condamnées à l’obscurité. Ces femmes de caractère et de courage comme Irma LeVasseur méritent au moins que nous les reconnaissions et que les futures générations puissent connaître leurs exploits. Il me semble que c’est la moindre des choses.. Linda Horne, Boucherville, QC
  • J’appuie votre démarche. Combien de femmes dans divers domaines sont restées dans l’ombre ,à travers l’histoire. Bravo pour sa détermina- tion à devenir médecin et à fonder 2 hôpitaux, malgré les embuches! Pionnière des services socio-sanitaires et de la condition féminine. Joanne Trudel, Anjou, QC
  • Karine Perron, Montréal, QC
  • Josée de la Sablonnière, Laval, QC
  • Do not forget to add recent sculpture erected to represent her three causes, l’Hôpital St Justine, l’Hôpital Enfant Jesus and l’Ecole Cardinale Villeneuve erected near l’Hôpital l’Enfant Jesus and the CLSC situated on the corner of Chemin de la Canardière and Henri-Bourassa. Frederic Wilson, Quebec City, QC
  • She lived at 85 rue de l’Artillerie, Lévis at this time. Not so. Rue de l’Artillerie disappeared from Quebec maps with the construction of the Convention center (centre du congres) A nurse Therese ??? Who was taking care of Irma at the time confirmed how lucid she was and that speculation for her land may have played a role in her legal problems. Food for thought. Marie-Lise Wilson, Quebec City, QC
  • Oui, vraiment j’appuie cette démarche pour Dr Irma LeVasseur cette femme remarquable, dévouée et pionnière. Francine Gagnon, Montréal, QC
  • Une grande dame courageuse qui a toute mon admiration ! Stéphanie Léonard, Mirabel, QC
  • Dre Irma LeVasseur, quelle femme exceptionnelle! C’est très injuste que son travail n’est pas été reconnu de son vivant! Merci à Mme Pauline Gill de nous l’avoir fait connaître par ses livres! Que justice soit faite!! Manon Brousseau, Rivière-du-Loup, QC
  • Sylvie Noël, Alma, QC
  • Une Dame remarquable. Patricia Lecompte, Salaberry-de-Valleyfield, QC
  • Julie Lalonde, Granby, QC
  • Il serait plus temps que de faire reconnaitre le grand talent et la grande générosité de cette grande dame du début du siècle, qui malheureusement ne fut jamais reconnue. Elle traversa en Europe après avoir manqué le départ du bateau Lucitania pour être arrivée en retard. Cette petite anecdote me vient de mère, dont le frère le Dr Avila Watters traversait avec elle pour se rendre en Serbie, celui-ci devait mourrir après son retour à New-York. Enfin que quelqu’un fasse revivre le grand travail et le grand coeur de cette grande incomprise est un souhait que je rêve de voir se réaliser. Lucie Gagnon, Saint-Césaire, QC
  • Martine Henley, Gatineau, QC
  • Fanny Levasseur, Saint-Jean-sur-le-Richelieu, QC
  • Martine Darise, Saint-Roch, QC
  • Nicole Moisan, Québec, QC
  • Élyse Foley, Trois-Rivières, QC
  • J’ai lu les 3 livres sur la vie du Dre. Irma Levasseur par Pauline Gill. Je remercie cette dernière de m’avoir fait connaître la Dre. Irma Levasseur en qui je voue une très grande admiration. Le Dre. Irma a tout sacrifié pour l’amour des enfants malades. Merci Dre. Irma Levasseur. Yolande Larrivée, Anjou, QC
  • Huguette Fiset, Deux-Montagnes, QC
  • Francine Levasseur, Matane, QC
  • Louise Levasseur, Rimouski, QC
  • André Levasseur. Saint-Étienne-des-Grès, QC
  • J’ ai lu les exploits de cette grande docteure, avec Pauline Gill. Madeleine P. Toulouse, Rosemère, QC
  • J’admire cette grande Dame qui a travaillé toute sa vie à la réalisation d’un rêve. Je souhaite qu’elle soit reconnu par notre gouvernement comme pionnière de la médecine au Canada français. Pauline Carmel, Bolton-est, Qc
  • Bruno Bézier, Sainte-Anne-des-Monts, Qc
  • Hélène Levasseur, Québec, Qc
  • Étant un travailleur de l’hôpital St-François d’Assise depuis 43 ans, employé du CHU de Québec-Université Laval, maintenant, dont fait partie l’Enfant Jésus, j’aimerais bien qu’Irma soit connue de toutes et tous,en particulier ici au CHU. Claude Moreau, Québec, Qc
  • Si un mot plus fort que « courage » existe, on doit le donner à la Dre Irma LeVasseur! Incroyable tout ce qu’elle a dû vivre alors qu’elle se battait pour une cause tellement noble: celle des enfants. Honteux de constater sa triste fin de vie en plus de tout ce qu’elle a subi. Il serait impératif qu’à tout le moins, elle soit reconnue de façon notable. Merci. Nicole Ménard, Montréal.

    J'appuie la demande de reconnaissance de la Dre Irma LeVasseur.



    Références utiles (en cours de mise à jour)


    Ces liens ont été regroupé par thèmes et mènent à des sites externes. Une simple recherche sur Google ou Wikipedia généreront des dizaines de références. Nous pensons avoir réuni les principales références sur Irma LeVasseur. Ces liens ont été vérifiés le 2 janvier 2024.

    Documents audio ou audio-vidéo

    (liens vérifiés le 7 janvier 2024)


    Les Enfants de la Télé – Radio-Canada

    Documents sur YouTube (liens vérifiés le 2024/01/06)

    Ici Radio-Canada

    Articles, sites Web

    (liens vérifiés le 7 janvier 2024)


    Wikipedia – L’encyclopédie libre

    Femmes médecins d’exception – Le prix Irma-LeVasseur

    • Le Prix Irma-Levasseur vise à reconnaître les qualités de leadership ou de gestion d’une femme médecin d’expérience ayant gravi les plus hauts échelons du milieu médical.

    L’Encyclopédie canadienne

    CHU Sainte-Justine

    L’Actualité (2008/11/03)

    Action Catholique (1950/06/01)

    Site Web l’Association des Levasseur (1991/07/01)

    Site Medarus

    Blogue du Centre des sciences de Montréal,‎

    Québec-Science, juin 2007